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100 Villes, 100 Jours : Souk El Arbaa

Abdelilah M.  

Nous voulons des usines pour plus de stabilité et pour avoir de quoi nourrir nos enfants. Ici, à part le souk qui marche bien et un peu d’agriculture dans les régions avoisinantes, il n’y a pas de véritables possibilités d’emploi à Souk El Arbaa. Il y a quelques usines de fraises mais à 30 ou 40 km vers Moulay Bousselham et qui embauchent uniquement les femmes. Il vaut mieux que je n’aborde pas le domaine de la santé, parce que je n’en finirai pas ! A titre d’exemple, quand une femme veut accoucher, il faut qu’elle aille à Kenitra. Directement! Ici personne ne la prendra en charge. Et je ne vous parle pas de quelque chose qu’on m’a raconté, je parle de vécu ! Quand j’ai amené ma propre épouse à l’hôpital on m’a demandé d’aller à Kenitra. Et j’ai dû le faire. Si quelqu’un a une fracture, eh bien c’est pareil ! Même pour faire une radio, on nous dit que la machine est en panne. Toujours en panne ! Sauf si tu as une connaissance qui peut te faire une petite faveur. A l’hôpital Zoubir Skirej, le manque de médecins est frappant. Le pédiatre, inexistant ! Alors le seul choix qu’on te laisse c’est d’aller à la clinique, et celui qui n’a pas les moyens, il ne lui reste qu’ à prier Dieu. Le phénomène de l’abandon scolaire est fréquent ici  à cause de l’encombrement et du manque de moyens de transport. Beaucoup de parents ont peur de laisser leurs filles faire le trajet de l’école toutes seules alors ils finissent par les déscolariser. Il faut dire que le problème du transport public est global. Dans les années 90, nous avions quelques bus, mais aujourd’hui il y a peut-être 4 taxis et des triporteurs. Le triporteur est le moyen de transport qui domine mais malheureusement en termes de sécurité, c’est une catastrophe. Ces engins sont tout le temps surchargés de passagers alors inévitablement le jour où il y a un accident, c’est tragique ! A Souk El Arbaâ, les gens n’ont pas d’espaces pour sortir avec leurs enfants, contrairement à Kénitra où les mamans peuvent aller dans un jardin public et offrir un moment agréable à leurs petits. Alors ici, lorsqu’on veut sortir, on va au souk, on fait le tour, on achète quelques légumes et on revient à la maison. C’est tout !  Même s’il y a une maison des jeunes, elle est à l’extrémité de la ville et personne n’y va. C’est le même problème encore, les parents n’osent pas laisser leurs enfants aller jusqu’à là bas. Et puis, on n’y trouve pas de vrais animateurs qui proposent des programmes réguliers et intéressants aux jeunes.  

Faire progresser la santé et l’industrie  

Avec ses 600 participants, l’étape de Souk El Arbaa a été l’un des moments forts de la caravane des Indépendants. Les habitants ont beaucoup de fierté pour leur ville, qu’ils jugent favorablement, avec beaucoup de solidarité entre les gens. Cependant, tous considèrent qu’elle a besoin de progresser à différents niveaux.

Du point de vue économique, Souk El Arbaa compte principalement sur l’agriculture, que ce soit les fruits rouges ou l’élevage. Mais cela n’est pas suffisant pour donner du travail à chacun et il existe une forte demande pour une zone industrielle qui accueillerait des entreprises d’agroalimentaire pour l’emballage et la transformation des produits locaux.

La question du transport des travailleurs se pose avec acuité afin de permettre aux habitants de travailler dans les cultures de la région. Plus largement, la ville gagnerait à améliorer ses infrastructures : les routes et le réseau d’assainissement sont critiqués par les participants.

La santé a été au centre des discussions durant la réunion. Les équipements et le personnel médical sont en nombre insuffisant et les patients sont très souvent obligés de quitter la ville, pour être soignés à Kénitra par exemple. En l’absence d’ambulances, cette situation est très inquiétante. Même difficulté avec le manque de sages-femmes, qui oblige les femmes à de longs déplacements. Par ailleurs, les dysfonctionnements administratifs et le manque de considération pour les bénéficiaires du Ramed sont également dénoncés par les participants.

Enfin, la situation des jeunes préoccupe beaucoup les citoyens. La formation professionnelle n’est pas à la hauteur des attentes locales, tandis que les écoles connaissent de grandes difficultés pour fonctionner correctement. Ainsi, l’abandon scolaire est très fréquent et peu de solutions s’offrent aux jeunes de Souk El Arbaa du Gharb.

Proposition des citoyens

  • Faciliter l’accès à l’hôpital local et mettre à disposition un nombre suffisant de personnel médical et d’équipements, en particulier un IRM ;
  • Fournir des médicaments, en particulier ceux liés aux maladies chroniques et coûteuses, améliorer la qualité des services, traiter les patients avec professionnalisme et assurer le suivi des cas difficiles ; 
  • Étendre la couverture médicale des détendeurs de la carte Ramed ;
  • Augmenter le nombre de salles de classes, améliorer l’infrastructure dégradée des écoles et mettre en place un service de transport scolaire au profit des quartiers périphériques ;
  • Lutter contre l’abandon scolaire, encourager la scolarité des jeunes filles et imposer la scolarité obligatoire au moins jusqu’à l’âge de 15 ans ;
  • Créer une annexe universitaire et encourager les jeunes diplômés à l’auto-entreprenariat ;
  • Attirer les entreprises de l’industrie agroalimentaire afin de valoriser les produits locaux ;
  • Mettre en place des espaces pour le sport, des terrains de proximité et des piscines au profit des jeunes et très jeunes ;
  • Améliorer l’infrastructure afin d’assurer l’accès à l’eau potable et l’électricité pour tous, rénover les routes et mettre en place des jardins publics et des espaces verts.

100 Villes, 100 Jours : Inzegane

Meriem B.  

Le problème majeur ici c’est l’emploi ! Les jeunes souffrent ! J’ai une licence en biologie et j’ai effectué plusieurs stages mais je n’arrive pas à trouver du travail. Il y a des personnes qui ont des masters et n’arrivent pas à en trouver non plus. Parfois, on peut tomber sur une personne qui a une licence en économie et qui étale n’importe quelle marchandise dans la rue pour pouvoir se nourrir. Les atouts ne manquent pas dans cette ville, mais ils ne sont pas bien exploités. Inezgane est un point de liaison entre le nord et le sud du pays. Ce qui remonte du Sahara et ce qui vient des villes du nord… Tout passe par là ! C’est pour ça qu’il y a au moins une bonne activité commerciale. Nous avons également l’un des plus grands marchés de gros de fruits et légumes au Maroc. Mais ceci reste insuffisant. Il faut d’autres projets et attirer d’autres investisseurs. Je pense que maintenant c’est faisable avec le projet de construction de la ligne ferroviaire entre Marrakech et Agadir. Il y a d’autres choses qui font plaisir, comme la plateforme d’écoute et d’orientation des jeunes que Sa Majesté vient d’inaugurer. Je pense que ce sera d’une grande aide pour les chercheurs d’emploi ou ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat. Parce que même lorsqu’on est chômeur, il faut continuer à bouger, à se former, à constituer un réseau et ce genre d’espaces peut donc beaucoup aider. Nous avons également le problème de la gare routière. Pour beaucoup de gens qui viennent d’ailleurs, cet endroit représente leur premier contact avec la ville. Et malheureusement cette gare a été négligée au point d’être dans un état catastrophique aujourd’hui. Tellement de pagaille et d’ordures autour qu’on n’ose pas trop passer à côté. L’autre point noir que je veux évoquer, c’est la santé. J’ai passé un stage à l’hôpital et j’ai pu le constater de mes yeux. Les patients ne trouvent pas où dormir. C’est tout de même un hôpital provincial et parfois on peut trouver deux patients sur le même lit ! Chacun d’un côté ! Comment trouver du repos comme ça ? Si on a mal, on ne peut même pas se retourner! Pour moi, les établissements de santé doivent être la priorité des responsables.  

Améliorer les infrastructures et encourager la création d’emploi  

Pour sa 31e étape, la caravane des Indépendants est arrivée à Inezgane, où l’attendaient 300 citoyens venus échanger sur l’avenir de leur ville. Si la cité amazighe rayonne toujours autant sur le plan commercial et grâce à son patrimoine culturel, ses habitants regrettent de ne pas en profiter pleinement. Forte de sa position géographique et de son important réseau de transport, Inezgane rêve d’un destin plus grand.

Les participants rappellent que la ville est depuis longtemps le carrefour commercial de la région. Avec ses nombreux souks, elle est une véritable plaque tournante du commerce marocain, voire africain. Pourtant, Inezgane connaît un taux de chômage en contradiction avec son potentiel et la pauvreté s’est largement installée dans ses rues. L’industrie est peu développée et les habitants, fiers de leur marché de gros, attendent plus de la transformation des produits agricoles.

La ville est décrite comme difficile à vivre, avec une circulation souvent encombrée, des routes en mauvais état et trop peu d’espaces verts. Plus généralement, ce sont les infrastructures qui sont critiquées, notamment en ce qui concerne l’eau, l’assainissement et l’électricité.

Les équipements hospitaliers sont également visés par les habitants. Selon eux, l’hôpital provincial est indigne d’un établissement de santé de ce rang. Le manque d’équipements et les dysfonctionnements liés au clientélisme sont insupportables et tous en font une priorité.

Enfin, le secteur de l’éducation n’est pas épargné. Les écoles ne sont pas assez nombreuses pour accueillir convenablement les élèves et les enseignants semblent totalement dépassés par la situation. L’absence de moyens paraît insurmontable. Dans ces conditions, et sans transport organisé, le taux d’abandon scolaire reste très élevé à Inezgane.

Propositions des citoyens:

  • Faciliter l’accès à l’assurance pour les  commerçants afin qu’ils puissent sécuriser leur activité en cas d’incendies dans les marchés ou d’accidents de la route lors du transport de marchandises ;
  • Réglementer le commerce informel en créant des marchés locaux ;
  • Fournir une couverture santé aux commerçants et aux travailleurs du secteur informel en général ;
  • Agrandir le centre d’hémodialyse et la maternité afin de répondre aux besoins des habitants ;
  • Diversifier l’offre de santé, ajouter de nouvelles spécialités et fournir les hôpitaux et les dispensaires de proximité en médicaments, équipements et ambulances et cadres médicaux ;
  • Accélérer la mise en place d’un centre d’addictologie et de centres pour personnes en situation de handicap ;
  • Activer le programme Ramed pour qu’il fonctionne à pleine capacité ;
  • Réhabiliter les écoles publiques, améliorer les programmes éducatifs et assurer le transport scolaire des élèves ;
  • Appliquer l’enseignement primaire universel et obligatoire, en particulier pour les filles dans les quartiers périphériques de la ville ;
  • Rendre le statut et la dignité des enseignants en leur offrant des formations continues.
  • 100 يوم 100 مدينة : خلاصات محطة إنزكان

100 Villes, 100 Jours : Tiznit

Saâdiya A.  

On ne peut pas juste peindre les murs et se dire que tout va bien. Beaucoup de choses ont régressé à Tiznit, et d’autres avancent avec une lenteur déconcertante. Pendant la rencontre, nous avons dit que nos priorités sont la santé, l’emploi et l’enseignement juste parce qu’il fallait prioriser, mais sinon nous avons des problèmes qui touchent tous les aspects de la vie quotidienne. On se réveille à 6h du matin pour aller à l’hôpital et une fois arrivés, le seul interlocuteur est l’agent de sécurité. Pourquoi on ne peut pas avoir en face un infirmier, un médecin, un vrai bureau d’accueil ? Pourquoi sommes-nous reçus par un agent qui ne doit pas assurer cette fonction et qui se comporte de manière odieuse? Pourquoi faut-il nécessairement avoir un piston pour avoir droit aux soins ? Nous avons les bâtiments qu’il faut, un corps médical, mais nous n’avons pas de considération pour le citoyen ! On prie Dieu pour ne pas tomber malade. Pas parce que nous avons peur de la maladie, mais parce que nous avons peur de l’hôpital ! On prie pour ne pas tomber entre les mains d’un médecin qui ne va pas nous donner toute l’attention qu’il faut. Le fameux adage “Mieux vaut prévenir que guérir” prend tout son sens chez nous ! A Tiznit, il y a un peu de tourisme et d’artisanat, en particulier les bijoux en argent, mais ça reste insuffisant pour avoir des opportunités de travail pour tout le monde. Et lorsqu’on n’a pas une source de revenus qui garantit une certaine dignité, on ne peut pas apprécier le goût de la vie. Pourtant, il y a une chose qui fait chaud au cœur. Ce sont les coopératives. De tout genre : agricoles, touristiques, ou encore des coopératives de sensibilisation. Je suis proche de certaines coopératives féminines et je suis heureuse de voir à quel point elles sont solidaires. Elles défendent leurs projets et se battent pour trouver du soutien avec une persévérance qui les aide à surmonter les contraintes. Et les citoyens jouent le jeu de leur côté et les encouragent en privilégiant leurs produits. Il faut dire aussi que c’est parce qu’ils sont sûrs de leur qualité ! Je pense que c’est ça la solution finalement. Tout le monde doit participer au changement. Désormais, il n’est plus possible de rester assis sur le banc de touche et distribuer les remarques et les plaintes. C’est bien de commenter sur les réseaux sociaux mais à un moment, il faut passer à l’action. Les jeunes doivent aller vers les centres de formations, se faire encadrer par les partis politiques, pour faire partie de la dynamique du changement. Si on passe son temps à parler sans faire le moindre pas en avant, il ne faut pas s’étonner après de voir qu’on n’a pas progressé !  

Lancer la nouvelle zone industrielle et entretenir l’hôpital   

Ville incontournable sur la route du grand Sud marocain, Tiznit fut la 23e étape de la caravane des Indépendants. Très intéressés par l’initiative, plus de 550 habitants sont venus discuter du présent, mais aussi du futur de leur commune.

Les participants ne tarissent pas d’éloges sur l’histoire de la ville et sa forte identité amazighe, qu’ils espèrent voir rejaillir dans leur quotidien et créer de la valeur. Il est important pour eux de valoriser le patrimoine culturel, ainsi que l’artisanat, dont ils sont très fiers, afin de développer le tourisme et le commerce.

Tiznit peut en effet exploiter davantage ses ressources locales, telles que le travail de l’argent ou encore l’éco-tourisme responsable. Car, jusqu’à présent, l’activité est faible et Tiznit est de plus en plus marginalisée. Avec un taux de chômage en augmentation et très peu de projets en cours, la population s’inquiète et la jeunesse tend à émigrer pour trouver du travail. Annoncée, la nouvelle zone industrielle tarde à se concrétiser. Les habitants espèrent que ce projet et celui de la voie express Tiznit-Dakhla vont relancer la ville et la positionner comme la porte de l’Anti-Atlas.

Beaucoup de critiques sont liées aux infrastructures, à commencer par celles de la santé. Les habitants estiment que l’hôpital de la commune est mal exploité et peu entretenu, en raison du manque de personnel, mais aussi de sa mauvaise gestion. Le service de maternité, par exemple, n’est que peu opérationnel. Le favoritisme dans le traitement des patients rend les consultations complexes pour les citoyens, et plus difficiles encore pour les bénéficiaires du Ramed qui sont souvent négligés.

Les établissements scolaires sont eux aussi visés par les participants : les équipements apparaissent insuffisants pour les élèves et les enseignants sont fréquemment absents. De plus, peu de moyens de transport permettent de se rendre dans les écoles, freinant la scolarisation des enfants qui vivent dans des zones éloignées. Enfin, les habitants regrettent le manque de formations supérieures, qui ne laisse d’autres choix aux étudiants que de quitter la ville ou d’abandonner leurs études.

Propositions des citoyens:

  • Améliorer les services de l’hôpital provincial en s’attaquant au problème des rendez-vous trop éloignés et en activant le système Ramed pour qu’il fonctionne à pleine capacité ;
  • Mettre en place plus de dispensaires de santé, de personnel médical et d’ambulances ;
  • Agrandir l’hôpital provincial de Tiznit et mettre en place de nouveaux services de spécialités en les équipant du matériel nécessaire ;
  • Mettre à niveau le service de maternité et renforcer ses effectifs en personnel médical ;
  • Créer de nouvelles classes et établissements scolaires et assurer le transport des élèves ;
  • Généraliser l’accès au programme Tayssir en particulier dans les quartiers périphériques ;
  • Créer une annexe de l’université Ibn Zhor et des instituts supérieurs et généraliser l’octroi de bourses universitaires ;
  • Accompagner et encadrer les jeunes chômeurs pour leur permettre d’entrer sur le marché du travail et développer les institutions spécialisées telles que l’ANAPEC ;
  • Trouver rapidement une solution aux problèmes que connaît la zone industrielle et s’ouvrir sur l’industrie et l’offshoring de services ;
  • Créer des marchés de proximité dans la plupart des quartiers de la ville ;
  • Aider, encourager et subventionner l’artisanat en particulier l’orfèvrerie.
  • 100 يوم 100 مدينة : خلاصات محطة تيزنيت

100 Villes, 100 Jours : Ouislane

Jawad A.

“La ville de Ouislane dispose de ressources financières importantes mais la population n’en bénéficie pas. Nous déplorons les problèmes d’éclairage public et des routes dégradées. Les jardins publics sont inexistants. Et puis pourquoi nous n’avons pas d’annexe universitaire qui permettrait d’éviter aux étudiants de parcourir chaque matin 15 km pour aller étudier ? Pourquoi nous n’avons pas plus de spécialités au niveau du centre de formation professionnelle ? Non seulement la population de Ouislane en bénéficiera mais également celles de Sbaâ Ayoun, Lamhaya, Taoujtat et Bouderbala. Pourquoi toutes ces populations doivent-elles aller jusqu’à Meknès? Pareil pour la santé. Il n’y a ni hôpital digne de ce nom ni maternité et les populations de toutes les zones que j’ai citées doivent encore une fois aller à Meknès. C’est fastidieux, coûteux et surtout dangereux. Des vies humaines sont perdues sur le trajet qui nous sépare de Meknès ! 

De plus, il n’y a pas un jour qui passe sans qu’il n’y ait un accident de la circulation sur la route qui lie Ouislane et Meknès. Les virages sont dangereux et les automobilistes ne respectent pas la limitation de vitesse. Pour y remédier, pourquoi on ne construit pas un pont comme celui entre Salé et Rabat ?

Je me demande aussi pourquoi on n’a pas une école où chacun paierait en fonction de sa situation matérielle, au lieu d’avoir un système à deux vitesses. Maintenant il y a une disparité énorme entre les différentes classes sociales pour un service qui doit être proposé à tous les citoyens et avec la même qualité.

Je constate qu’il n’y a pas suffisamment d’efforts déployés pour moderniser Ouislane et en faire une vraie ville à l’image des autres. Plusieurs infrastructures manquent à notre cité et nous nous trouvons souvent obligés d’aller jusqu’à Hamria à Meknès.

Les jeunes n’ont pas de travail. Ils sont désoeuvrés ! Pour être tout à fait franc, je dirai que la société civile ne joue pas son rôle non plus. On ne peut pas tout mettre sur le dos des autorités. Nous sommes dans le même bateau, ça veut dire que les citoyens aussi doivent assumer leurs responsabilités. Malheureusement, même les intellectuels ne jouent pas leur rôle en termes d’encadrement et de propositions d’idées pour améliorer la gestion des affaires publiques.”


Rénover la ville et créer des centres médicaux


Marquée par la présence d’un millier de personnes, la réunion publique de Ouislane a constitué un évènement majeur de l’initiative 100 Villes, 100 Jours. Ainsi, les nombreux participants ont longuement débattu des atouts et des faiblesses de leur ville, que tous voudraient voir plus active.

Grâce à son emplacement en bord de fleuve, Ouislane est proche de terres agricoles fertiles qui lui offrent un fort potentiel économique. De plus, elle possède un patrimoine historique important, susceptible d’être mis en valeur pour des fins touristiques. Mais ces avantages ne sont pas exploités car, selon les habitants, les infrastructures sont défaillantes : routes mal entretenues, manque de transports en commun, éclairage insuffisant, etc.

La ville attire en effet peu d’investisseurs et le taux de chômage dépasse les 20%. Les participants expliquent que le coût de la vie est relativement élevé et que l’activité économique est au ralenti depuis longtemps. De plus, les jeunes ne trouvent pas d’opportunités et, faute d’offre de formation professionnelle, sont tentés de partir. Beaucoup ne peuvent pas étudier, et certains abandonnent l’école très tôt, car les établissements scolaires n’ont pas la capacité d’accueillir tous les élèves dans de bonnes conditions.

Enfin, la santé représente l’autre grand point noir de Ouislane. Les centres médicaux sont trop peu nombreux et l’hôpital manque de personnel pour fonctionner convenablement. En l’absence de plusieurs spécialités, les habitants sont souvent obligés d’aller à Meknès, alors même que le trajet peut s’avérer risqué. Par ailleurs, plusieurs critiques sont formulées à l’encontre des services médicaux, considérés comme peu professionnels et ne respectant pas les bénéficiaires du Ramed.

Propositions des citoyens:

  • Ouvrir des spécialités au sein l’hôpital avec un service moderne de maternité et construire de nouveaux dispensaires de proximité, afin de limiter l’encombrement et d’améliorer l’offre médicale ;
  • Réduire le nombre d’élèves dans les salles de classes en construisant de nouveaux établissements d’enseignement afin de suivre le rythme de l’évolution démographique de la ville et assurer un service de transport pour les élèves qui vivent loin des établissements scolaires ;
  • Créer une annexe universitaire et des instituts supérieurs afin de rapprocher l’offre d’études supérieurs des étudiants de la ville ;
  • Aménager une zone industrielle et développer une stratégie économique pour la ville en s’ouvrant aux métiers de l’industrie et aux zones franches (« offshore ») ;
  • Trouver une solution aux marchands ambulants en créant des centres commerciaux de proximité ;
  • Créer des espaces pour les retraités ;
  • Construire des terrains de proximité et des centres culturels et artistiques ;
  • Etendre et renforcer l’éclairage public dans tous les quartiers de la ville ;
  • Améliorer l’état des routes dans la ville et la route reliant Ouislane à Meknès.

100 Villes, 100 Jours : Azemour

Mourad G.  

Nous n’avons pas d’infrastructures publiques à la hauteur, comme les espaces verts, les parcs pour enfants ou encore les terrains de proximité. Nous avions un jardin où nous sortions souvent sur l’avenue Mohammed V, mais il a été rasé. Les terrains de proximité ont subi le même sort, le dernier en date est celui qui est en face de l’hôpital vers le quartier Oum Errabii. Et quand ils aménagent un coin, ça coûte énormément sans que le résultat ne soit satisfaisant. La ville connaît aussi un gros problème depuis que les eaux usées commencent à être déversées du côté de l’Oued Oum Errabii. Une catastrophe environnementale ! Dernièrement on a trouvé un tas de poissons morts. Ça fait mal au cœur. Les opportunités de travail sont rares ici. Beaucoup essaient d’en trouver dans le quartier industriel d’El Jadida alors qu’il n’arrive même pas à absorber la demande des locaux. Il faut également trouver des terrains alternatifs pour les marchés hebdomadaires.”Souk Tlat” était très actif mais ils l’ont déplacé une fois qu’ils ont vendu le terrain pour en faire un projet immobilier. Et le terrain proposé pose également des problèmes et les marchands ont été obligés de l’évacuer. Pareil pour “Souk Laghzal ».  En ce qui concerne le secteur de la santé, nous avons bien un hôpital mais nous n’avons toujours pas de santé. L’hôpital est encore neuf mais il manque d’équipements. Et le sens du service est inexistant. Sur les murs on voit des pancartes de lutte contre la corruption mais il n’y a personne pour lutter. Même une femme sur le point d’accoucher est parfois contrainte de négocier combien elle doit payer pour être prise en charge. Évidemment il ne faut pas généraliser. Le tourisme se portait déjà mal, mais là c’est encore pire. Je ne comprends pas pourquoi on fait des travaux dans la ville pendant l’été. On creuse partout alors les gens préfèrent passer leurs vacances ailleurs. Et puis nous n’avons ni animation culturelle, ni manifestation sportive, ni rien. Azemmour est parmi les plus anciennes villes du Maroc, avec une histoire et un patrimoine qui ne sont malheureusement pas exploités.  

Exploiter enfin les atouts de la ville et développer le secteur médical  

Fin novembre 2019, les habitants d’Azemmour avaient rendez-vous avec les Indépendants, à l’occasion de la sixième étape de l’initiative 100 Villes, 100 Jours. Ce sont ainsi 400 participants qui ont pris part à cette rencontre, pour souligner notamment le potentiel économique, patrimonial et touristique inexploité de leur commune. D’après eux, cette ville, chargée d’histoire et située à proximité de plusieurs lieux touristiques, est délaissée et souffre d’une image dégradée.

Pour commencer, les citoyens déplorent l’état du secteur de la santé, que le nouvel hôpital n’a pas amélioré. Les équipements et le personnel sont très insuffisants et certains avancent de faibles niveaux de densité médicale et paRamedicale dans la ville d’Azemmour et dans toute la province. De plus, la gestion est très critiquée, avec des allégations nombreuses de mauvaise gestion et la dénonciation de faits de négligence des personnes détenant une carte Ramed. Il faut donc souvent aller se faire soigner ailleurs, mais les ambulances sont rares elles aussi.

Le sentiment de négligence est également fort au niveau économique. En dépit d’atouts touristiques et patrimoniaux indiscutables, avec sa magnifique médina ou le site d’Oued Oum Errabii, Azemmour ne bénéficie pas de dynamique d’activité suffisante. Pire encore, des édifices historiques, tels que la citadelle portugaise, la Capitainerie ou les Borjs, ne sont pas entretenus correctement.

Par ailleurs, la commune ne dispose pas de zone industrielle, ce qui ne facilite pas l’installation des entreprises et la création d’emplois. Le chômage reste donc élevé. Pourtant, comme l’expliquent des participants, les projets autour du tourisme ou de l’artisanat ne manquent pas : développer la broderie zemmourie et le tissage de la laine, améliorer l’offre balnéaire, promouvoir la destination, etc. Mais personne ne semble capable de les mettre en œuvre.

Dernier point soulevé par les citoyens : les lacunes du secteur de l’éducation. D’après eux, les établissements publics sont mal équipés et mal gérés, avec des classes surchargées, provoquant l’essor du privé. Par ailleurs, l’absence d’offre universitaire locale pousse les jeunes à quitter la ville après le lycée.

Propositions des citoyens :

  • Résoudre le problème de déversement des eaux usées dans l’Oum Erbii qui nuit à l’environnement ; 
  • Aménager un port de pêche disposant de l’équipement adéquat, de chambres froides et d’un marché ;
  • Étoffer l’offre de soin de l’hôpital local, en mettant en place davantage d’unités spécialisées disposant d’équipements et de personnel (médecins, infirmiers et techniciens), notamment en ce qui concerne la psychiatrie, l’oncologie et mettre en place un centre de dialyse ;
  • Construire davantage de dispensaires de proximité et mettre en place des services de maternité dans les quartiers périphériques  ;
  • Étendre la couverture médicale des détendeurs de la carte Ramed ;
  • Mettre en place une formation continue au profit du corps médical dans les hôpitaux et les dispensaires afin d’améliorer leurs compétences techniques et leur capacité à répondre aux attentes des citoyens ; 
  • Généraliser l’enseignement public et l’octroi de bourses pour les étudiants démunis, construire des nouvelles écoles et rénover les salles de classes ;
  • Subventionner les coopératives agricoles et artisanales et valoriser les produits du terroir et l’artisanat local (broderie de style zemmouri et tissage de la laine) ;
  • Mettre en place une piscine municipale, une salle de sport couverte et des terrains de proximité et en assurer la gratuité, et davantage de maisons des jeunes pour encourager les talents locaux ;
  • Soutenir les programmes de lutte contre l’analphabétisme et créer des opportunités de travail pour les personnes en situation de handicap ;
  • Structurer le secteur du transport public et lutter contre l’informel ;
  • Aménager des lieux de divertissement et des espaces verts.
  • 100 يوم 100 مدينة : خلاصات محطة أزمور

100 Villes, 100 Jours : Agadir

Sabah M.  

Ce que je n’aime pas à Agadir, ce sont les infrastructures et ce que j’aime, c’est la mer ! Je ne sais pas comment on aurait fait sans la mer. Il y a eu un grand relâchement durant les dernières années. Vers la côte c’est plutôt joli, propre mais allez un peu plus loin. Même le centre ville n’est pas réjouissant. Les routes sont de plus en plus étroites, Souk El had devait être rénové mais il est toujours dans un état déplorable. Les espaces culturels sont rares et à la place, nous avons une prolifération des cafés ! Il nous faut un cinéma ! Ce n’est pas normal d’avoir un cinéma qui ouvre une fois par an à l’occasion du festival cinéma et migration. On veut savoir pourquoi ! Durant les années quatre-vingt, c’était notre principal espace de loisir, mais aujourd’hui, nous n’avons pas la moindre salle. Plusieurs problèmes sont à signaler en ce qui concerne la santé, notamment le clientélisme qui est devenu monnaie courante à l’hôpital Hassan II. Les pauvres n’ont plus leur place. Ils n’ont pas les moyens de se payer un médecin privé et dans les établissements publics, ils se sentent négligés. Le citoyen doit être accueilli avec dignité parce que c’est avec l’argent du contribuable que le personnel médical est payé. Il doit sentir de l’attention et de la considération dès qu’il franchit les portes de l’hôpital parce que s’il est là, c’est qu’il se sent mal ! Il n’a pas à subir les humiliations d’une infirmière ou d’un agent de sécurité. Pour le moindre truc, il faut mettre la main à la poche. Si on continue comme ça, ça deviendra une norme. J’espère que ceux qui dirigeront le CHU qui est en construction auront une conscience professionnelle et qu’il y aura un suivi et un contrôle derrière. Ce qui marche bien ici c’est la pêche, l’agriculture et le tourisme, mais malheureusement on se contente de la mer comme atout et nous n’avons pas d’animation touristique. Le chômage est très présent. L’offre de formation doit être adaptée aux besoins des entreprises. Certains étudient longtemps après leur bac, mais n’arrivent pas à trouver des postes avec des salaires à la hauteur de leurs diplômes. Côté enseignement, l’école privée prend de plus en plus de place, les écoles publiques souffrent d’un manque d’infrastructure, la société civile n’est pas impliquée pour y remédier et les élus locaux négligent ce secteur. En gros, le tableau est noir ! Et noir mat, pas brillant ! Je pense qu’à travers cette rage que j’exprime, vous avez deviné que je suis enseignante. C’est normal, nous sommes en première ligne et nous prenons des coups en permanence.  

Rénover les infrastructures publiques et soutenir l’agriculture   

Station balnéaire réputée internationalement, Agadir a reçu la caravane des Indépendants en janvier 2020. 400 habitants de la capitale du Souss sont ainsi venus débattre de la commune et de son avenir. Selon eux, la ville possède de nombreux atouts : forte identité culturelle, patrimoine historique, activités touristiques, ressources agricoles et maritimes, etc. Pourtant, Agadir fait face à de nombreux défis.

Au niveau économique, la situation n’est pas facile : le taux de chômage est relativement élevé, en particulier chez les jeunes diplômés, et le manque de zones industrielles semble décourager les projets potentiels. La convention relative à la déclinaison de l’écosystème automobile au niveau de la région de Souss-Massa, signée en 2018 devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, suscite beaucoup d’espoirs parmi les citoyens. Par ailleurs, selon plusieurs personnes, il faut absolument simplifier les procédures liées à l’investissement pour permettre une meilleure dynamique locale.

Les participants constatent notamment une hausse de la délinquance, qui nuit à la vie quotidienne, mais aussi au tourisme. La remarque est la même pour les infrastructures urbaines, qui se détériorent, ou encore pour le manque de moyens de transport. Globalement, les citoyens aimeraient une amélioration des conditions de vie, notamment dans les quartiers populaires.

Au-delà de ces problématiques, le secteur public est également visé par plusieurs critiques. En premier lieu, les établissements médicaux sont cités pour leur manque d’équipements et de personnel, voire de médicaments pour certaines maladies graves. Les habitants expliquent qu’il est très difficile de passer un scanner ou une radio, ou tout simplement d’obtenir un rendez-vous médical dans des délais raisonnables. De plus, les services de santé sont sévèrement jugés, surtout lorsqu’ils n’acceptent pas de prendre en charge les bénéficiaires du Ramed. Tous attendent avec impatience la construction de l’hôpital universitaire.

Enfin, les établissements scolaires n’échappent pas non plus aux reproches : les participants évoquent des écoles sous-équipées, où les enseignants semblent résignés à travailler sans grande réussite.

Propositions des citoyens:

  • Mettre à disposition plus de médecins et de personnel médical qualifiés dans les établissements de santé en particulier à l’hôpital régional Hassan II ;
  • Adopter de bonnes pratiques en terme de  gouvernance dans le secteur de la santé, et améliorer les services d’accueil et l’accès aux différents centres de santé, notamment à l’hôpital régional Hassan II ;
  • Réhabiliter les établissements de santé et construire plus de dispensaires de proximité ;
  • Activer le programme Ramed pour qu’il fonctionne à pleine capacité ;
  • Donner plus d’importance aux secteurs du tourisme et de la pêche, secteurs vitaux pour l’économie de la ville, et développer la formation professionnelle dans ces secteurs ;
  • Valoriser les capacités de production et de commercialisation des produits locaux et soutenir les coopératives de la ville ;
  • Structurer l’activité des marchands ambulants en créant des marchés de proximité ;
  • Encourager l’investissement privé dans la ville en s’ouvrant à de nouveaux secteurs économiques ;
  • Réhabiliter l’école publique, améliorer les programmes éducatifs, augmenter le budget de l’éducation et assurer le transport scolaire des élèves ;
  • Généraliser le préscolaire et le rendre obligatoire, en particulier pour les enfants des quartiers marginaux de la ville ;
  • Rénover les écoles publiques et augmenter le nombre d’enseignants.
  • 100 jours 100 villes: résumés de la gare d'Agadir

100 Villes, 100 Jours : Settat

Azzedine E.  

Je travaille et je paie mes impôts, donc quand je suis sur le chemin de mon travail, j’ai envie de sentir que je vis dans un État qui me considère. Je ne dois pas voir d’ordures, je dois trouver des jardins dans lesquels je peux m’installer et respirer de l’air pur. Et là, mon rendement pour mon pays sera meilleur. Ce genre d’équipements devrait être réalisé en tenant compte des besoins du citoyen. Il y a des jardins maintenant, mais qui y va ? Personne. Parce qu’il faut un gardien, un grillage, et que ces espaces soient bien entretenus pour qu’on ait envie d’y aller. Pourquoi on ne nous met pas de wifi dans nos jardins publics ? En ce qui concerne les hôpitaux, il n’y a pas suffisamment d’équipements, pas d’organisation et beaucoup de monde par rapport à leurs capacités, en particulier l’hôpital Hassan II. Il y a des personnes qui viennent de loin et passent leur journées assis aux abords de l’établissement à attendre. Un mal qui s’ajoute au mal initial. Déjà, pourquoi n’y a-t-il pas un système de file d’attente avec un numéro donné à chacun, comme ça c’est clair ? Sinon, quand on n’a pas les moyens, on ne peut pas offrir une éducation de qualité à ses enfants. Pourquoi les écoles privées ne dédieraient-elles pas quatre ou cinq places pour les élèves issus de familles défavorisées, pour qu’ils y étudient gratuitement. Ça peut être par mérite et financé en partie par des fondations. Des fois il y a deux voisins, l’un emmène son fils à la crèche le matin et l’autre est obligé de le garder désœuvré à la maison. C’est injuste et inacceptable ! Autre point : pourquoi dans certaines régions, on donne toute l’importance à une ville en particulier et pas aux autres ? Cette ville se retrouve alors avec le plus grand hôpital, le plus grand aéroport, les plus grandes facultés, et ça crée des déséquilibres. Avant, plusieurs investisseurs s’étaient installés à Settat. Maintenant il n’y a plus d’investisseurs et plus d’emplois ! Regardez combien de facultés et d’écoles supérieures nous avons au Maroc… ça veut dire que chaque année des dizaines de milliers de personnes obtiennent leurs diplômes ! Est ce qu’il y a des opportunités pour tout ce monde là ? Non ! Alors la main-d’œuvre perd de sa valeur et les salaires ne cessent de baisser. Même l’agriculture, ce n’est plus comme avant lorsque les superficies étaient grandes. Les terres n’ont pas cessé d’être divisées, alors maintenant, ceux qui se retrouvent avec de petites parcelles souffrent financièrement. Ils dépensent plus que ce que ça ne leur rapporte. Ça serait bien si l’Etat les soutenait pour l’achat de denrées et d’engrais.  

Rénover les infrastructures publiques et soutenir l’agriculture   

Début février 2020, la caravane des Indépendants s’est rendue à Settat pour rencontrer plus de 600 habitants. Ces derniers ont fait part de leur fierté de vivre dans une ville historique – avec notamment la célèbre Kasbah construite par Moulay Ismail – et réputée pour son cadre de vie agréable. Son calme, ses rues sécurisées et bien tenues, ou encore ses nombreux espaces verts sont en effet cités comme des facteurs de satisfaction. En revanche, les participants évoquent une situation économique difficile depuis plusieurs années et une dégradation importante des services publics.

Ainsi, le fort taux de chômage, notamment chez les jeunes diplômés, est un réel sujet d’inquiétude. La faiblesse de la zone industrielle et le manque d’investissement nuisent au développement de Settat. Pourtant, le potentiel agricole est très important et il devrait offrir de meilleures opportunités à la commune. Mais les agriculteurs appellent à plus de soutien, à travers de nouvelles initiatives pour appuyer ce secteur essentiel. Des produits tels que la grenade Tmassine ou la menthe d’El Borouj pourraient par exemple être valorisés. De même, le fameux souk aux équidés et toutes les activités autour de l’équitation peuvent être davantage exploités.

Autre sujet privilégié durant la rencontre, le domaine de la santé est considéré comme indigne d’une telle ville. L’hôpital cristallise bien des mécontentements : mal entretenu, il manque de compétences et d’équipements d’après l’ensemble des participants. Les prises de rendez-vous sont très difficiles, et les dysfonctionnements administratifs y sont parfois dénoncés. Dans le reste de la commune, le constat est le même et les citoyens souhaiteraient davantage de dispensaires et de services dédiés aux plus démunis notamment.

Enfin, si Settat abrite de grandes institutions d’enseignement supérieur, comme l’université Hassan 1er ou la remarquable ENCG, il n’en va pas de même pour les établissements scolaires. En effet, les habitants regrettent le manque de moyens pour faciliter la scolarisation des enfants. Les classes sont en sureffectif et le transport est souvent insuffisant. Tous déplorent l’important taux d’analphabétisme dans une ville connue pour ses établissements d’enseignement supérieur.

Proposition des citoyens

  • Augmenter la capacité de l’hôpital Hassan II pour qu’il puisse accueillir un plus grand nombre de malades, et valoriser le rôle des  dispensaires afin de réduire la pression sur l’hôpital ;
  • Équiper l’hôpital Hassan II en matériel médical, mettre en place un nombre suffisant de personnel spécialisé et agrandir le service de matérnité ;
  • Garantir de bonnes pratiques en terme de gouvernance et améliorer l’accueil et l’accès dans tous les établissements de santé, en particulier dans l’hôpital Hassan II ;
  • Encourager les investissements dans les zones industrielles, afin de multiplier les secteurs d’activités et créer plus d’opportunités pour les demandeurs d’emploi ;
  • Mettre en place un suivi et un encadrement au profit des jeunes chômeurs pour leur permettre d’accéder au marché du travail et développer les institutions dédiées telles que l’ANAPEC ;
  • Encourager l’économie sociale et solidaire comme outil de lutte contre la précarité et les inégalités sociales dans les quartiers marginalisés ;
  • Mettre en place des marchés de proximité modernes dans les grands quartiers de la ville ;
  • Construire de nouvelles écoles afin de faire face à l’encombrement des classes ;
  • Élargir le champ d’action du programme Tayssir, afin d’aider les familles pauvres en particulier dans les quartiers périphériques et les encourager à scolariser leurs enfants surtout les jeunes filles ;
  • Résoudre les problèmes liés au réseau d’assainissement en particulier dans les quartiers périphériques ;
  • Généraliser le transport scolaire afin de lutter contre l’abandon scolaire ;
  • Aménager  des espaces verts au profit des habitants ;
  • Mettre à disposition des établissements tels qu’un théâtre et un conservatoire de musique, afin d’améliorer l’offre culturelle et l’éclosion de talents ;
  • Mettre en place des centres pour la protection de l’enfance, ainsi que des centres pour les personnes en difficulté ; 
  • Promouvoir le sport et la culture, en construisant des terrains de proximité gazonnés et des maisons de jeunes.
  • 100 يوم 100 مدينة : خلاصات محطة سطات

لمحة عن المشاركين

100 Villes, 100 Jours : Sidi Kacem

Ossama M.  

Premièrement, les opportunités de travail sont très rares. Pas d’usines, pas d’industrie, rien ! Le problème c’est qu’il y a des investisseurs qui veulent lancer des projets mais qui rencontrent beaucoup de contraintes. Alors ils finissent par partir. J’ai un ami qui est venu de France et qui voulait monter une usine de textile mais il a eu beaucoup de difficultés à le faire. Il a fini par abandonner. Et vu que le chômage fait des ravages, ici, certains partent à Kénitra ou à Tanger pour y travailler. La Samir absorbait une partie des demandes d’emplois. Depuis que l’usine  a fermé, plusieurs familles se sont retrouvées sans revenu, et sans alternative. La Samir aidait même sur le volet sportif. C’est elle qui sponsorisait le club local et depuis la fermeture, l’équipe de foot est descendue en deuxième division et elle continue d’avoir des problèmes. Même le terrain a été fermé. On en a parlé dans la presse, sur les réseaux sociaux mais rien n’a été fait. Ils disent qu’il ne peut plus accueillir de public, mais on n’en sait pas plus. Le secteur de la santé pose problème aussi. Il y a un grand manque de médecins dans les dispensaires. Il arrive souvent de trouver uniquement une infirmière. Est ce qu’une infirmière va pouvoir ausculter un patient et diagnostiquer ce qu’il a ? Alors on nous oriente vers l’hôpital, mais une fois là-bas on nous donne des rendez-vous très éloignés : vous savez ce que c’est… Le seul hôpital que nous avons, celui vers la forêt, est insuffisant pour la population de Sidi Kacem. En plus, il reçoit des patients de toute la région et il n’est pas du tout équipé ! Dès qu’une femme enceinte se présente pour accoucher on lui remet un bout de papier pour qu’elle aille à Kenitra ou à Meknès, sauf si elle a une connaissance qui peut lui arranger les choses. Et puis on nous donne des prétextes inacceptables. Moi j’ai déjà été alité là-bas et ce que j’ai vu est déplorable. On entend parler d’une annexe universitaire qui va être créée, cela fait deux ans déjà, mais on ne sait pas si c’est vrai ou pas. Je pense qu’il est nécessaire d’en avoir une ici au vu du nombre d’habitants et de communes dans la province. Et puis tout le monde n’a pas les moyens d’étudier et d’habiter dans une autre ville. Je veux aussi préciser que des efforts ont été déployés pour proposer un service de transport scolaire mais ça reste insuffisant.  

Encourager l’agro-industrie et confirmer l’ouverture d’une faculté  

La réunion publique organisée à Sidi Kacem, en février 2020, par les Indépendants a connu une forte affluence. 500 participants se sont en effet déplacés pour partager leurs préoccupations quotidiennes et exprimer leurs attentes, dans une commune marquée par de nombreuses difficultés.

S’ils apprécient la région et sont fiers de l’identité de leur ville, les habitants se plaignent d’une situation économique qui ne cesse de se dégrader. Les fermetures d’usines, notamment celle de la Samir, ont porté le taux chômage à plus de 20%, particulièrement chez les jeunes diplômés. La perspective de la pauvreté inquiète à mesure que les conditions de vie se détériorent pour une frange de la population. Le sentiment de marginalisation et d’inégalité des chances a été exprimé à de nombreuses reprises durant la réunion.

Pourtant, Sidi Kacem possède des atouts que ses habitants aimeraient voir valorisés. En effet, le potentiel agricole de cette commune irriguée de la région du Gharb est réputé et tous aimeraient qu’il soit valorisé davantage. Les grandes productions locales de céréales, mais aussi d’agrumes, d’artichauts, de betteraves ou de coton par exemple, pourraient attirer de nombreux investisseurs, notamment dans l’agroalimentaire. Les participants espèrent ainsi des facilités pour soutenir les jeunes porteurs de projets.

Autre sujet d’inquiétude locale, le secteur de la santé a été longuement évoqué durant les échanges. D’après eux, l’hôpital provincial est submergé par les patients venant du monde rural et les dispensaires ne sont pas assez nombreux pour compléter le dispositif. De plus, tous ces établissements manquent d’équipements et de personnel – surtout de médecins, ce qui rend la situation intenable. Beaucoup d’habitants doivent se rendre à Kénitra ou à Meknès pour recevoir des soins, même les plus simples. En outre, les participants constatent souvent des pénuries de médicaments, tandis que les dysfonctionnements administratifs et le manque de considération des bénéficiaires du Ramed complètent un diagnostic défavorable du secteur.

Enfin, si le secteur de l’éducation est largement critiqué, avec des classes surpeuplées et un taux d’abandon scolaire élevé, une bonne nouvelle est attendue avec impatience : une faculté pluridisciplinaire devrait ouvrir très prochainement ses portes à Sidi Kacem.

Proposition des citoyens  

  • Améliorer l’infrastructure et l’accueil de l’hôpital provincial, l’équiper de matériel médical, ambulances et médicaments. Aussi, mettre en place un service de maternité et un service psychiatrique ;
  • Améliorer l’accueil, la prise en charge et le suivi des malades ;
  • Construire davantage de dispensaires, renforcer les effectifs en personnel soignant et assurer plus de supervision et de contrôle ;
  • Augmenter le nombre d’écoles et de salles de classe, rénover les écoles existantes et les équiper de matériel pédagogique ;
  • Augmenter les effectifs pédagogiques et offrir une formation continue aux enseignants ;
  • Encourager les investisseurs et attirer les entreprises de l’industrie agroalimentaire afin de valoriser les produits locaux et de réduire le chômage ;
  • Simplifier les procédures d’investissement et mettre en place des incitations fiscales au profit des auto-entrepreneurs et des investisseurs ;
  • Faciliter l’accès aux logements sociaux, lesquels doivent respecter les standards de qualité.
  • 100 يوم 100 مدينة : خلاصات محطة سيدي قاسم

100 Villes, 100 Jours : Khenifra

Saoud D.

En ce qui concerne Khénifra, si vous avez un tableau, vous pouvez aller devant chacune de vos cases et écrire “Néant” !Les gens souffrent. La ville est négligée à tout point de vue. Que ce soit en termes d’infrastructures ou en termes de projets qui peuvent créer de l’emploi. Khénifra se vide. Certains sont partis à Agadir, d’autres à Tanger et d’autres encore ont émigré clandestinement à l’étranger.

Il n’y a aucune dynamique de développement. Personne ne bouge. Il n’y a d’ailleurs que des cafés à Khénifra. Entre deux cafés, il y en a un troisième. Certains sont dans l’agriculture, mais ils encaissent des coups durs pendant les années de sécheresse.
C’est la première année que je vois des gens faire la manche en brandissant leurs factures d’eau et d’électricité. Ça veut dire que ce ne sont pas des sans-abris qui n’ont pas de quoi manger. Non, ce sont des gens qui ont leur foyer, qui cachaient leur misère mais qui, maintenant, n’ont plus d’autre choix que de mendier dans la rue.

Dans certaines villes, ceux qui ont les moyens peuvent toujours se soigner correctement. A Khénifra, que tu aies les moyens ou pas, c’est pareil : il n’y a nulle part où aller. On a un hôpital énorme mais pas d’interlocuteurs! D’un côté, il y a un manque de personnel. Par exemple, des fois, c’est la directrice de l’hôpital qui gère aussi les urgences. D’un autre côté, le service est médiocre. Une fois, nous avons attendu le technicien du scanner pendant quatre heures. A la fin, ils étaient obligés d’aller le sortir de chez lui pour venir. Il est même venu en survêtement !
Pour l’enseignement, je pense que ce n’est pas la peine de s’étaler dessus, puisque tout le monde sait dans quel état il est. Une catastrophe à l’échelle nationale ! Les jeunes de Khénifra doivent aller à Beni Mellal ou Meknès s’ils veulent suivre des études universitaires. Beaucoup n’y vont pas parce que les parents n’ont pas les moyens de les envoyer. 
Même dans le domaine de la justice, il y a des problèmes. C’est pour ça que j’ai commencé par dire qu’il y a des problèmes à tous les niveaux, et je ne sais pas ce qui pourrait être fait pour que les gens retrouvent la confiance !

Exploiter les richesses locales et équiper l’hôpital 

Douzième ville visitée par la caravane des Indépendants, Khénifra a réuni 800 de ses habitants pour discuter des problématiques locales. Il en ressort beaucoup d’attentes liées aux potentiels inexploités de la région.

Située dans le dir du moyen Atlas, en amont des sources de l’Oum Errabii, la commune bénéficie d’un cadre naturel exceptionnel, avec la proximité des forêts de cèdres du parc national et une multitude de lacs. Elle dispose aussi d’un large patrimoine historique, dont plusieurs monuments classés, tels que la Kasbah de Moha Ou Hamou Zayani. De plus, la « ville rouge » est reconnue pour sa diversité culturelle et le tempérament de ses habitants, réputés fiers de leur origine Zayane et de leur identité amazighe. 

Pourtant, en dépit de tous ces points forts, le tourisme est relativement faible et l’activité économique limitée. Les industries liées à l’agriculture sont rares et peu d’entreprises viennent s’installer à Khénifra. En conséquence, depuis plusieurs années, le taux de chômage augmente et la pauvreté est de plus en plus présente dans la commune. Pour les citoyens, il est urgent d’exploiter les atouts de la région, d’encourager les investissements et de lutter efficacement contre les dysfonctionnements administratifs et de gouvernance. 

Selon la grande majorité des participants, il est également indispensable d’améliorer le secteur de la santé. Actuellement, la situation est affligeante : l’hôpital manque de personnel, notamment de médecins spécialistes, ainsi que de nombreux équipements essentiels. En outre, plusieurs habitants témoignent de son mauvais fonctionnement. Ils mettent en cause le favoritisme et le manque de considération pour les patients.

Les moyens alloués aux écoles sont jugés insuffisants par les Khénifris. Le manque d’établissements et d’enseignants entraîne l’encombrement des classes, où les élèves ont bien du mal à étudier. 

Propositions des citoyens:

  • Mettre à disposition plus de corps médical (surtout les spécialités) et équiper l’hôpital de matériel nécessaire ;
  • Développer le secteur du tourisme et les métiers en relation avec le patrimoine naturel, culturel et historique de la ville ; 
  • Aménager une zone industrielle et attirer les investisseurs en facilitant les démarches administratives ;
  • Construire davantage d’établissements scolaires ainsi qu’une annexe universitaire et les équiper ;
  • Construire des bibliothèques ;
  • Construire des centres de sensibilisation et de lutte contre l’analphabétisme ;
  • Améliorer l’infrastructure de la ville, principalement les routes ;
  • Améliorer la qualité de services de l’administration publique.

100 Villes, 100 Jours : Errachidia

Yassine J,  

Errachidia est une ville agréable lorsqu’on pense à ces habitants. Nous nous sentons en sécurité, la vie n’est pas chère, comme c’est le cas dans bien des villes. Je souhaiterais toutefois évoquer davantage ce qui ne va pas. Il est vrai qu’à Errachidia nous avons une faculté des sciences et techniques ainsi qu’une faculté polydisciplinaire rattachée à l’Université Moulay Ismaïl de Meknès, mais c’est insuffisant. Nous avons besoin de facultés supplémentaires. Car, il n’y a pas que les jeunes d’Errachidia qui poursuivent leurs études au sein de ces Facultés : des personnes venues d’Erfoud, Rissani, Tinghir, Goulmima etc y étudient également. Il est à noter que les habitants de ces villes accordent une importance particulière à l’enseignement supérieur. Ils ont une passion pour l’éducation. Ceux qui rêvent de se spécialiser dans un domaine particulier ne ménagent aucun effort pour obtenir une inscription à Rabat ou Casablanca. Quant à ceux qui poursuivent leur enseignement supérieur à Errachidia, seules une ou deux branches vont jusqu’au Master, les autres étudiants devront donc tôt ou tard s’exiler ailleurs afin de poursuivre leurs études. Après cela, le problème qui se pose est le manque d’opportunités d’emploi pour ces jeunes diplômés. Nombre de nos jeunes ont poursuivi leurs études après l’obtention du bac et ne trouvent pas de travail. Il n’y a pas d’usines, tout le monde cherche à aller ailleurs. Ici, les citoyens déplorent également le manque de transport. On a un bus, oui, mais il est dans un état lamentable! Nous souffrons au vrai sens du terme. Il y a des trous à l’intérieur même du bus, les portes sont bloquées avec des pierres afin d’empêcher les gens de les ouvrir. Avec la pandémie même ces bus ne passent plus, il ne reste que les taxis, loin d’être à la portée de tous. C’est sans parler de l’hôpital Moulay Ali Cherif, qui est dans un état désastreux. Je ne pourrais même pas énumérer tous les problèmes qu’il y a tellement ils sont nombreux ! Malgré tout cela, les jeunes gardent espoir et croient en l’importance des politiques publiques dans l’amélioration et le développement de leur situation.  

Désenclaver la ville pour attirer les investissements  

Autrefois appelée Ksar Es-Souk, puis renommée en l’honneur du prince Moulay Rachid, Errachidia a accueilli la 89e étape de l’initiative 100 Villes, 100 Jours, début septembre 2020. Une centaine d’habitants se sont ainsi prêtés au débat en ligne, organisé par les Indépendants, pour évoquer les enjeux de leur commune. Ils se disent fiers de la ville et de son patrimoine, composé notamment de ksours et d’oasis. Hélas, Errachidia connaît aussi des problèmes, qui nuisent au quotidien des citoyens.

Pour commencer, les participants soulignent le faible développement économique d’une localité qui a surtout une vocation administrative et militaire. L’insuffisance du tissu industriel rend la recherche d’emploi difficile et le taux de chômage les préoccupe. En l’absence d’investissements, les perspectives d’amélioration sont minces et les habitants cherchent des solutions. Selon eux, il faudrait davantage connecter la commune aux routes commerciales, en la reliant au réseau d’autoroutes ou en équipant son aéroport pour l’international. Loin des chemins de fer et des côtes, la ville est actuellement enclavée et peu attractive. En outre, certains participants proposent d’octroyer des terrains aux investisseurs pour les inciter à y développer des activités. Cela permettrait par exemple de valoriser les produits du terroir, comme les dattes, en encourageant les coopératives agricoles.

Autre sujet d’inquiétude, le secteur de la santé a occupé une bonne partie des échanges. L’hôpital provincial Moulay Ali Cherif est débordé : il a besoin de plus de moyens pour fonctionner correctement. Par ailleurs, l’absence de plusieurs spécialités médicales, ainsi que de médecins de garde, a été signalée plusieurs fois.

Le même problème se pose pour le secteur de l’éducation : les deux lycées locaux reçoivent les élèves de cinq communes voisines, provoquant leur saturation. Plus généralement, les écoles manquent de moyens techniques et humains, ce qui rend leur fonctionnement difficile. Enfin, les jeunes doivent souvent quitter la ville pour étudier, car les établissements supérieurs y sont trop peu nombreux. Un choix impossible pour bien des étudiants, qui doivent se résoudre à abandonner leurs projets universitaires, faute de moyens.

Propositions des citoyens:

  • Réhabiliter les infrastructures pour encourager les investissements telles que les chemins de fer, les routes et les moyens de transport ; 
  • Faciliter les procédures administratives, éviter la bureaucratie et mettre en place des exonérations fiscales afin d’attirer les investissements ;
  • Prendre soin des palmeraies et encourager les petites entreprises et coopératives à développer le commerce des dattes ;
  • Construire un hôpital avec toutes les spécialités et équipements nécessaires  pour ne plus avoir à se déplacer vers d’autres villes ainsi que des dispensaires de proximité ;
  • Mettre à disposition des médecins de garde ;
  • Mettre à disposition du matériel, des équipements, des centres d’analyses médicales des ambulances gratuitement, en particulier pour les familles pauvres ; 
  • Mieux former, fournir des logements et mettre en place plus de supervision pour les enseignants de la ville ;
  • Construire des écoles, réhabiliter les infrastructures et encourager le réaménagement des écoles existantes ;
  • Revoir le programme scolaire et encourager les activités parascolaires dans l’école pour que les élèves puissent développer leurs talents  ;
  • Construire une université pluridisciplinaire et une ENCG dans la région.

100 Villes, 100 Jours : KHOURIBGA

Youssef A.

A part le groupe OCP et quelques usines qui embauchent principalement les femmes, les opportunités de travail demeurent insuffisantes pour une ville aussi peuplée que Khouribga.Nous, les chauffeurs de taxi, nous le ressentons vraiment. Dans n’importe quelle ville, s’il n’y a pas d’activité économique forte, le secteur des transports en souffre. Il est important de signaler aussi que nous n’avons pas de station de taxis, surtout pour les petits taxis. Vous imaginez, même pas près de la gare routière, de l’hôpital, du marché hebdomadaire ! Et puis, nous avons aussi des problèmes à l’échelle nationale. Regardez combien de chauffeurs de taxis nous avons dans ce pays et nous continuons d’exercer dans l’informel, sans aucune protection, ni de garantie sociale. On travaille toute notre vie en sachant qu’une fois qu’on arrêtera ou si jamais on a un accident, personne ne nous prendra en charge.
S’ajoute à cela tout ce qui est lié à l’infrastructure : des routes non goudronnées principalement dans les quartiers populaires. Des fois, c’est à cause des sociétés qui creusent pour des travaux liés à l’eau ou à l’électricité et ils laissent les routes dans un état dégradé. Il y a également des problèmes d’éclairage public, l’absence de marchés structurés pour regrouper les vendeurs ambulants et l’absence de toilettes publiques ! 
L’hôpital Hassan II accueille des patients qui viennent de l’extérieur de Khouribga, par exemple de Oued Zem, Fkih Ben Saleh, etc… alors qu’il n’a pas la capacité de le faire, ni en termes d’équipements, ni en personnel ! Et plus particulièrement, le service des urgences. Les gens sont donc délaissés, des femmes viennent accoucher et ne trouvent même pas de lit.
Au niveau des écoles, d’une part, elles souffrent de l’encombrement et d’autre part, les prestations ne sont pas les mêmes : certaines proposent des cours de soutien et d’autres pas.

Faire bénéficier la ville des revenus liés à ses ressources

La rencontre de Khouribga est l’étape de la caravane des Indépendants qui a connu la plus forte participation. 2000 habitants sont en effet venus apporter leur contribution à l’initiative 100 Villes, 100 Jours, en partageant leur vision de la ville et en débattant de son futur.

La capitale mondiale des phosphates suscite un sentiment paradoxal chez les citoyens, entre fierté et déception. D’une part, les participants saluent l’activité principale de Khouribga, qui contribue pleinement au développement du Maroc, et d’autre part, ils constatent que la commune ne bénéficie pas de cette réussite. Ses infrastructures sont précaires et le niveau de pauvreté est préoccupant. Beaucoup d’habitants expliquent ainsi que le coût de la vie est trop élevé pour eux.

En dehors du Groupe OCP, l’activité économique de la ville est très faible, avec peu d’entreprises, et le taux de chômage est en hausse permanente. La plus grande inquiétude concerne les jeunes diplômés qui, faute de perspectives, sombrent parfois dans la délinquance.

Les citoyens stigmatisent également le secteur public, accusé de ne pas être à la hauteur d’une commune de cette importance. Les centres de santé sont très insuffisants et l’hôpital Hassan II semble totalement dépassé par la situation. En manque de personnel et d’équipements, les services médicaux sont incapables de soigner convenablement les patients. Par ailleurs, de nombreuses personnes fustigent le corps médical et appellent à une meilleure considération des patients, notamment les plus démunis.

Enfin, les établissements scolaires sont également visés par les critiques, à cause des faibles moyens dont ils disposent. Au-delà, tous espèrent qu’une nouvelle université permettra aux jeunes de se construire un meilleur avenir.

Propositions des citoyens:

  • Construire davantage de dispensaires, agrandir l’hôpital de la ville et l’équiper ;
  • Renforcer les effectifs en personnel soignant et assurer un contrôle et un suivi du personnel de l’hôpital ;
  • Aménager une zone industrielle et développer le secteur agricole ;
  • Aménager des stations de taxi dans les zones importantes de la ville ;
  • Construire davantage d’établissements scolaires publics et mettre à disposition des enseignants compétents ;
  • Encourager la promotion immobilière en matière de logements économiques ;
  • Prendre en considération les besoins des personnes en situation de handicap ;
  • Activer le système Ramed pour qu’il fonctionne à pleine capacité ;
  • Donner de l’importance aux langues et aux activités culturelles et sportives à l’école.

100 Villes, 100 Jours : Zaio

Mohamed B.  

Ça fait des années qu’on demande un hôpital provincial. Ils ont démarré les travaux mais on attend toujours son ouverture. Je ne sais pas pourquoi ça tarde autant . Est-ce par manque de matériel ? Est-ce par manque de médecins ? On n’en sait rien. On continue alors à aller à notre petit dispensaire qui n’est absolument pas suffisant pour une population de plus de 50 000 habitants. Économiquement, on peut dire que c’est mieux qu’avant, à l’exception du problème de fermeture de la frontière avec Melilia. Avant, même un adolescent pouvait y entrer, faire du business et rentrer le soir avec 300 ou 400 dh en poche ! Ce même jeune va faire quoi maintenant ? Regardez l’enseignement aussi. Depuis les années quatre-vingt, ils n’ont pas cessé de nous marteler qu’ils sont en train de structurer ce secteur. A chaque fois une nouvelle vision. Un nouveau programme. Tantôt il faut arabiser, tantôt il faut franciser ! Maintenant on peut tomber facilement sur un licencié qui ne sait pas parler français et un niveau d’arabe loin de celui d’un Syrien ou d’un Libanais… L’éducation que nous avons reçue à l’école pendant les années soixante-dix est meilleure que celle d’aujourd’hui. L’autre malheur est que les jeunes qui décrochent des diplômes, et pour lesquels l’Etat a dépensé de l’argent, cherchent juste l’occasion pour quitter le pays. Et puis on voudrait bien une médiathèque ici à Zaio ! Je suis handicapé et j’ai peur d’évoquer ce sujet et de réveiller des choses qui font mal. Il y a des familles qui ont 3 ou 4 handicapés à la maison. Je vous jure que si vous rentrez chez eux, vous en sortirez en pleurant ! Le handicapé a lui aussi une carte nationale qui témoigne de sa citoyenneté marocaine, mais que lui offre-t-on ? Est ce que le handicapé n’a pas le droit à la scolarisation ? Si ! Mais est ce qu’il y a des accès prévus pour lui dans les écoles ? Est ce qu’il y a des programmes spécifiques pour les sourds, les muets et les aveugles ? Avons-nous des moyens de transport qui prennent en compte l’accessibilité des handicapés ? Non ! Nous aussi avons envie d’aller au parc ! Nous avons envie d’aller à la plage ! Pire encore, même quand on demande un fauteuil aux instances concernées, on doit attendre jusqu’à 2 ou 3 ans avant d’en recevoir un de mauvaise qualité et qui tient une année tout au plus ! En Europe, chaque jour à 9h du matin un bus passe prendre les enfants qui présentent des troubles mentaux pour les emmener dans un centre dédié, puis les ramener le soir, et des infirmières dédiées viennent leur donner leurs bains chez eux, on leur assure une allocation mensuelle. Nous sommes loin de ce niveau de traitement, mais nous voulons absolument jouir de notre droit à la scolarisation pour nous former et être capables de travailler. Et là, on se passerait volontiers de toute aide financière !  

Mettre à niveau les infrastructures et ouvrir enfin l’hôpital !  

Fin décembre 2019, la caravane des Indépendants s’est arrêtée à Zaio, au cœur du Rif oriental, à la rencontre d’environ 400 habitants, venus dire leurs difficultés quotidiennes, mais aussi leurs espoirs pour demain. Ils présentent la ville comme relativement tranquille, avec de nombreux espaces verts. Ils s’y sentent en sécurité, même si la délinquance tend à augmenter ces dernières années.

Avec un taux de chômage particulièrement élevé, notamment chez les jeunes diplômés, Zaio ne tire pas suffisamment profit de ses richesses agricoles. De même, l’unique sucrerie apparaît bien seule dans un paysage industriel qui peine à attirer les investisseurs. Les participants regrettent le manque d’initiatives pour encourager les PME ou les autoentrepreneurs et souhaitent des aides pour développer le tissu économique local. Tous espèrent une croissance plus forte, qui inciterait leurs enfants à rester dans la région.

Mais pour cela, il faudrait également que le secteur de la santé progresse. La situation y est décrite comme très préoccupante, notamment à cause du manque d’équipements médicaux et de médecins spécialistes. Pourtant, un nouvel hôpital est prêt à ouvrir ses portes depuis plusieurs mois, mais personne ne sait quand il sera enfin opérationnel. La frustration est importante, car le dispensaire actuel est insuffisant et les problèmes de gouvernance nuisent fortement au bon fonctionnement des services de santé. Malgré le Ramed, les plus démunis sont laissés de côté et des cas de maltraitance ont même été signalés durant la rencontre.

Les autres infrastructures de Zaio sont également ciblées par les critiques. Les écoles primaires, collèges et lycées ne sont pas assez nombreux pour accueillir convenablement les élèves et la qualité de l’enseignement est en chute libre depuis plusieurs années.

Par ailleurs, les citoyens demandent une mise à niveau globale des équipements : insuffisance du réseau routier, pas d’égouts dans certains quartiers, manque d’éclairage public en ville, ou encore absence d’électricité dans plusieurs endroits.

Propositions des citoyens :

  • Construire des salles d’accouchements et une unité de maternité efficace et efficiente ;
  • Accélérer la réalisation du projet du nouvel hôpital, construire des dispensaires de proximité et les équiper du matériel nécessaire ;
  • Construire de nouvelles écoles afin de réduire l’encombrement dans les classes ; 
  • Construire un collège pour les élèves venant de quartier Marschall, quartier Wafaâ, quartier Bouzouf et quartier Firas ;
  • Mettre en place un service de transport scolaire ; 
  • Améliorer la formation des professeurs dans les écoles publiques ; 
  • Ériger Zaio en préfecture, en raison de sa situation géographique et de la croissance démographique rapide de la ville et de ses environs ;
  • Aménager une zone industrielle pour absorber le chômage ;
  • Créer des unités de production spécialisées dans les produits agricoles locaux ;
  • Aménager un marché de gros pour les fruits et légumes ;
  • Mettre à niveau le réseau d’assainissement ;
  • Améliorer l’état des routes et l’éclairage public dans toute la ville de Zaio ;
  • Relier la ville à la ligne de chemin de fer Oujda – Nador ;
  • Mettre en place un réseau de transport urbain ;
  • Créer une gare routière digne de la ville de Zaio ;
  • Réhabiliter la route reliant Zaio à la station de radio ;
  • Créer un centre d’immatriculation des voitures ;
  • Aménager des terrains de proximité dans la ville ;
  • Résoudre le problème des terres soulaliyates et des terrains domaniaux ;
  • Restaurer les sites archéologiques comme “Borj Lehmam”.

  • 100 jours, 100 villes: résumés de la station Zaio

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