Abdelilah M.
Nous voulons des usines pour plus de stabilité et pour avoir de quoi nourrir nos enfants. Ici, à part le souk qui marche bien et un peu d’agriculture dans les régions avoisinantes, il n’y a pas de véritables possibilités d’emploi à Souk El Arbaa. Il y a quelques usines de fraises mais à 30 ou 40 km vers Moulay Bousselham et qui embauchent uniquement les femmes.
Il vaut mieux que je n’aborde pas le domaine de la santé, parce que je n’en finirai pas ! A titre d’exemple, quand une femme veut accoucher, il faut qu’elle aille à Kenitra. Directement! Ici personne ne la prendra en charge. Et je ne vous parle pas de quelque chose qu’on m’a raconté, je parle de vécu ! Quand j’ai amené ma propre épouse à l’hôpital on m’a demandé d’aller à Kenitra. Et j’ai dû le faire. Si quelqu’un a une fracture, eh bien c’est pareil ! Même pour faire une radio, on nous dit que la machine est en panne. Toujours en panne ! Sauf si tu as une connaissance qui peut te faire une petite faveur. A l’hôpital Zoubir Skirej, le manque de médecins est frappant. Le pédiatre, inexistant ! Alors le seul choix qu’on te laisse c’est d’aller à la clinique, et celui qui n’a pas les moyens, il ne lui reste qu’ à prier Dieu.
Le phénomène de l’abandon scolaire est fréquent ici à cause de l’encombrement et du manque de moyens de transport. Beaucoup de parents ont peur de laisser leurs filles faire le trajet de l’école toutes seules alors ils finissent par les déscolariser. Il faut dire que le problème du transport public est global. Dans les années 90, nous avions quelques bus, mais aujourd’hui il y a peut-être 4 taxis et des triporteurs. Le triporteur est le moyen de transport qui domine mais malheureusement en termes de sécurité, c’est une catastrophe. Ces engins sont tout le temps surchargés de passagers alors inévitablement le jour où il y a un accident, c’est tragique !
A Souk El Arbaâ, les gens n’ont pas d’espaces pour sortir avec leurs enfants, contrairement à Kénitra où les mamans peuvent aller dans un jardin public et offrir un moment agréable à leurs petits. Alors ici, lorsqu’on veut sortir, on va au souk, on fait le tour, on achète quelques légumes et on revient à la maison. C’est tout !
Même s’il y a une maison des jeunes, elle est à l’extrémité de la ville et personne n’y va. C’est le même problème encore, les parents n’osent pas laisser leurs enfants aller jusqu’à là bas. Et puis, on n’y trouve pas de vrais animateurs qui proposent des programmes réguliers et intéressants aux jeunes.
Avec ses 600 participants, l’étape de Souk El Arbaa a été l’un des moments forts de la caravane des Indépendants. Les habitants ont beaucoup de fierté pour leur ville, qu’ils jugent favorablement, avec beaucoup de solidarité entre les gens. Cependant, tous considèrent qu’elle a besoin de progresser à différents niveaux.
Du point de vue économique, Souk El Arbaa compte principalement sur l’agriculture, que ce soit les fruits rouges ou l’élevage. Mais cela n’est pas suffisant pour donner du travail à chacun et il existe une forte demande pour une zone industrielle qui accueillerait des entreprises d’agroalimentaire pour l’emballage et la transformation des produits locaux.
La question du transport des travailleurs se pose avec acuité afin de permettre aux habitants de travailler dans les cultures de la région. Plus largement, la ville gagnerait à améliorer ses infrastructures : les routes et le réseau d’assainissement sont critiqués par les participants.
La santé a été au centre des discussions durant la réunion. Les équipements et le personnel médical sont en nombre insuffisant et les patients sont très souvent obligés de quitter la ville, pour être soignés à Kénitra par exemple. En l’absence d’ambulances, cette situation est très inquiétante. Même difficulté avec le manque de sages-femmes, qui oblige les femmes à de longs déplacements. Par ailleurs, les dysfonctionnements administratifs et le manque de considération pour les bénéficiaires du Ramed sont également dénoncés par les participants.
Enfin, la situation des jeunes préoccupe beaucoup les citoyens. La formation professionnelle n’est pas à la hauteur des attentes locales, tandis que les écoles connaissent de grandes difficultés pour fonctionner correctement. Ainsi, l’abandon scolaire est très fréquent et peu de solutions s’offrent aux jeunes de Souk El Arbaa du Gharb.