Sabah M.
Ce que je n’aime pas à Agadir, ce sont les infrastructures et ce que j’aime, c’est la mer ! Je ne sais pas comment on aurait fait sans la mer. Il y a eu un grand relâchement durant les dernières années. Vers la côte c’est plutôt joli, propre mais allez un peu plus loin. Même le centre ville n’est pas réjouissant. Les routes sont de plus en plus étroites, Souk El had devait être rénové mais il est toujours dans un état déplorable. Les espaces culturels sont rares et à la place, nous avons une prolifération des cafés ! Il nous faut un cinéma ! Ce n’est pas normal d’avoir un cinéma qui ouvre une fois par an à l’occasion du festival cinéma et migration. On veut savoir pourquoi ! Durant les années quatre-vingt, c’était notre principal espace de loisir, mais aujourd’hui, nous n’avons pas la moindre salle.
Plusieurs problèmes sont à signaler en ce qui concerne la santé, notamment le clientélisme qui est devenu monnaie courante à l’hôpital Hassan II. Les pauvres n’ont plus leur place. Ils n’ont pas les moyens de se payer un médecin privé et dans les établissements publics, ils se sentent négligés. Le citoyen doit être accueilli avec dignité parce que c’est avec l’argent du contribuable que le personnel médical est payé. Il doit sentir de l’attention et de la considération dès qu’il franchit les portes de l’hôpital parce que s’il est là, c’est qu’il se sent mal ! Il n’a pas à subir les humiliations d’une infirmière ou d’un agent de sécurité. Pour le moindre truc, il faut mettre la main à la poche. Si on continue comme ça, ça deviendra une norme. J’espère que ceux qui dirigeront le CHU qui est en construction auront une conscience professionnelle et qu’il y aura un suivi et un contrôle derrière.
Ce qui marche bien ici c’est la pêche, l’agriculture et le tourisme, mais malheureusement on se contente de la mer comme atout et nous n’avons pas d’animation touristique. Le chômage est très présent. L’offre de formation doit être adaptée aux besoins des entreprises. Certains étudient longtemps après leur bac, mais n’arrivent pas à trouver des postes avec des salaires à la hauteur de leurs diplômes.
Côté enseignement, l’école privée prend de plus en plus de place, les écoles publiques souffrent d’un manque d’infrastructure, la société civile n’est pas impliquée pour y remédier et les élus locaux négligent ce secteur. En gros, le tableau est noir ! Et noir mat, pas brillant ! Je pense qu’à travers cette rage que j’exprime, vous avez deviné que je suis enseignante. C’est normal, nous sommes en première ligne et nous prenons des coups en permanence.
Station balnéaire réputée internationalement, Agadir a reçu la caravane des Indépendants en janvier 2020. 400 habitants de la capitale du Souss sont ainsi venus débattre de la commune et de son avenir. Selon eux, la ville possède de nombreux atouts : forte identité culturelle, patrimoine historique, activités touristiques, ressources agricoles et maritimes, etc. Pourtant, Agadir fait face à de nombreux défis.
Au niveau économique, la situation n’est pas facile : le taux de chômage est relativement élevé, en particulier chez les jeunes diplômés, et le manque de zones industrielles semble décourager les projets potentiels. La convention relative à la déclinaison de l’écosystème automobile au niveau de la région de Souss-Massa, signée en 2018 devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, suscite beaucoup d’espoirs parmi les citoyens. Par ailleurs, selon plusieurs personnes, il faut absolument simplifier les procédures liées à l’investissement pour permettre une meilleure dynamique locale.
Les participants constatent notamment une hausse de la délinquance, qui nuit à la vie quotidienne, mais aussi au tourisme. La remarque est la même pour les infrastructures urbaines, qui se détériorent, ou encore pour le manque de moyens de transport. Globalement, les citoyens aimeraient une amélioration des conditions de vie, notamment dans les quartiers populaires.
Au-delà de ces problématiques, le secteur public est également visé par plusieurs critiques. En premier lieu, les établissements médicaux sont cités pour leur manque d’équipements et de personnel, voire de médicaments pour certaines maladies graves. Les habitants expliquent qu’il est très difficile de passer un scanner ou une radio, ou tout simplement d’obtenir un rendez-vous médical dans des délais raisonnables. De plus, les services de santé sont sévèrement jugés, surtout lorsqu’ils n’acceptent pas de prendre en charge les bénéficiaires du Ramed. Tous attendent avec impatience la construction de l’hôpital universitaire.
Enfin, les établissements scolaires n’échappent pas non plus aux reproches : les participants évoquent des écoles sous-équipées, où les enseignants semblent résignés à travailler sans grande réussite.