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100 Villes, 100 Jours : Bouknadel

Mhamed B.  

En vérité, j’ai beaucoup de choses à dire, même si Bouknadel est une commune urbaine, on ne sent pas qu’elle a les caractéristiques d’une ville à proprement parler.  L’enseignement par exemple : il y a assez d’écoles primaires, mais il manque des collèges et des lycées. Et c’est à cause de cette carence en institutions qu’il y a de l’abandon scolaire. Certains élèves habitent loin des établissements secondaires et il leur est difficile de faire le trajet quotidien, en l’absence de moyens de transport scolaire.  Des travaux ont été entrepris pour améliorer l’infrastructure, mais ce n’est pas suffisant. Le réseau électrique constitue toujours un problème quotidien. La population et la ville grandissent et dans certains quartiers le réseau est saturé et il y a des coupures. Des réclamations ont été faites à la commune et à la société chargée du réseau pour qu’ils augmentent la capacité, mais les coupures subsistent et parfois, elles peuvent durer longtemps. La zone industrielle qui était prévue n’est encore qu’un projet, il n’y a pas d’usines ! Et le projet de marché de proximité n’a pas fonctionné. Si tu veux un revenu, tu dois le chercher en dehors de Bouknadel. Par contre, concernant la santé, nous avons bien un hôpital qui a été inauguré fin 2017. Il est bien construit, mais il manque de personnel. Et puis, sachant qu’il n’y a pas de dispensaires dans les villages alentour, tous les malades y vont et il est très souvent saturé. Dieu est témoin du parcours pour recevoir des soins : même en arrivant tôt le matin pour pouvoir consulter, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Soit c’est le médecin, soit c’est l’accueil qui fait défaut. Il faut absolument trouver une solution et mettre à disposition plus de docteurs et d’infirmiers pour prendre en charge tout le monde.  

Accroître les infrastructures médicales et scolaires  

Fin juillet 2020, la rencontre virtuelle dédiée à la ville de Bouknadel a réuni une trentaine de personnes sur la plateforme des Indépendants. Les participants ont passé en revue les atouts et les points faibles de la commune afin d’envisager le meilleur avenir possible.

Avec sa plage des Nations, ses fameux jardins exotiques, ou encore le musée Dar Belghazi, Bouknadel propose des activités variées à ses habitants. Néanmoins, certains aimeraient que la ville s’équipe également de terrains de sport, sans se focaliser sur le football, pour permettre aux jeunes de s’épanouir pleinement.

Au niveau du secteur de la santé, les citoyens connectés expliquent que la progression démographique n’a pas été prise en compte et qu’aujourd’hui les dispensaires ne sont pas suffisants. De ce fait, ils souffrent d’encombrement et les patients doivent parfois se déplacer dans d’autres villes pour recevoir des soins, alors même que les ambulances sont peu nombreuses.

L’analyse est la même pour l’éducation, avec des écoles surpeuplées qui ne peuvent assurer un enseignement de qualité. De plus, le manque de collèges et de lycées pousse parfois les élèves tout droit vers l’abandon scolaire. Ce sujet préoccupe particulièrement les participants.

Enfin, les habitants rappellent que plusieurs usines ont fermé récemment leurs portes et qu’il faudrait soutenir les jeunes porteurs de projets pour créer de nouveaux emplois. Parfaitement située entre Rabat et Kénitra, Bouknadel devrait pouvoir attirer plus d’investisseurs. Un soutien est ainsi espéré pour améliorer la situation économique.

Propositions des citoyens:

  • Construire un nouvel hôpital regroupant l’ensemble des spécialités et l’équiper du matériel nécessaire en particulier d’une radio, d’un IRM et d’ambulances, construire des dispensaires de santé pour réduire la pression sur les autres établissements et éviter aux malades de devoir se rendre dans d’autres villes pour recevoir des soins ;   
  • Renforcer les personnels soignants et mettre en place plus de supervision, de contrôle et de respect des horaires de travail ;
  • Augmenter le nombre d’établissements scolaires afin de réduire l’encombrement, les équiper du matériel pédagogique nécessaire et mettre en place un service de transport scolaire gratuit ;
  • Simplifier les procédures d’investissement, les procédures d’octroi de crédit et mettre en place des avantages fiscaux afin d’encourager les auto-entrepreneurs mais aussi les investisseurs. Assurer le respect du code du travail dans les usines ;
  • Mettre en place plus de contrôle et de supervision des enseignants et mettre la priorité sur l’éducation des filles ;
  • Créer des jardins publics et espaces verts et construire des centres sportifs et culturels, des maisons des jeunes et terrains de proximité et mettre l’accent sur la diversification des activités et ne pas rester centré sur le football uniquement ;
  • Etendre le réseau d’eau potable, rénover les routes, lutter contre l’habitat informel et assurer le respect des normes dans l’immobilier social et économique .

100 Villes, 100 Jours : Marrakech

Amine B.  

La première chose que je peux vous dire sur Marrakech c’est que c’est une ville où l’accessibilité aux personnes en situation de handicap est inexistante. Ni dans l’administration, ni dans les lieux publics. Je trouve qu’il n’y a pas de considération envers ces citoyens. Il n’y a même pas d’endroits où ils peuvent étudier, se former ou travailler. En plus, une grande partie de ces personnes sont jeunes et ont du potentiel. Des classes inclusives ont été mises en place pour les personnes en situation de handicap, mais dans toute la ville on ne trouve que trois ou quatre écoles qui proposent ça. Je connais celle de Mhamid, de Mdina et de Daoudiate. Mais les gens qui habitent loin de ces quartiers, ils doivent faire comment ? Les taxis ne s’arrêtent pas toujours pour les prendre, et dans les bus on ne peut pas monter avec un fauteuil roulant, alors ils font comment ces gens ? De toute façon, le problème de l’enseignement est global. D’abord le problème des classes avec 40 à 45 élèves. Ensuite le problème du préscolaire. L’Etat ne couvre pas du tout cette phase de l’enseignement et il faut payer de sa poche. Celui qui a deux ou trois enfants ne peut pas se permettre de débourser 350 dirhams par enfant, chaque mois. Et encore, dans ce genre de garderies, ils restent juste assis les bras croisés. Ce ne sont même pas des établissements de qualité. Et c’est là que se creusent les inégalités sociales. Celui qui a les moyens offre une bonne maternelle à son enfant et évidemment quand il arrive au primaire il garde toujours une longueur d’avance sur celui qui n’a pas connu le préscolaire. De toute façon, les inégalités à Marrakech il n’y a que ça. Ici, il n’y a que des gens riches et des gens pauvres. Au milieu, rien ! Et puis la vie est de plus en plus chère. Avant on pouvait aller à Jamaa El Fna et consommer quelque chose à six ou sept dirhams. Aujourd’hui tu ne peux rien acheter à moins de 30 dirhams. D’un autre côté je veux souligner la pression qu’il y a au niveau des urgences d’Ibn Zohr et qui nécessite une solution. Et aussi les lacunes en infrastructures. Des quartiers ont encore des problèmes d’eau et de gestion des déchets. Quand on se balade dans les quartiers touristiques, c’est nickel mais dans les autres quartiers c’est une toute autre histoire. Sur le plan économique, on peut dire que Marrakech est à l’arrêt avec la crise du covid. Les bazars, les hôtels, les transports… tout est à l’arrêt ! Il faut dire aussi qu’on ne mise pas beaucoup sur le tourisme intérieur à Marrakech. On travaille uniquement avec des touristes étrangers. C’est dommage. Et il faut préciser que ce ne sont pas les propriétaires de ces business qui souffrent le plus, eux ils ont certainement des choses de côté. Ceux qui souffrent le plus ce sont les journaliers qui travaillent dans le secteur et qui souvent, n’ont aucune couverture sociale. Tout ça ne présage rien de bon, et je prie pour qu’on s’en sorte.  

Soutenir le tourisme sans oublier les autres secteurs !  

En raison du confinement lié à la pandémie de Covid-19, l’initiative 100 Villes, 100 Jours a été organisée par visioconférence à partir de la 59e étape. Ce sont ainsi les habitants de Marrakech qui ont été les premiers à tester ce nouveau dispositif.

Connectés simultanément avec les membres de la caravane des Indépendants, 171 participants ont pris part à cette réunion virtuelle pour débattre de la ville et de son futur. La cité impériale, qui compte parmi les plus belles destinations au monde, fait la fierté de ses citoyens et suscite de nombreuses recommandations.

Bien entendu, le tourisme est l’activité phare et chacun s’accorde à dire qu’il est important d’entretenir l’attractivité de Marrakech. Pourtant, les habitants soulignent qu’il ne faut pas oublier les quartiers plus populaires de l’ancienne médina et du reste de la ville, où la population se sent parfois marginalisée.

De même, il est recommandé de diversifier l’activité économique au-delà du tourisme, en soutenant par exemple les industries agroalimentaires ou l’artisanat. Cette attente répond à la problématique de la saisonnalité de certains emplois et s’est trouvée renforcée par les premières conséquences de la crise liée au Covid-19 au moment de la réunion. Développer de nouvelles activités pour réduire le chômage, notamment des jeunes, est un objectif prioritaire des citoyens.

Enfin, les participants ont largement signalé le manque de moyens du service public pour la santé et l’éducation. Selon eux, les établissements médicaux disposent de quelques bons médecins, mais c’est très insuffisant pour tous les habitants de la ville. Le centre hospitalier universitaire semble notamment manquer de personnel et d’équipements pour jouer pleinement son rôle. De même, les écoles publiques ne sont pas assez nombreuses pour accueillir tous les élèves et ces derniers sont menacés par la déscolarisation.

Pour les habitants, ces constats sont indignes d’une ville telle que Marrakech et des progrès doivent être réalisés rapidement.

Proposition des citoyens

  • Diversifier l’activité économique, en soutenant notamment les industries agroalimentaires et l’artisanat et développer davantage le tourisme national ;
  • Augmenter le nombre du personnel médical au CHU Mohammed VI et à l’hôpital Ibn Zohr et revaloriser les salaires des médecins du secteur public ;
  • Accorder une plus grande importance au service des urgences en y recrutant un personnel soignant compétent ;
  • Adopter une bonne gouvernance dans le secteur de la santé et améliorer les services d’accueil et l’accessibilité aux différents centres de santé ;
  • Activer la carte Ramed et élargir le champ de son utilisation ;
  • Adopter l’utilisation des nouvelles technologies dans l’enseignement, surtout que la pandémie du Covid 19 a démontré l’existence de beaucoup de lacunes dans l’enseignement à distance ;
  • Créer un secteur hybride, entre l’enseignement public et l’enseignement privé, dont les coûts seraient fixés par l’Etat, afin de lutter contre l’avidité de certains opérateurs de l’enseignement privé ;
  • Généraliser le préscolaire, le rendre obligatoire, et donner plus d’importance à la scolarisation des jeunes filles issues des quartiers périphériques, tout en assurant un service de transport scolaire à tous les élèves ;
  • Améliorer l’accessibilité aux personnes en situation de handicap ;
  • Palier le manque de moyens de transport (bus, taxis) et encourager la concurrence dans le secteur du transport urbain afin d’en améliorer la qualité ;
  • Aménager plus de maisons des jeunes, de centres culturels et de terrains de proximité ;
  • Améliorer le cahier de charges relatif à la gestion déléguée des déchets de la ville ;
  • Accorder plus d’importance aux services d’assainissement afin d’éviter un désastre environnemental à Marrakech ;
  • Réhabiliter les routes dégradées dans certains quartiers et aménager des marchés modernes de proximité comme solution définitive à la problématique des marchands ambulants.

100 Villes, 100 Jours : Sidi Ifni

Ayoub B.  

Nous sommes fiers de l’histoire des tribus d’Ait Baâmrane et de nos ancêtres, membres de l’armée de libération et de lutte contre la colonisation. C’est sans doute la chose qui nous rend fiers de notre ville, bien qu’il y ait des insuffisances en termes d’infrastructures. Nous avons besoin d’un renouveau urbain ! On s’appuie encore sur ce qui est resté de l’époque du protectorat. Avant, nous avions un aéroport, des établissements scolaires de niveau, un terrain de sport. Aujourd’hui, on n’a même pas de terrain de proximité, le seul terrain dont nous disposions fût emporté par les inondations en 2014. Pour ce qui est de l’aspect culturel nous avons une seule salle de représentation, la salle de la Marche verte, également vestige de l’époque coloniale. Hormis le festival du cinéma et de la mer, il n’y a pas vraiment d’activités durant l’année. Pas de stations touristiques, pas de parking pour les visiteurs durant l’été, lesquels, à force de tourner en rond finissent par plier bagage ! Le parking principal à proximité de la plage doit avoir une capacité de 15 voitures maximum ! Peut-on décemment aspirer à développer le tourisme avec un parking pour 15 voitures ? Pourtant le climat est agréable et la ville paisible. Beaucoup de personnes viennent de Guelmim et d’Assa en vertu de la proximité, mais l’absence d’infrastructures conduit à une accalmie. Finalement, notre seule ressource provient de la pêche qui a connu un progrès considérable avec l’allocation d’équipements ayant beaucoup aidé les associations locales, comme par exemple les remorques bateaux. Cependant, on espère que les choses ne s’arrêteront pas en si bon chemin : agrandir le port et améliorer les standards du marché aux poissons. Le marché actuel étant vieux et petit, il manque de commerces. Pour ce qui est de la santé, tout le Maroc souffre. Depuis la pandémie, c’est d’ailleurs le monde entier qui est en difficulté, mais Sidi Ifni manque des choses les plus simples ! Pour consulter un rhumatologue, le rendez-vous est sur quatre ou cinq mois. Il faut donc se rendre à Agadir, sur ces deniers personnels, et si tu n’en as pas, tu n’as nulle part où te soigner. La ville manque cruellement d’équipements ! Si par exemple cinq ou six femmes enceintes sont admises à l’hôpital, les suivantes n’auront plus de places et elles devront accoucher à même le sol. On souhaiterait également avoir de nouveaux collèges et lycées pour venir à bout du problème d’encombrement des classes. Lorsque l’enseignant se retrouve avec 40 élèves, il en vient à se demander si c’est pour les instruire ou pour lever une armée !  

Développer la culture de figues de barbarie et renforcer le tourisme  

Porte atlantique du Sahara marocain, Sidi Ifni a constitué la 73e étape de l’initiative 100 Villes, 100 Jours. En raison de la pandémie de Covid-19, la rencontre s’est déroulée par visioconférence et une centaine de participants a pu discuter via la plateforme numérique des Indépendants.

La capitale historique des tribus Aït Baâmrane fait la fierté de ses habitants, même si de nombreux problèmes se posent au quotidien. Durant la réunion, il a notamment été question des infrastructures de la ville : le réseau d’eau potable et la gestion des déchets ne sont pas satisfaisants et les citoyens espèrent de prochaines améliorations. De même, ces derniers regrettent le manque d’animation des lieux culturels, le peu d’entretien des espaces verts et l’absence d’une gare routière, qui pourrait aider au développement de la commune.

Car, pour le moment, Sidi Ifni connaît une faible activité économique et les participants pensent qu’il y a de nombreuses opportunités à saisir. Tout d’abord, la ville jouit d’un climat propice à la culture du figuier de barbarie, dont les pépins sont utilisés pour plusieurs produits cosmétiques et se vendent à un prix très élevé. En développant ce commerce, grâce à de meilleures techniques d’irrigation, la ville pourrait diversifier son économie, qui dépend essentiellement du port de pêche et du tourisme. Deux domaines qui pourraient également connaître des améliorations, selon les habitants, en soutenant davantage les coopératives et en proposant des services pour les touristes caravaniers et ceux attirés par les sports extrêmes, comme le surf ou le parapente.

Enfin, le sujet de la santé a été longuement débattu lors de la rencontre : l’absence d’un hôpital adapté à la taille de la ville et d’un service des urgences est notamment relevée par les citoyens. De plus, le peu d’équipements et de personnel médical dans l’hôpital de la ville contraint les patients à aller se soigner ailleurs. Or, le nombre limité d’ambulances et le coût du service ne permettent pas aux plus démunis d’en bénéficier.

Propositions des citoyens:

  • Renforcer les effectifs en personnel de santé, dans toutes les spécialités et assurer la disponibilité d’ambulances équipées ;
  • Assurer une bonne gouvernance, améliorer l’accès et l’accueil dans tous les établissements de santé ;
  • Garantir le respect des rendez-vous et réduire les délais d’attente ;
  • Ouvrir un dispensaire de santé à Tamahroucht et mettre en place un nombre suffisant de personnel médical à Tankkarfa et Ait Abdallah ;
  • Mettre en place des établissements scolaires, en particulier des collèges et des écoles communales mais aussi un centre de formation professionnelle et des maisons de jeunes ;
  • Réhabiliter l’école publique, soutenir les enseignants et renforcer les effectifs en personnel éducatif ;
  • Améliorer et élargir le réseau de voirie le plus rapidement possible et construire une gare routière ;
  • Libérer les terrains militaires pour attirer les investisseurs ;
  • Elargir le réseau d’eau potable ;
  • Créer un centre de traitement et de recyclage des déchets ;
  • Soutenir le tourisme, valoriser le patrimoine historique et la diversité culturelle de la ville et encourager le tourisme écologique, récréatif et naturel ;
  • Construire une salle couverte, aménager des terrains de proximité multisports dans toute la ville, soutenir les associations et mettre en œuvre les conventions sportives signées ;
  • Aider et accompagner les femmes à créer des coopératives pour promouvoir les produits locaux (arganier, orfèvrerie et broderie).

100 Villes, 100 Jours : Tiflet

Najoua B.  

Je suis née et j’ai grandi ici, mais comme beaucoup de jeunes de la ville j’ai dû partir ailleurs pour poursuivre mes études, parce que les possibilités de formations sont très réduites à Tiflet. Pas d’universités, ni d’écoles supérieures. Quand on obtient son bac on se retrouve obligé de quitter la ville et on doit affronter les difficultés liées aux transports et à la location à Khémisset, Kénitra ou Rabat. Et les coûts sont parfois exorbitants. J’avais demandé la bourse et une chambre à l’internat universitaire mais je n’ai obtenu ni l’une ni l’autre. Actuellement je travaille, et j’aurai voulu me consacrer à mon boulot la journée et continuer ma formation à travers des cours du soir mais ce n’est pas possible. Même pour une formation en langues étrangères, il faut la chercher ailleurs. C’est dommage pour une ville qui regorge de jeunes talents et qui a donné auparavant naissance à des médecins, des avocats, des ingénieurs, des professeurs universitaires. Le souci est que même ceux qui partent étudier et reviennent avec des idées de projets butent sur les contraintes. Nous ne demandons rien d’autre que l’assouplissement des procédures administratives, pour qu’on nous évite les allers retours inutiles. On aurait souhaité l’agrandissement du quartier industriel et qu’on attire de nouveaux investisseurs. A Tiflet il n’y a même pas de grandes surfaces commerciales, alors qu’on a du foncier disponible. C’est un secteur qui peut créer de l’emploi, et on évitera aux gens d’aller à Rabat ou Kénitra pour faire leurs achats. Une partie de la population dispose d’un pouvoir d’achat correct et cherche des produits de qualité mais ne les trouve pas. Certains d’entre eux se tournent alors vers l’achat en ligne. A Tiflet, nous avons un grand hôpital mais qui manque d’équipements, et le nombre de médecins est insuffisant. On peut y aller et être tordu de douleurs et ne pas trouver un médecin pour nous prendre en charge. Ou bien y aller et trouver que le scanner ou l’échographe sont en panne. Et en plus on ressent un manque d’attention envers le citoyen. Le budget dont dispose la ville doit aller vers les priorités des citoyens. La route a été refaite de l’entrée jusqu’à la sortie de Tiflet, mais est-ce que c’est suffisant ? C’est tout ce dont on a besoin ? Non ! Nous manquons encore de beaucoup de choses.  

Exploiter plus efficacement les ressources de la région  

Le 31 août 2020, c’est la ville de Tiflet qui a reçu la caravane virtuelle des Indépendants. Quelques dizaines d’habitants se sont ainsi connectés en visioconférence pour échanger avec plusieurs responsables politiques. Ils racontent que la commune dispose de nombreux atouts, mais que les citoyens en profitent peu.

Située à une cinquantaine de kilomètres de Rabat et desservie par l’autoroute menant à Fès, la ville jouit d’un emplacement stratégique. D’un côté, elle possède un statut de centre administratif, hérité de la période coloniale, de l’autre, elle est un lieu de commerce important pour les localités rurales de la région. Les agriculteurs viennent y échanger le produit de leurs récoltes : par exemple, la graine de semoule de Tiflet, réputée dans tout le Royaume, fait la fierté de ses habitants. Cependant, malgré cette spécialité et l’installation de l’unité industrielle d’Ain Jawhara, les participants déplorent le manque de retombées économiques pour la commune, où les opportunités de travail sont encore rares. Tous espèrent que des efforts pourront être réalisés pour mieux exploiter le potentiel de la région.

Le thème de la santé a été longuement abordé durant la réunion. L’hôpital est fortement critiqué, car il manque d’équipements et de personnels médicaux. Les habitants signalent également le peu d’ambulances et l’absence d’un service des urgences, qui les préoccupent particulièrement.

Enfin, le secteur de l’éducation préoccupe également les participants. D’une part, les établissements scolaires sont mal desservis, avec des classes surpeuplées qui nuisent à l’apprentissage des élèves. D’autre part, l’offre d’enseignement supérieur est pauvre et les étudiants doivent souvent faire leurs études dans d’autres villes, ce qui pèse sur le budget de leur famille. Ainsi, un grand nombre d’entre eux se résignent à abandonner leurs projets universitaires.

Propositions des citoyens:

  • Attirer plus d’entreprises dans l’unité industrielle d’Ain Jawhara et dans la ville d’une manière générale, afin de créer de l’emploi pour les habitants de la région ;
  • Donner la priorité aux habitants de la ville en matière d’emploi ;
  • Construire un hôpital disposant de l’ensemble des spécialités surtout d’un service des urgences, ainsi que des dispensaires de proximité ;
  • Mettre en place les équipements nécessaires dans les établissements de santé ainsi que des ambulances et les doter des ressources humaines nécessaires à leur bon fonctionnement ;
  • Construire une antenne universitaire pluridisciplinaire, ainsi que des centres de formation professionnelle, et mettre en place un transport universitaire afin que les jeunes puissent étudier dans leur ville plutôt que d’abandonner leurs études ;
  • Aménager de nouvelles écoles et améliorer l’infrastructure des écoles existantes pour lutter contre l’encombrement, puis mettre en place un service de transport scolaire ;
  • Doter les établissements scolaires de ressources humaines compétentes afin d’améliorer la qualité de l’enseignement public.

100 Villes, 100 Jours : Beni Mellal

Soumia L.  

Je suis étudiante à l’université, je suis presque à la fin de mon cursus et je vous avoue que j’ai beaucoup d’appréhensions pour l’avenir. Quand je vois le marché de travail local, je me dis qu’à part créer mon propre commerce, il n’y a pas vraiment d’autres opportunités professionnelles à Beni Mellal. Je parle de vraies opportunités ! Parce qu’il arrive qu’on trouve des jobs mais avec des salaires dérisoires, voire insultants. On nous propose des salaires d’environ 1000 à 1500 dirhams, et on nous demande de travailler dur toute la journée. Faire des études supérieures pour toucher un tel salaire, je trouve que c’est inacceptable. En fait, il n’y a pas de respect des salaires minimums, surtout dans la zone industrielle. D’ailleurs, à l’exception des hypermarchés connus, rares sont les employeurs à Beni Mellal qui font travailler leur personnel dans un cadre formel, en les déclarant à la sécurité sociale. 
Autre point : les travaux d’aménagement qui n’en finissent pas ! Ça fait quatre ans qu’ils refont les routes. Quatre ans qu’ils nous disent qu’ils sont en train d’arranger le paysage de la ville, mais on ne constate même pas de réels changements.
Notre région a de grands potentiels touristiques et agricoles, mais qui sont malheureusement peu exploités. Nous demandons une meilleure gestion de l’eau, un soutien aux agriculteurs et une meilleure exploitation de nos ressources naturelles pour attirer plus de touristes et créer ainsi des opportunités de travail pour la population locale.
Je pense que les problèmes sont nombreux mais malgré toutes les difficultés, il ne faut pas rester là à se lamenter et tout mettre sur le dos de la ville ou du pays. Il faut se relever, bouger et petit à petit, les résultats suivront.

Construire une dynamique autour du tourisme et de l’agriculture  

Capitale régionale nichée au pied de l’Atlas, Beni Mellal fait la fierté de ses habitants. Ses richesses agricoles, sa source Ain Asserdoun et ses magnifiques paysages sont cités comme autant de qualités par les 500 participants venus accueillir la caravane des Indépendants. Ces atouts sont pourtant peu exploités et la commune connaît de nombreuses difficultés.

La ville domine la plaine du Tadla, dont la majorité des terres relève du périmètre irrigué par le barrage de Bin el Ouidane. La vue depuis le belvédère d’Afourer montre que Beni Mellal et ses environs possèdent d’importantes ressources hydriques, bénéficiant à des terres réputées pour leur agriculture : agrumes, céréales, betterave à sucre, olive, grenade, etc. Cette production, bien qu’importante, pourrait être nettement renforcée et diversifiée par l’introduction de cultures à haute valeur ajoutée.

Une meilleure valorisation des récoltes passe par l’installation d’industries agro-alimentaires et la mise en service d’un marché de gros dédié aux produits agricoles. Ce dernier, très attendu, devrait offrir plus de débouchés aux produits locaux et une meilleure rétribution de l’effort fourni par les agriculteurs.

Si le chômage reste faible dans les campagnes alentour, la ville de Beni Mellal pâtit de son faible dynamisme économique. C’est naturellement la problématique principale des citadins et en particulier des diplômés, qui sont à la fois les plus touchés et ceux qui expriment le plus leur frustration. Il est donc indispensable d’offrir des opportunités d’emploi décent, en particulier aux jeunes, en soutenant par exemple les coopératives agricoles et les initiatives liées au tourisme,et notamment le tourisme vert.

Les participants sont convaincus qu’il existe une main-d’œuvre qualifiée et compétente qui pourrait rapidement se mettre au service d’une nouvelle dynamique. Il est urgent d’agir, car les jeunes de Beni Mellal sont en train de perdre patience et dénoncent plusieurs dysfonctionnements de gestion qui empêchent le développement de la ville. De même, plusieurs personnes s’inquiètent d’une hausse de la consommation de drogues, qui engendre un sentiment d’insécurité. Le phénomène toucherait même les écoles, où les enseignants, peu nombreux, ont du mal à faire face pour accomplir leur mission correctement. L’abandon scolaire est un véritable fléau. La santé est l’autre grand sujet de préoccupation des participants. L’hôpital régional concentre une bonne partie des critiques : manque d’équipements, de médecins, d’infirmiers qualifiés, etc. Le favoritisme et le clientélisme, qui privent de soins les plus démunis, sont largement dénoncées. Plus généralement, la ville aurait besoin de dispensaires de qualité et de compétences pour tenir son rang de capitale régionale.

Propositions des citoyens:

  • Construire des dispensaires de proximité et doter l’hôpital des équipements nécessaires ;
  • Diversifier l’offre de soins à l’hôpital provincial en proposant de nouvelles spécialités ;
  • Augmenter le nombre d’ambulances ;
  • Garantir la disponibilité des médicaments, notamment pour les maladies chroniques ;
  • Mettre en place une inspection plus régulière des établissements de santé et des écoles ;
  • Augmenter le nombre de classes pour faire face à l’encombrement et proposer des services de transport scolaire ;
  • Finaliser le projet d’agropole et exploiter les richesses de la région (citron, olive etc…) ;
  • Assurer plus de formations et d’accompagnement aux agriculteurs ;
  • Créer plus d’opportunités d’emploi et renforcer l’inspection du travail ;
  • Développer le tourisme intérieur en exploitant les richesses naturelles de la région ;
  • Résoudre le problème des bidonvilles et trouver des alternatives pour les personnes concernées.

100 Villes, 100 Jours : Berrechid

Abdellah M.  

Le premier point à aborder est celui des eaux usées ! Il y a souvent des problèmes et des fuites qui causent beaucoup de dégâts. Il y a eu des efforts de réparation des routes et des trottoirs mais pour ce qui est des eaux usées, ce n’est toujours pas réglé. En gros, on répare la façade et c’est tout ! A côté de ça , il y a également le problème des charrettes. En l’absence de vrais moyens de transport, les charrettes restent le moyen le plus utilisé par les gens qui viennent des quartiers  périphériques de la ville. Mais c’est trop ! Allez voir le carrefour des rues de Damas et de la Marche verte: ça bloque la circulation, les klaxons fusent et c’est un brouhaha incroyable. Les bêtes au milieu de la route et  personne n’intervient pour organiser ça ou l’interdire. Il faut également inculquer des valeurs de civisme et de patriotisme. Et pour cela, il faut commencer dès le plus jeune âge et ça passe forcément par l’école. Malheureusement nos écoles ne remplissent pas ce rôle. Et il y a plus grave. Par exemple, aux abords de quelques écoles comme Chahed Mekki ou Général Kettani, on trouve des dealers qui vendent de la drogue aux élèves. Il faut trouver une solution à ça ! La santé ne concerne pas que le corps, mais aussi tout ce qui est psychologique ! Je ne sais pas si c’est une lacune de notre système de santé ou bien est-ce que c’est un sujet tabou chez nous.  Nous avions un hôpital psychiatrique de renommée internationale. Il y avait un lac avec des poissons, une forêt, des oiseaux, un terrain de foot, un cinéma, on se serait cru en Europe. Demandez aux natifs de Berrechid, ils vous raconteront.. Et maintenant ? C’est devenu une ruine, tout a disparu.! Les responsables doivent visiter l’hôpital pour prendre conscience de ce qu’on y vit. Les personnes qui y sont internées souffrent beaucoup ! Les accouchements posent problème. Il arrive souvent qu’une femme enceinte se présente et qu’on lui dise que c’est un cas compliqué et qu’il faut aller à Settat. Et une fois là-bas elle accouche normalement. Est ce que c’est parce que ceux d’ici ne sont pas suffisamment compétents, je ne sais pas… Et pour continuer ce que je disais à propos de l’enseignement, nous devons soit payer des heures supplémentaires pour les enfants, soit les inscrire dans une école privée. Et vous savez comment ça marche dans le privé. Dès qu’on se pointe, il faut commencer déjà par payer les frais de dossier et puis chaque année les tarifs augmentent. Voilà ça donne un peu une idée sur ce système…  

Rénover la ville et ses hôpitaux   

Ville réputée pour ses secteurs agricole et industriel, Berrechid fut l’une des étapes les plus productives de la caravane des Indépendants. Les échanges ont en effet été très riches, avec 600 participants particulièrement intéressés par l’évolution de la commune.

Les habitants sont très fiers de leur histoire et notamment de la tribu des Ouled Hriz. L’identité de la ville en est très imprégnée et plusieurs personnes regrettent qu’il n’y ait pas plus d’événements culturels tout au long de l’année. Plus généralement, les participants trouvent que Berrechid est mal entretenue et que ses infrastructures sont dépassées, notamment en ce qui concerne l’eau, l’électricité et l’assainissement. De même, ils estiment que les routes sont en mauvais état, malgré de récents efforts, et qu’il n’y a pas assez de transports en commun pour réellement développer la commune.

Aussi, malgré le fort potentiel agricole et industriel, les opportunités de travail sont rares et le taux de chômage demeure élevé depuis plusieurs années. Certains y voient une cause de l’augmentation préoccupante de la criminalité en ville. Pour progresser, les habitants recommandent de développer la zone industrielle et de construire plus de logements sociaux. Ils ajoutent également qu’il est urgent de lutter contre le favoritisme dans le marché du travail.

En ce qui concerne le secteur public, les besoins sont aussi très importants. Le célèbre hôpital psychiatrique n’est plus que l’ombre de lui-même et les autres établissements ne sont pas suffisamment équipés. Les services médicaux sont décrits comme totalement débordés et les patients doivent se rendre à Settat ou à Casablanca pour plusieurs spécialités, alors que le nombre d’ambulances médicalisées reste très faible.

Enfin, le secteur de l’éducation semble logé à la même enseigne : les salles de classe sont surpeuplées et il est très difficile pour les élèves de suivre leurs cours.

 Proposition des citoyens  

  • Réhabiliter l’hôpital provincial et augmenter sa capacité afin d’accueillir plus de patients. Construire et requalifier les dispensaires afin de réduire la pression sur l’hôpital provincial ;
  • Mettre à disposition les équipements nécessaires (scanner et radio) et un nombre suffisant de personnel médical au sein de l’hôpital provincial ;
  • Garantir de bonnes pratiques en terme de gouvernance dans le secteur de la santé, tout en améliorant l’accueil et l’accès dans tous les établissements de santé, en particulier au sein l’hôpital provincial ;
  • Agrandir le service de maternité et mobiliser plus de personnel soignant ;
  • Étendre la couverture médicale et l’offre de soins au profit des détendeurs de la carte Ramed ;
  • Aménager des centres au profit des personnes en situation de handicap et des personnes atteintes de trisomie et d’autisme ;
  • Améliorer l’état de la route reliant Berrechid à Had Soualem ;
  • Assurer l’accès à l’eau potable et élargir le réseau d’assainissement à tous les quartiers de la ville ;
  • Mettre en place un suivi et un encadrement au profit des jeunes chômeurs, leur permettant d’accéder au marché du travail, développer les institutions dédiées telles que l’ANAPEC et augmenter le nombre de centres de formation professionnelle ;
  • Assurer l’application du code du travail et de la législation en ce qui concerne le nombre d’heures travaillées et assurer un contrôle à travers l’inspection du travail ;
  • Créer des marchés modernes de proximité dans la plupart des quartiers de la ville ;
  • Lutter contre l’abandon scolaire surtout dans les quartiers périphériques, en améliorant et subventionnant le transport scolaire, ainsi qu’en créant de nouvelles écoles pour limiter l’encombrement de celles déjà existantes ;
  • Élargir le champ d’action du programme Tayssir au profit des familles en situation de précarité ;
  • Faire face à l’habitat informel qui subsiste dans la périphérie de la ville ;
  • Aménager des centres de protection de l’enfance et des centres d’accompagnement pour les personnes en situation difficile ;
  • Prendre en considération le manque d’espaces verts et mettre en place des parcs, des jardins publics et des terrains sportifs de proximité ;
  • Mettre à disposition des établissements tels qu’un théâtre, un conservatoire de musique, et un centre culturel.

  • 100 يوم 100 مدينة : خلاصات محطة برشيد

100 Villes, 100 Jours : Ait Ourir

Souad B.

Même si la ville se trouve dans un bel endroit, entourée de montagnes et de jolis paysages naturels, l’activité touristique est quasi inexistante. Et même quand des touristes viennent visiter la région, ils partent plutôt à Ourika ou Taghdouin. Nous n’avons pas non plus d’usines ou d’autres activités structurées, et donc il n’y a pas vraiment d’opportunités de travail ici. Pour en chercher il faut aller à Marrakech. Qu’est-ce qui reste alors ici ? Les petits commerces et quelques occasions pour les journaliers du bâtiment. A Ait Ourir, il y a des quartiers avec des problèmes d’eau, d’autres avec des problèmes d’électricité et nous avons surtout un souci de gestion des eaux usées. Les routes aussi sont dans un état catastrophique ! Elles sont dégradées et manquent de signalétique. Dans plusieurs endroits, vous allez voir qu’il n’y a même pas de panneau stop. La ville s’est agrandie. Maintenant sur la route on a aussi le problème des vendeurs ambulants qui bloquent la circulation. C’est très compliqué de circuler. Ces gens n’ont pas de marché dédié pour vendre leurs marchandises alors ils s’installent au beau milieu de la chaussée. Il faut dire aussi que le blocage du conseil communal pendant plusieurs années a beaucoup affecté la gestion de la ville.
Nous avons également besoin de jardins où faire sortir les enfants et d’un centre culturel. Le centre a été construit mais n’a pas été ouvert,on ne sait pas pourquoi. D’un autre côté, la maison des jeunes actuelle ne répond pas aux besoins de la population locale. Cet espace n’est pas suffisamment animé. 
Pour finir, le grand problème ici reste tout de même celui de la santé. Ça fait des années que l’hôpital est en cours de construction et on ne sait pas encore s’il est prêt ou pas. En tout cas on n’a encore rien vu ! Pour l’instant, on continue d’aller au petit dispensaire qui accueille non seulement la population d’Aït Ourir mais aussi d’autres communes d’Al Haouz. Et il n’est absolument pas suffisant !

Valoriser les atouts touristiques et achever l’hôpital

Deux mois après le début du confinement au Maroc, l’initiative 100 Villes, 100 Jours a réuni 177 habitants de Aït Ourir en visioconférence. Connectés depuis leur ville au pied du Haut Atlas, les participants ont exprimé leur plaisir de vivre dans un bel environnement naturel, mais aussi leur frustration de voir leur commune se marginaliser peu à peu.

Les citoyens pensent que leur localité est idéalement située, sur l’axe reliant Marrakech à Ouarzazate, et qu’elle devrait profiter davantage de ses atouts touristiques. Son patrimoine culturel et historique n’est pas assez valorisé, alors que la ville possède une forte identité.

Selon les participants, ce manque à gagner est d’autant plus important que Aït Ourir ne bénéficie pas suffisamment des richesses agricoles de la région. Ainsi, l’activité économique est faible et les opportunités de travail sont rares. Depuis plusieurs années, le taux de chômage augmente et de plus en plus de personnes vont chercher un emploi à Marrakech. Pour attirer des entreprises ou des investisseurs, les habitants déclarent qu’il faudrait améliorer les infrastructures urbaines : l’éclairage public, le réseau d’eau potable ou encore l’assainissement sont notamment cités parmi les chantiers prioritaires. De plus, un soutien aux coopératives agricoles permettrait de développer une véritable offre en produits du terroir, avec par exemple le miel de caroubier ou l’amande de Haha.

Au-delà du volet économique, les citoyens sont également préoccupés par le secteur de la santé. Le lancement des travaux pour la réalisation d’un centre d’hémodialyse en juillet 2020 semble prometteur, car tous constatent l’incapacité des dispensaires et de l’hôpital à pouvoir traiter convenablement les patients. Le manque d’équipements médicaux et la pénurie de médecins poussent la population à se diriger vers Marrakech pour se faire soigner, lorsqu’elle le peut et seulement si elle trouve une ambulance disponible.

Enfin, bien que de nouveaux établissements scolaires aient ouvert récemment, la situation de l’enseignement reste précaire à Aït Ourir. Les écoles sont mal desservies et manquent de moyens humains et matériels pour accueillir correctement tous les élèves de la commune.

Propositions des citoyens

  • Accélérer la construction du nouvel hôpital dont les travaux se sont arrêtés ;
  • Fournir un nombre suffisant de cadres médicaux de diverses spécialités au centre de santé d’Ait Ourir et renforcer ses équipements ;
  • Créer des dispensaires de proximité, fournir un nombre suffisant de personnel médical, les équiper des fournitures et des équipements nécessaires et aménager un service de maternité conforme aux normes ;
  • Adopter une bonne gouvernance en améliorant l’accès et l’accueil dans les différents centres de santé, notamment dans le centre de santé très fréquenté d’Ait Ourir ;
  • Activer la carte Ramed et élargir son champs d’utilisation ;
  • Diversifier l’offre touristique, d’autant plus que la région possède des sites touristiques spectaculaires, notamment la commune de Sti Fadma et Ait Aourir ;
  • Encourager l’économie sociale et solidaire et créer des marchés de proximité au profit des marchands ambulants afin de leur permettre de travailler dignement ;
  • Traiter les problèmes d’assainissement dans certains quartiers périphériques , notamment le problème des eaux usées qui sont déversées dans l’oued El-Zat et à proximité des douars voisins ;
  • Créer une annexe universitaire et diversifier l’offre dans le domaine de la formation professionnelle au profit des étudiants de la ville ;
  • Ouvrir de nouveaux établissements d’enseignement pour réduire la surpopulation dans les classes. Construire, équiper, entretenir et remettre à niveau les écoles, tout en s’appuyant sur la technologie moderne dans le processus éducatif ;
  • Lutter contre l’abandon scolaire en créant plus d’écoles, améliorer et soutenir le transport scolaire et prêter attention à la scolarisation des filles dans les quartiers marginaux de la ville ;
  • Généraliser le programme “Tayssir” et augmenter le montant de l’aide octroyée aux familles bénéficiaires ;
  • Rendre obligatoire le préscolaire ;
  • Revoir l’infrastructure des seguias qui causent des problèmes d’inondations.
  • Réhabiliter les routes, créer de nouveaux accès à la ville et agrandir l’assiette foncière en tenant en compte la densité de la population ;

100 Villes, 100 Jours : Biougra

El Houcine B.  

La ville n’a pas une identité claire ! Pas de vision pour le futur non plus ! On ne sait pas si on veut juste continuer à attirer du monde pour travailler dans les domaines agricoles de la région ? Est ce qu’on veut diversifier l’activité économique ? Est ce qu’on veut un rayonnement culturel ? On n’a fait aucun effort pour construire l’image de la ville, alors quand on parle de Biougra ailleurs, personne ne sait où elle se trouve ! Biougra vient de “Bi Goura” qui veut dire “Celle qui a des portes” mais malheureusement, les deux portes principales de la ville ont été détruites. L’architecture de la ville ne raconte pas son histoire et ne respecte aucune esthétique. En tant que chef-lieu de la province Chtouka Ait Baha, Biougra devrait disposer de tout ce qui caractérise une ville moderne, avec des avenues propres, des équipements, une activité culturelle et sportive de qualité, mais on n’a rien de tout ça ! Nous avons droit au strict minimum en termes de services. En d’autres termes, nous avons accès à l’eau, l’électricité et à un petit débit d’Internet. D’un autre côté, nous avons des routes dégradées, des problèmes d’eaux usées et d’éclairage public, nous avons des structures culturelles qui ne correspondent pas à nos ambitions et un manque de terrains sportifs de proximité ! Nous n’avons pas non plus de crèches et nous déplorons le manque d’infrastructures au niveau du quartier industriel, du marché hebdomadaire même s’il connaît une grande affluence, et également dans quelques quartiers comme Souama ou Derb Gnaoua. La majorité des personnes qui vivent ici travaillent dans les domaines agricoles avoisinants. Ces gens-là, il faut leur donner un minimum de considération et respecter leur dignité. Il leur faut d’abord un service de transport : on ne fait que les mettre dans des pick-ups. C’est humiliant ! Il leur faut aussi un habitat décent et des logements sociaux. On a eu un seul projet économique ici. Rien de plus. Et puis l’autre souci maintenant c’est qu’il faut passer par des intermédiaires pour travailler, et dans le noir ! Je me demande aussi pourquoi il n’y a aucune offre de formation en agronomie dans une région qui vit de l’agriculture ? Nous avons un centre de formation professionnelle qui propose trois ou quatre spécialités uniquement et aucune annexe universitaire dans cette ville, chef lieu de la province ! Sur le plan de la santé, nous avons des quartiers qui comptent plus de 10.000 habitants et qui n’ont pas de dispensaire. Résultat : tout le monde s’entasse à l’hôpital Mokhtar Soussi. Ce n’est pas viable !

Améliorer les infrastructures et mieux exploiter l’agriculture  

Deuxième étape de l’initiative 100 Villes, 100 Jours, Biougra a fait bon accueil aux Indépendants. Ce sont 400 citoyens qui sont venus débattre de la situation actuelle et des perspectives de la ville. Les sujets abordés furent nombreux, tant la commune connaît des difficultés, en dépit de son développement récent.

Très attachés à leur culture amazighe, les habitants sont soucieux de préserver leur patrimoine. Ils apprécient le calme et la sécurité des lieux, mais souhaiteraient une amélioration des infrastructures, notamment sanitaires.

Il y a beaucoup à faire dans le secteur de la santé. Le seul hôpital Mokhtar Soussi ne suffit pas pour une ville aussi grande. Son équipement est très limité, le personnel médical est insuffisant et il ne compte aucun service de réanimation. Beaucoup d’habitants critiquent les soins qui y sont pratiqués et dénoncent la corruption, qui laisse de côté les plus démunis.

D’un point de vue économique, la situation préoccupe tout le monde. Malgré le développement de la ville, le taux de pauvreté reste très élevé et les opportunités de travail sont peu nombreuses. Les participants évoquent le besoin d’une nouvelle zone industrielle et la nécessité de mieux exploiter le secteur agricole, dont ils sont très fiers. Pour cela, il faudrait soutenir les initiatives locales, mais aussi offrir de meilleures conditions aux travailleurs qui viennent de loin : pour le moment, ils n’ont ni logements corrects, ni moyens de transport adaptés. En outre, plusieurs personnes regrettent que certaines entreprises ne respectent que très peu la législation du travail.

L’éducation est aussi citée parmi les problèmes de Biougra. Avec des classes de plus de cinquante élèves, les écoles publiques ne peuvent pas faire face à la situation et les écoles privées se multiplient. Les enseignants manquent de moyens et sont souvent critiqués par les parents, qui regrettent leur faible implication. Tous sont conscients que le niveau se dégrade et que des efforts sont nécessaires pour augmenter la capacité des écoles.

Propositions des citoyens:

  • Mettre en place davantage de médecins spécialisés et de cadres paramedicaux efficaces et compétents et assurer la disponibilité des médicaments, notamment ceux des maladies chroniques ;
  • Équiper l’hôpital provincial avec plus de matériel médical (scanner, radio), mettre en place un service de maternité et un service d’urgence et y améliorer l’accueil et l’accès;
  • Agrandir l’hôpital provincial, le doter de plus de spécialités et construire des dispensaires de proximité afin d’étoffer l’offre de soin ;
  • Diversifier les domaines d’emploi sans se limiter au domaine agricole et créer un pôle industriel et de services (offshoring) ;
  • Renforcer l’inspection du travail, notamment en ce qui concerne le nombre d’heures travaillées et le salaire minimum ;
  • Accompagner et encadrer les jeunes demandeurs d’emploi pour leur permettre d’entrer sur le marché du travail et renforcer le rôle de l’ANAPEC ;
  • Revoir la fiscalité des secteurs commerciaux, artisanaux et tertiaires ;
  • Aménager des terrains de proximité et des maisons des jeunes ;
  • Encourager l’économie sociale et solidaire afin de lutter contre la pauvreté, la précarité et les disparités sociales ;
  • Aménager des espaces verts et résoudre les problèmes liés à l’assainissement ;
  • Revoir le cahier des charges du contrat de transport public;
  • Mettre en place plus de conteneurs à déchets dans les quartiers de la ville.



100 Villes, 100 Jours : Essaouira

Mohamed M.  

La priorité ici c’est l’emploi. Essaouira compte principalement sur la pêche et le tourisme. On avait une dizaine d’usines avant, de cuir, de farine. Elles ont toutes fermé. Plus d’industrie ! Il reste uniquement deux usines de poisson. Nous n’avons plus beaucoup d’opportunités de travail et la situation s’est aggravée encore plus avec “Corona”. Parce que même le tourisme, qui sauvait un peu la situation, s’est arrêté net. Le festival n’a pas eu lieu, pareil pour les autres événements culturels et sportifs. Et l’artisanat a connu un coup d’arrêt aussi, puisqu’il dépend du tourisme. On souhaite vraiment que l’autoroute qui arrive jusqu’à Safi soit prolongée jusqu’à Essaouira. Si vous passez par la route côtière actuelle, je peux vous assurer que vous aurez peur pour votre vie. La route est dégradée et il y a toujours des accidents. Et en réalisant ce projet, il est certain qu’une dynamique touristique se créera et des opportunités de travail verront le jour. Imaginez une autoroute qui commence à Tanger et arrive jusqu’à Essaouira, vous réalisez le nombre de personnes qui seront motivées à venir ? C’est évident. Lorsqu’il y a une infrastructure solide, on peut espérer développer le tourisme. Pour la pêche, le port a été élargi mais ça reste insuffisant. Quand c’est la période des anchois, les bateaux commencent à se bousculer à Essaouira et il n’y a plus de place pour les locaux. Il y a aussi le problème du marché aux poissons. Les travaux avaient commencé, mais sont actuellement suspendus. J’ignore pourquoi… D’autres lacunes concernent le secteur de la santé. L’hôpital Sidi Mohammed Ben Abdellah est souvent encombré. Vu qu’il n’y a pas vraiment de centres de santé dans les environs, tout le monde vient ici. Quand on va aux urgences, on reste des heures debout à attendre. Quand on demande un rendez-vous, il faut compter un délai de trois mois environ. Je ne sais pas si c’est un manque de médecins ou autre chose. Alors on n’a plus confiance en l’hôpital public. Ma femme accouchera bientôt et je sais que je vais l’emmener à la clinique. Elle aura les mêmes médecins de l’hôpital mais je sais qu’on y sera mieux accueillis et mieux traités puisqu’on paie. Mais celui qui n’a pas les moyens, il fait comment ? C’est ça le problème.  

Développer le tourisme et diversifier l’économie locale  

En mai 2020, près de 200 habitants d’Essaouira ont participé à la réunion virtuelle organisée dans le cadre de l’initiative 100 Villes, 100 Jours. Cet échange avec les Indépendants, à propos de l’avenir de la commune, s’est avéré très fructueux: les participants sont très fiers de leur ville, considérée comme l’une des plus belles du Maroc, et souhaitent absolument la préserver. A commencer par sa célèbre médina, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Pour conserver son attrait touristique, tous estiment qu’il est indispensable de protéger son patrimoine historique, parfois délaissé, tout en soutenant des programmes culturels, dans le sillage du célèbre Festival Gnaoua. De plus, les citoyens voudraient être mieux reliés au reste du pays, avec l’arrivée du train ou le prolongement de l’autoroute depuis Safi, afin d’attirer encore plus de touristes.

En effet, l’ancienne cité de Mogador est très dépendante de cette activité saisonnière. En dehors de la pêche, les opportunités d’activité sont peu nombreuses et plusieurs usines ont récemment fermé leurs portes, tandis que l’artisanat n’est pas en mesure de proposer suffisamment d’emplois. Ainsi, depuis plusieurs années, le taux de chômage augmente à Essaouira, surtout chez les jeunes, et les participants soulignent l’importance de diversifier l’économie locale. Pour cela, ils recommandent d’encourager les porteurs de projets, en simplifiant par exemple les formalités administratives pour les entrepreneurs et en les accompagnant, à la fois financièrement et moralement.

Par ailleurs, le secteur public est également critiqué lors de la réunion. L’hôpital de la ville est débordé, car il manque d’équipements et de personnel depuis longtemps. Le dysfonctionnement du service des urgences inquiète l’ensemble des habitants. De même, la faiblesse des infrastructures est montrée du doigt dans l’éducation, avec des écoles encombrées et des filières de formations professionnelles trop peu nombreuses pour inciter les jeunes à rester à Essaouira.

Enfin, les citoyens insistent sur un dernier point important : l’accès au logement. Des progrès sont ainsi attendus pour que la population puisse vivre dans de meilleures conditions au quotidien.

Propositions des citoyens:

  • Renforcer les effectifs en personnel soignant, en particulier au sein de l’hôpital provincial ;
  • Doter le service de maternité de plus de médecins afin d’assurer la qualité des soins ;
  • Rendre effective la carte Ramed et élargir le champs de son utilisation ;
  • Améliorer l’offre sanitaire des dispensaires de santé, renforcer leurs effectifs et les équiper du matériel nécessaire, afin de réduire l’encombrement que subit l’hôpital provincial ;
  • Assurer une bonne gestion au sein des établissements de santé, en nommant des responsables compétents et améliorer l’accessibilité et l’accueil ;
  • Améliorer le cahier des charges relatif au nettoyage et à la propreté de la ville et régler les problèmes d’assainissement dans certains quartiers périphériques ;
  • Relier Essaouira à l’autoroute Casablanca-Safi afin d’encourager l’investissement et le tourisme, et s’assurer que la ligne de train à grande vitesse Casablanca-Agadir passe par Essaouira ;
  • Permettre un développement de l’urbanisation de la ville en levant les restrictions mises sur les forêts entourant la ville ;
  • Développer l’offshoring et les centres d’appel, pour créer de nouvelles opportunités d’emploi ;
  • Protéger l’artisanat local de la concurrence et mettre en place des avantages fiscaux en faveur des artisans de la ville ;
  • Renforcer la flotte de transport en commun, en particulier les taxis et les bus ;
  • Renforcer l’offre touristique locale en élargissant la station balnéaire de Diabat ;
  • Diversifier l’offre touristique de la ville, en capitalisant sur les atouts de la région, en particulier à Chiadma et Haha ;
  • Accélérer les travaux du port de Ouassen, dont les études sont désormais finalisées ;
  • Réaliser une zone industrielle franche et accorder des avantages fiscaux afin d’attirer les investisseurs ;
  • Améliorer l’offre en transport scolaire afin de lutter contre l’abandon scolaire, en particulier celui des jeunes filles ;
  • Élargir le programme ”Tayssir” et l’octroi de bourses universitaires et augmenter le montant des aides ;
  • Lutter contre l’analphabétisme, en particulier celui des femmes et renforcer le rôle de l’entraide nationale à travers des programmes de développement destinés aux femmes ;
  • Renforcer les maisons des jeunes en créant de nouveaux établissements équipés et prêts à accueillir les associations locales;
  • Assurer des subventions au profit des associations sportives, en particulier celles qui s’occupent des jeunes et des enfants ;
  • Généraliser les terrains de proximité disposant d’équipements pour la pratique de plusieurs sports ;

100 Villes, 100 Jours : Azzemour

Mourad G.  

Nous n’avons pas d’infrastructures publiques à la hauteur, comme les espaces verts, les parcs pour enfants ou encore les terrains de proximité. Nous avions un jardin où nous sortions souvent sur l’avenue Mohammed V, mais il a été rasé. Les terrains de proximité ont subi le même sort, le dernier en date est celui qui est en face de l’hôpital vers le quartier Oum Errabii. Et quand ils aménagent un coin, ça coûte énormément sans que le résultat ne soit satisfaisant. La ville connaît aussi un gros problème depuis que les eaux usées commencent à être déversées du côté de l’Oued Oum Errabii. Une catastrophe environnementale ! Dernièrement on a trouvé un tas de poissons morts. Ça fait mal au cœur. Les opportunités de travail sont rares ici. Beaucoup essaient d’en trouver dans le quartier industriel d’El Jadida alors qu’il n’arrive même pas à absorber la demande des locaux. Il faut également trouver des terrains alternatifs pour les marchés hebdomadaires.”Souk Tlat” était très actif mais ils l’ont déplacé une fois qu’ils ont vendu le terrain pour en faire un projet immobilier. Et le terrain proposé pose également des problèmes et les marchands ont été obligés de l’évacuer. Pareil pour “Souk Laghzal ».  En ce qui concerne le secteur de la santé, nous avons bien un hôpital mais nous n’avons toujours pas de santé. L’hôpital est encore neuf mais il manque d’équipements. Et le sens du service est inexistant. Sur les murs on voit des pancartes de lutte contre la corruption mais il n’y a personne pour lutter. Même une femme sur le point d’accoucher est parfois contrainte de négocier combien elle doit payer pour être prise en charge. Évidemment il ne faut pas généraliser. Le tourisme se portait déjà mal, mais là c’est encore pire. Je ne comprends pas pourquoi on fait des travaux dans la ville pendant l’été. On creuse partout alors les gens préfèrent passer leurs vacances ailleurs. Et puis nous n’avons ni animation culturelle, ni manifestation sportive, ni rien. Azemmour est parmi les plus anciennes villes du Maroc, avec une histoire et un patrimoine qui ne sont malheureusement pas exploités.  

Exploiter enfin les atouts de la ville et développer le secteur médical  

Fin novembre 2019, les habitants d’Azemmour avaient rendez-vous avec les Indépendants, à l’occasion de la sixième étape de l’initiative 100 Villes, 100 Jours. Ce sont ainsi 400 participants qui ont pris part à cette rencontre, pour souligner notamment le potentiel économique, patrimonial et touristique inexploité de leur commune. D’après eux, cette ville, chargée d’histoire et située à proximité de plusieurs lieux touristiques, est délaissée et souffre d’une image dégradée.

Pour commencer, les citoyens déplorent l’état du secteur de la santé, que le nouvel hôpital n’a pas amélioré. Les équipements et le personnel sont très insuffisants et certains avancent de faibles niveaux de densité médicale et paRamedicale dans la ville d’Azemmour et dans toute la province. De plus, la gestion est très critiquée, avec des allégations nombreuses de mauvaise gestion et la dénonciation de faits de négligence des personnes détenant une carte Ramed. Il faut donc souvent aller se faire soigner ailleurs, mais les ambulances sont rares elles aussi.

Le sentiment de négligence est également fort au niveau économique. En dépit d’atouts touristiques et patrimoniaux indiscutables, avec sa magnifique médina ou le site d’Oued Oum Errabii, Azemmour ne bénéficie pas de dynamique d’activité suffisante. Pire encore, des édifices historiques, tels que la citadelle portugaise, la Capitainerie ou les Borjs, ne sont pas entretenus correctement.

Par ailleurs, la commune ne dispose pas de zone industrielle, ce qui ne facilite pas l’installation des entreprises et la création d’emplois. Le chômage reste donc élevé. Pourtant, comme l’expliquent des participants, les projets autour du tourisme ou de l’artisanat ne manquent pas : développer la broderie zemmourie et le tissage de la laine, améliorer l’offre balnéaire, promouvoir la destination, etc. Mais personne ne semble capable de les mettre en œuvre. Dernier point soulevé par les citoyens : les lacunes du secteur de l’éducation. D’après eux, les établissements publics sont mal équipés et mal gérés, avec des classes surchargées, provoquant l’essor du privé. Par ailleurs, l’absence d’offre universitaire locale pousse les jeunes à quitter la ville après le lycée.

Propositions des citoyens:

  • Résoudre le problème de déversement des eaux usées dans l’Oum Erbii qui nuit à l’environnement ;
  • Aménager un port de pêche disposant de l’équipement adéquat, de chambres froides et d’un marché ;
  • Étoffer l’offre de soin de l’hôpital local, en mettant en place davantage d’unités spécialisées disposant d’équipements et de personnel (médecins, infirmiers et techniciens), notamment en ce qui concerne la psychiatrie, l’oncologie et mettre en place un centre de dialyse ;
  • Construire davantage de dispensaires de proximité et mettre en place des services de maternité dans les quartiers périphériques ;
  • Étendre la couverture médicale des détendeurs de la carte Ramed ;
  • Mettre en place une formation continue au profit du corps médical dans les hôpitaux et les dispensaires afin d’améliorer leurs compétences techniques et leur capacité à répondre aux attentes des citoyens ;
  • Généraliser l’enseignement public et l’octroi de bourses pour les étudiants démunis, construire des nouvelles écoles et rénover les salles de classes ;
  • Subventionner les coopératives agricoles et artisanales et valoriser les produits du terroir et l’artisanat local (broderie de style zemmouri et tissage de la laine) ;
  • Mettre en place une piscine municipale, une salle de sport couverte et des terrains de proximité et en assurer la gratuité, et davantage de maisons des jeunes pour encourager les talents locaux ;
  • Soutenir les programmes de lutte contre l’analphabétisme et créer des opportunités de travail pour les personnes en situation de handicap ;
  • Structurer le secteur du transport public et lutter contre l’informel ;
  • Aménager des lieux de divertissement et des espaces verts.

100 Villes, 100 Jours : Safi

Rabia K.

Je travaille dans le milieu associatif. Nous aidons les enfants abandonnés, nous accompagnons et orientons les adolescents et nous apportons un soutien aux publics souffrant d’addictions de toutes sortes. Je suis dans ce milieu depuis quelques années et je constate avec beaucoup d’amertume le manque d’espaces dédiés au soutien des jeunes et des enfants. Nous avons le statut d’association, nous avons des gens qui veulent travailler et donner de leur temps et de leur énergie mais nous n’avons pas de local pour assurer un service d’écoute des jeunes. Nous avons frappé à plusieurs portes, mais nous n’avons rien obtenu encore. J’espère que l’Etat se décidera à dédier une partie de son foncier à des activités d’accompagnement de la jeunesse.  Nous avons aussi un problème de manque de médecins et de spécialités. Nous n’avons pas de centre oncologique et il arrive souvent qu’on ne trouve pas de médecin disponible au service d’urgences ! Dans plusieurs cas, nous sommes contraints de nous déplacer à Marrakech pour nous faire soigner. En plus de ça, il y a beaucoup de clientélisme qui règne à l’hôpital. Et puis, vous avez vu la corniche qu’ils viennent d’inaugurer en début d’année ? Des milliards dépensés pour nous mettre cette espèce de pierres rougeâtres au sol ! Les citoyens n’ont pas cessé de manifester pour exprimer leur colère et leurs suspicions.  Safi souffre également de l’exode rural et de la pollution qui émane de quelques industries. Et je veux également souligner que nous ne profitons pas suffisamment de notre poisson.  Je pense que tous ces problèmes peuvent être résolus,à condition que les gens soient beaucoup plus conscients. Les gens doivent se mettre en tête que lorsqu’ils ne votent pas, ils laissent d’autres décider à leur place !

Exploiter le potentiel de la ville et redorer son blason

En rencontrant 400 citoyens de Safi, les Indépendants ont pris toute la mesure de cette ville d’exception aux nombreux potentiels. Les participants rappellent ainsi que la cité était un haut lieu du commerce des Phéniciens et des Carthaginois, et que son histoire devrait être davantage valorisée.

Hélas, le patrimoine de la commune semble à l’abandon et son monument le plus célèbre, la forteresse Ksar El Bahr, menace de s’effondrer par manque d’entretien. Cette dégradation est d’autant plus dommageable que Safi pourrait développer un réel potentiel touristique. Il en va de même pour la poterie, qui fait pourtant la fierté des Safiotes : le savoir-faire ancestral se perd et la célèbre colline des potiers tombe en ruine.

D’après les citoyens présents, la ville est agréable mais souffre d’un déséquilibre entre le nord et le sud. Les deux parties ne se développent pas à la même vitesse et cela nuit à sa cohésion. Selon eux, cette problématique doit être prise en compte pour favoriser son essor, car depuis plusieurs années l’activité économique tourne au ralenti.

Autrefois considérée comme le principal port de pêche du Royaume, avec la sardine en produit phare, Safi est à la recherche d’un second souffle. L’industrie des phosphates et le très fort potentiel agricole de la région constituent des atouts importants que les participants voudraient voir mieux exploités. Il s’agirait ainsi de diminuer le taux de chômage en favorisant un recrutement local. Ils souhaitent pour cela encourager l’installation de nouvelles usines, en proposant par exemple une véritable zone industrielle, qui fait cruellement défaut jusqu’à présent.

Par ailleurs, des efforts sont aussi attendus au niveau de la santé. Ce domaine préoccupe particulièrement les participants, qui déplorent le manque d’équipements médicaux. Il est notamment indiqué que l’hôpital ne dispose pas d’un service d’urgences performant, ce qui nuit à son efficacité. De plus, il apparaît que les personnes handicapées et les bénéficiaires du Ramed ne peuvent pas obtenir de soins gratuits.

Enfin, les constats sont également préoccupants pour l’éducation : les écoles se sont fortement dégradées depuis de nombreuses années et le niveau de l’enseignement n’est pas du tout satisfaisant selon les familles.

Propositions des citoyens:

  • Résoudre le problème de déversement des eaux usées dans l’Oum Erbii qui nuit à l’environnement ;
  • Aménager un port de pêche disposant de l’équipement adéquat, de chambres froides et d’un marché ;
  • Étoffer l’offre de soin de l’hôpital local, en mettant en place davantage d’unités spécialisées disposant d’équipements et de personnel (médecins, infirmiers et techniciens), notamment en ce qui concerne la psychiatrie, l’oncologie et mettre en place un centre de dialyse ;
  • Construire davantage de dispensaires de proximité et mettre en place des services de maternité dans les quartiers périphériques ;
  • Étendre la couverture médicale des détendeurs de la carte Ramed ;

100 Villes, 100 Jours : Demnate

Mohamed B.

Beaucoup de choses me désolent : pas d’espaces verts, trop de marchands ambulants qui bloquent la circulation et entachent l’image de la ville, une maison des jeunes quasiment inactive, l’encombrement dans les écoles, etc. Nous avons uniquement deux lycées et aucun des deux ne propose de filières techniques.  Malheureusement, les monuments historiques ne sont pas valorisés et on ne s’en sert pas pour attirer les touristes. Comme par exemple le palais Moulay Hicham qui est abandonné. Aucun effort de sauvegarde n’a été fait ! Et même s’il y a des sites naturels dans la région, on ne fait pas d’efforts pour les mettre en valeur. On pourrait pourtant créer des circuits touristiques pour faire connaître la région.  L’hôpital de proximité est avant tout un hôpital “d’éloignement” ! Parce que lorsqu’une femme y va pour accoucher, on l’envoie directement à Kelaa Sraghna. Les bâtiments sont là, mais je pense que c’est plutôt un manque de ressources humaines. Sans parler des ambulances, pour lesquelles on te demande d’abord de payer avant de te transporter. Nous n’avons pas de projets qui créent suffisamment d’emploi pour les jeunes, alors 80% voire 90% d’entre eux quittent la ville. Ils vont à Casa ou à Tanger. Ceux qui restent tentent de travailler dans l’agriculture ou le bâtiment en tant que journaliers, de manière informelle et sans aucune stabilité. Et puis, même si la région est connue pour l’huile d’olive et l’amande, l’agriculture a besoin d’une industrie agro-alimentaire. Alors, moi par exemple, j’ai étudié ici, mais là je travaille à Marrakech de manière saisonnière, parce que je sais que si je reste ici, je ne ferai rien de ma vie.

Renforcer les effectifs médicaux et dynamiser l’économie

L’initiative 100 Villes, 100 Jours a démarré à Demnate, dans le Haut Atlas, le 2 novembre 2019. A l’occasion de cette première étape, 300 habitants sont venus échanger avec les Indépendants, afin d’évoquer la commune et son avenir. Point de rencontre entre le dir et la montagne, Demnate est une ville millénaire, réputée pour son calme, sa végétation luxuriante, ses noix, ses sites archéologiques, ainsi que sa poterie. Les Demnatis estiment être reconnus pour leur tolérance, leur vivre-ensemble et pour leur résistance face à la colonisation. Ils sont attachés à leur région et fiers de son patrimoine, mais ils regrettent le manque de dynamisme, d’équipements et d’infrastructures.

Au premier rang des problèmes soulevés, la santé est source d’angoisse pour la population. Les participants expliquent que les rares hôpitaux et dispensaires sont très mal équipés et qu’il faut souvent se déplacer dans une autre localité pour se faire soigner. De plus, certaines spécialités médicales sont absentes de Demnate, qui manque cruellement de médecins. Par ailleurs, plusieurs personnes déplorent que la carte Ramed ne soit pas prise en considération, obligeant ses bénéficiaires à payer leurs consultations ou à y renoncer.

Sur le plan économique, les citoyens soulignent le manque de projets pour développer la ville. Le taux de chômage est élevé, notamment chez les jeunes diplômés, qui doivent souvent quitter la région pour travailler. Demnate est réputée pour ses productions agricoles, telles que les piments, les noix et les amandes ou l’huile d’olive, et les participants ne comprennent pas pourquoi cela n’engendre pas plus d’activités industrielles. Même remarque pour le tourisme, qui est mal exploité par la commune, alors qu’il existe un patrimoine historique et naturel à faire découvrir. La grotte d’Imnifri et les paysages alentour sont notamment cités comme des atouts indéniables.

Autre thématique longuement abordée par les habitants, l’éducation rencontre de nombreuses difficultés. Les écoles publiques sont dépassées par le grand nombre d’élèves et la faiblesse des moyens mis à la disposition des enseignants. Tous semblent livrés à eux-mêmes. Les enfants qui viennent de loin prennent des risques en l’absence de transport scolaire, ce qui les conduit souvent à abandonner les bancs de l’école.

Propositions des citoyens:

  • Mettre à disposition plus d’ambulances et assurer leur gratuité ;
  • Équiper les hôpitaux et les dispensaires et proposer davantage de spécialités médicales ;
  • Mettre en place un centre de néphrologie et d’hémodialyse, ainsi que des laboratoires d’analyses ;
  • Aménager une zone industrielle et valoriser les produits locaux (huile d’olive, amandes, caroubiers, pommes, etc.) ;
  • Faciliter les démarches administratives pour les investisseurs ;
  • Développer le tourisme et valoriser l’héritage culturel de la région ;
  • Elargir le périmètre du transport scolaire ;
  • Construire davantage d’écoles et augmenter l’effectif des enseignants afin de faire face à l’encombrement des classes ;
  • Créer des établissements provinciaux d’enseignement supérieur pour que les jeunes poursuivent leur parcours académique à proximité de leur ville ;
  • Améliorer le système d’assainissement de la ville ;
  • Aménager des espaces verts et animer la maison des jeunes de la ville.
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