Mustapha R.
Cela fait 27 ans que je travaille dans le tourisme à M’diq et je constate que l’activité baisse d’une année à l’autre. Chaque été, on dit que celui d’avant était meilleur… Tout ça est dû à la cherté de la vie. Et puis, il n’y a pas suffisamment d’espaces de distraction et de programmes d’animation, ni une bonne qualité de services pour les touristes. Dites-moi, est-ce qu’un mois de travail est suffisant pour vivre l’année entière ? Est-ce que ça suffit à un étudiant pour subsister durant toute une année universitaire ? Est-ce que ça suffit au père de famille pour subvenir aux besoins de son foyer pendant 12 mois ?
Moi par exemple, je travaille dans le tourisme l’été et le reste du temps je travaille dans le bâtiment, ou parfois dans la pêche, d’autres fois dans le commerce et évidemment tout ça ne me garantit ni retraite ni rien du tout… Parce qu’il n’y a pas de stabilité avec ces boulots. On ne peut pas avoir de stabilité avec un changement de job tous les 3 ou 4 mois. L’autre problème que nous avons, c’est l’absence d’un cadre structuré pour le tourisme et il n’y a pas d’interlocuteur. Les portes des administrations nous sont fermées. Il faut que les responsables écoutent les professionnels pour trouver de vraies solutions. Et à ce moment-là, on pourra espérer quelque chose…
A M’diq, ce ne sont pas moins de 400 personnes qui ont pris place autour des tables de la grande rencontre organisée par les Indépendants. Très active l’été, en grande partie grâce aux touristes locaux qui viennent profiter des belles plages du Nord, la ville est très calme le reste de l’année.
Pour les citoyens, ce contraste entre les saisons déséquilibre M’diq, qui a besoin d’un modèle économique plus stable et l’activité touristique doit être enrichie pour se développer et permettre de créer des emplois tout au long de l’année.
Il en va de même pour le commerce, fragile et fortement impacté par la fermeture de Bab Sebta. Les habitants souhaitent une vision plus ambitieuse pour la ville, qui pourrait attirer davantage d’entreprises, afin de réduire le chômage et limiter les emplois précaires.
La grande majorité des participants pointe du doigt le problème de l’accès à la santé et se plaint du coût élevé des soins : médicaments, radiographies, analyses médicales, etc. Les cartes Ramed ne couvrent pas tous les frais et de nombreux citoyens ne peuvent se soigner convenablement. De plus, les services hospitaliers sont critiqués pour la qualité insuffisante de leurs prestations et pour le favoritisme qui semble y régner. Les attentes sont donc très fortes pour ce secteur vital.
Autre sujet préoccupant, le système éducatif de M’diq est signalé comme défaillant. Dans des classes souvent surchargées d’élèves, les enseignants manquent de moyens et de soutien. L’inquiétude est vive quant à l’éducation des générations futures, qui semblent vouées aux mêmes difficultés que leurs aînés.