L’Ensemble Ibn Arabi à la saison d’amour du Festival Rouhaniyet de Sidi Bou Said en Tunisie

Un concert haut en couleur marqué par des chants spirituels inouïs interprétés par l’Ensemble Ibn Arabi, dirigé par l’artiste et chercheur marocain Ahmed Khelig, a été donné jeudi soir à Sidi Bou Said (20 km au nord-est de Tunis), dans le cadre du 2è Festival de musique mystique « Rouhanyet ». Les férus de la culture soufie ont ainsi savouré les chants de cet Ensemble marocain qui a présenté un récital poignant, plongeant le public dans l’atmosphère d’un voyage sur les pas du grand mystique Ibn Arabi, qui est né à Murcie en 1165 et a séjourné à différentes reprises dans la cité spirituelle du Royaume, Fès. Les artistes ont aussi réussi à replonger les mélomanes dans un passé lointain, celui notamment de la convivialité spirituelle réussie grâce aux envoûtements, dont seul le chant soufi en possède les fulgurances. Dans une déclaration à la MAP, le fondateur du groupe qui, au cours d’études musicales approfondies, a rencontré et appris de musiciens tels que le joueur de Ney Turc, Kudsi Erguner et le quanouniste irakien Hussein Al Amir, a souligné la richesse du patrimoine musicale marocaine. Il a relevé qu’à travers ce riche répertoire présenté lors de ce festival, l’Ensemble Ibn Arabi veut mettre la lumière sur un art sublime ancré dans la société marocaine depuis des siècles. Nés dans des familles soufies de Tanger, les musiciens de l’Ensemble ont dès leur jeune âge, côtoyé les musiques et les chants du Samaa – audition spirituelle -dans les réunions de la Confrérie Seddikiya – de feu cheikh Abdellaziz Seddiq, – à laquelle ils sont encore affiliés. Pour eux, le soufisme est un engagement personnel profond dont la musique est l’efflorescence. De ces contacts vient cette coloration proprement « orientale » de la musique de l’ensemble qui en fait une formation très originale dans le paysage musical marocain. Les mélodies plaintives du Ney, les rythmes amples et profonds du Bendir, les inflexions du chant ne sont pas sans évoquer les ambiances particulières des Samaa Derviches. Prend également part à ce festival, organisé du 23 au 28 août, le groupe « gnawas de Tanger » conduit par le Maaleem Abdellah Boulkheir El Gourd. Ce rendez-vous fédérateur rassemble autour de la spiritualité, de la musique mystique, de la méditation pour la paix, une série d’activités autour d’une programmation variée et diversifiée. De par sa thématique « la saison de l’amour », l’événement se veut porteur de messages de paix et de tolérance dont l’objectif est de changer l’image d’un pays qui doit retrouver ses valeurs fondatrices. Loin du concept classique du festival, l’événement se décline en des spectacles de tariqat (voies soufies), « qoudousyet » (musiques sacrées du monde), « Sahryet » (World mystic music), « mystic vibes » (musique soufie électronique), outre des séances de méditation et de yoga, arts de la rue (happenings, calligraphies murales,) siestes avec des poètes soufis en solo instrumental et des veillées mystiques jusqu’à l’aube ouvertes gratuitement au public. Les fans de la musique profane et sacrée auront rendez-vous avec Lotfi Bouchneq dans « Fi Hadhret Allah » avec choeur et orchestre sous la direction de Abdelkarim Belgaied. Au programme figurent aussi des spectacles Stambeli de Tunisie, d' »El Borda » de Cheikh Mahmoud Al Touhemy et « Al Mawlewya El Masrya » avec Amer Al Tony. Des concerts indiens seront aussi donnés par Javed Hussain Qawwali et les « Gypsies of Rajasthan ». La clôture de ce festival sera aux couleurs de la Tunisie et de la Palestine avec respectivement « Nafass » de l’ensemble Aloes d’Alya Sallemi et « Tawbah » (le pardon) de Ramzi Aburadwen. MAP