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L’agriculture doit être le moteur de la croissance durable face à une double vulnérabilité socio-économique et écologique des milieux ruraux

jeudi, 5 octobre, 2017 -00:10

L’agriculture doit être le moteur de la croissance durable face à une double vulnérabilité socio-économique et écologique des milieux ruraux, a souligné, jeudi à Addis-Abeba, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, M. Aziz Akhannouch. « C’est le sens de la Déclaration de Maputo en 2003 » et « le constat que nous avons fait au Maroc, il y a plusieurs années », a indiqué M. Akhannouch qui s’exprimait lors d’une séance plénière dans le cadre des travaux du segment ministériel de la deuxième session du Comité technique spécialisé (CTS) de l’Union africaine (UA) sur l’agriculture, le développement rural, l’eau et l’environnement. Après avoir souligné que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a fait du développement agricole l’un des enjeux majeurs et l’un des principaux axes de la contribution du Maroc auprès de l’Afrique, lors de son Discours à l’occasion du 28è somment de l’Union Africaine, tenu en janvier dernier à Aaddis-Abeba, le ministre a indiqué que ce constat est « aussi celui de beaucoup d’autres pays africains ». Et d’expliquer que l’agriculture représente bien souvent « un potentiel sous-exploité, tant sur les plans économiques au Maroc. Le secteur représente près de 40% des emplois et génère 15% du PIB – que sociaux, dans la mesure où plus de 9 millions de Marocains dépendent directement de l’agriculture pour leur subsistance ». L’agriculture est également un secteur qui se trouve au cœur des enjeux de développement durable, a-t-il poursuivi, expliquant que la bonne gestion des sols, de l’eau et des récoltes contribue à l’adaptation et à l’atténuation des effets négatifs des changements climatiques. Fort de ces constats, le Maroc a lancé en 2008 le Plan Maroc Vert, qui s’inscrit dans la droite ligne du programme détaillé de développement de l’agriculture en Afrique, a noté le ministre, soulignant que ce plan d’investissement ambitieux s’articule autour de deux piliers à savoir, la modernisation de l’agriculture et l’investissement à haute-valeur ajoutée dans le secteur agro-industriel d’une part et le développement de la petite agriculture et l’investissement social et solidaire pour lutter contre la pauvreté agricole d’autre part. Il s’agit d’une stratégie innovante fondée à la fois sur l’adaptation aux opportunités de marché et la valorisation de la diversité agricole, écologique et humaine des terroirs », a ajouté M. Akhannouch, notant que ce plan de développement a été mis en place selon une approche résolument pragmatique centrée autour de la mise en œuvre de projets concrets. Et de noter que dix ans après son lancement, le Plan de développement agricole a vu naître plus de 600 projets bénéficiant à près de 750.000 petits exploitants. « Une approche pragmatique comme la mobilisation de tous les acteurs du développement agricole nous a permis de débloquer les investissements nécessaires à l’atteinte des objectifs du Plan Maroc Vert », a-t-il expliqué, relevant qu’au cours de ces dix dernières années, en plus de l’investissement public, les banques agricoles ont mobilisé 3,7 milliards de dollars de financement, les assureurs ont assuré plus d’un million d’hectares contre les risques climatiques et les institutions financières de développement ont investi 300 millions de dollars/an pour soutenir le Plan Maroc Vert depuis son lancement. « Ces efforts conséquents ont porté leurs fruits », a dit le ministre, relevant que que le PIB agricole du Maroc a cru de 6,9% par an de 2008 à 2016, près de 3 points de plus que le PIB national.
D’autre part, le ministre a indiqué que comme le Maroc, le continent africain est aujourd’hui confronté à un défi climatique vertigineux, expliquant que le doublement de la population africaine à horizon 2050 impose à la production agricole africaine de doubler d’ici à 2030 et de tripler à horizon 2050. « En réalité, l’agriculture est un bien commun mondial que nous devons tous œuvrer à préserver », a souligné M. Akhannouch, notant qu’un premier pas dans ce sens a été franchi à l’occasion de la COP22 tenue en novembre dernier à Marrakech, en terre africaine. Désormais, au moment de la mise en place des Accords de Paris, « il est crucial que l’agriculture africaine, et notamment les projets d’adaptation aux changements climatiques obtiennent une juste part des financements climat », a-t-il souligné. « C’est dans cet esprit que nous avons lancé l’Initiative Adaptation de l’Agriculture Africaine (AAA) », a indiqué le ministre, notant que cette initiative, soutenue par 33 pays frères, plusieurs acteurs majeurs du secteur privé, de la société civile, de la communauté scientifique et les principaux bailleurs de fonds, dont la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et la FAO, est articulée autour de deux volets, dont le premier, lié au plaidoyer et à la négociation, vise à défendre le principe d’un financement plus important au profit de l’Adaptation de l’Agriculture Africaine, alors que le deuxième porte sur le derisking et la levée de fonds pour des projets d’adaptation de l’agriculture africains en s’appuyant notamment sur quatre programmes à savoir, le gestion durable des ressources en sol, la maîtrise durable de l’eau agricole, la gestion des risques climatiques et le financement solidaire des petits porteurs de projets. Le Triple A se veut également une véritable plateforme de capacité building et d’échange de savoir sur l’agriculture résiliente aux changements climatiques, a-t-il dit, soulignant que « notre objectif avec les 33 pays qui sont avec nous, est d’attirer des financements pour soutenir des projets concrets ». Le ministre a exprimé le souhait de voir cette initiative « triple A » faire partie des grands programmes agricoles de l’union africaine et constituer « un véritable outil de défense de la cause de la l’adaptation agricole africaine ». M. Akhannouch prend part aux travaux du segment ministériel (5-6 octobre) de la deuxième session du Comité technique spécialisé (CTS) de l’Union africaine (UA) sur l’agriculture, le développement rural, l’eau et l’environnement, à la tête d’une importante délégation du secteur agricole. Cette session ordinaire du Comité qui se penchera notamment sur l’examen des rapports établis sur ces secteurs en vue d’en soumettre les conclusions au Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement prévu en janvier 2018. Au cours de cette réunion de deux jours, les ministres et responsables des départements de l’agriculture dans les pays membres de l’UA devraient examiner le rapport biennal continental sur la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo sur l’agriculture, les Contributions déterminées au niveau national (CDN) et de l’Accord de Paris sur le changement climatique ainsi que de la question des jeunes dans l’agriculture et dans la gestion des ressources naturelles. Ce segment ministériel devrait également se pencher sur l’examen du rapport ministériel sur la réunion inaugurale de ce comité, du rapport de la réunion du groupe d’experts (2-4 octobre) et des projets de déclarations et de décisions.
MAP

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