Cette semaine, la Jeunesse RNIste a lancé la diffusion d’une émission hebdomadaire intitulée « Prenez la parole ». Tour à tour, les membres de la Jeunesse RNIste se relayeront pour animer ce programme qui accueillera des jeunes de plusieurs régions du Royaume, toutes tendances politiques et idéologiques confondues. Le but étant de débattre de sujets d’actualité qui intéressent une jeunesse dynamique et ambitieuse.
Lahcen Saadi, président de la Jeunesse du parti de la colombe explique que cette émission « compte faire entendre la voix du JEUNE Marocain sur des sujets qui le concernent et constituera un lien entre le jeune citoyen d’un côté, et le responsable politique de l’autre. Il ajoute que « Prenez la parole » est un espace qui encourage les jeunes à intégrer le monde politique et qui met en exergue leurs diverses initiatives. Le but étant également de se focaliser sur les préoccupations et intérêts des jeunes, et en leur facilitant l’accès à l’information concernant une série de thématiques à débattre au sein de l’espace public.
Le premier épisode de cette nouvelle émission, sous le thème « Quelle place pour les jeunes dans les prochaines échéances électorales ? » a eu pour invités Abdallah Sibari, secrétaire général de la Jeunesse Usfpéiste, (Chabiba ittihadia) ; Nassereddine Aqil, coordinateur de l’initiative « Aji Souwet » ; Nasser Ben Hamidouch, membre du bureau exécutif de la Jeunesse itiqlalienne ; ainsi que Adil Jaouhari , membre du bureau national de la Jeunesse socialiste.
Dès le début de l’émission, Lahcen Saadi a sondé les avis des jeunes présents sur le plateau à propos du thème choisi pour le premier épisode, au vu de l’importance particulière des échéances de 2021. Celles-ci se tiendront dans une conjoncture sensible à bien des égards, compte tenu des différentes ramifications engendrées par la pandémie de la Covid-19, mais aussi des grands chantiers en attente et que les citoyens comptent bien réussir afin de pouvoir dépasser cette conjoncture difficile et aspirer à un avenir meilleur.
Lors du débat, certains considèrent que les jeunes sont réduits à une sorte de moteur que l’on exploite lors des campagnes électorales ; une catégorie plébiscitée par tous sous l’effet des slogans et des discours pendant les élections. Ils considèrent également que le rôle qui incombe aux jeunes dans la réforme et le développement, évoqué à maintes reprises par Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, ne trouve pas la voie de la concrétisation. L’exercice politique a également démontré que les jeunes n’arrivent pas à s’imposer au sein des formations politiques en tant que force de proposition et mine de compétences, à même d’assumer des responsabilités partisanes et politiques. D’autres participants, dans la même veine, ont relevé une sorte de régression concernant les nouveaux projets de lois électoraux, assurant par là même que cela risque de conduire à davantage de réticence et d’éloignement vis-à-vis de la politique.
Pour Abdallah Sibari, SG de la Chabiba ittihadia, ces interventions de jeunes participants dénotent d’une sorte de stress et d’obsession, mais cela ne reflète pas vraiment une réticence comme c’est répandu un peu partout, bien au contraire. Monsieur Sibari poursuit que bien que seuls 1% des jeunes participent à l’exercice politique au sein d’institutions partisanes, la conscience politique des jeunes est très élevée, comme ils l’ont montré à travers leurs slogans et revendications lors des manifestations du « 20 Février », ou encore dans les stades en tant qu’Ultras de clubs de football. Monsieur Sibari a appelé les acteurs politiques à assumer leur responsabilité et présenter une réponse claire à la question de la confiance, tout en facilitant l’intégration de l’action partisane, en renouvelant le discours et en utilisant les nouveaux outils de communication. « Plusieurs jeunes parlementaires ont plaidé avec abnégation pour un certain nombre de causes. Parfois, ils ont même franchi des lignes rouges, avec assurance et responsabilité », explique-t-il. Il ajoute qu’il « existe des courants qui s’opposent à ce que les jeunes aient la place qu’ils méritent, par crainte de leur fougue, de leur audace et de leur quête de vérité ». Il poursuit que c’est une crise de valeurs qui a conduit à cette réticence chez les jeunes, avec l’apparition de l’individualisme et de la subjectivité. Selon lui, les sociologues devraient se pencher sur l’étude de ce genre de situations et trouver des solutions. En revanche, il a souligné le cas de certaines jeunesses partisanes qui ont fait fi de la subjectivité et se sont rassemblées au sein de coalitions, œuvrent sérieusement pour l’intégration politique des jeunes. « Nous nous soucions de préserver les acquis. Il est vrai que le système juridique a apporté du positif, mais il ne devrait pas tenir les jeunes à l’écart de la prise de décision politique. La démocratie s’articule autour de la préservation de l’intégrité et de la transparence et met en corrélation la responsabilité et la reddition des comptes. Elle requiert aussi de croire profondément en la concrétisation des acquis et à leur amélioration. De même, elle exige la lutte contre l’expansion du populisme qui frappe les institutions de l’Etat », a ajouté le SG de la Jeunesse USFP.
Nassereddine Aqil, coordinateur de l’Initiative « Aji Souwet » trouve, quant à lui, que la position politique des jeunes est reflétée à travers leur présence au sein des institutions partisanes et la portée ou l’importance des responsabilités qui leur incombent.
« En réalité, la participation des jeunes à l’action partisane reste faible et dénote d’une incohérence chez les partis politiques quand ils traitent des sujets d’intérêt commun », déclare Monsieur Aqil, appelant ainsi les partis à être sur la même longueur d’onde que les jeunes, en usant des moyens de communication les plus populaires chez la jeunesse. Nassereddine Aqil considère que la contribution des jeunes dans la prise de décision politique devrait commencer à partir de l’âge de 17 ans pour que l’on puisse ainsi « former un jeune politiquement consciencieux et capable d’endosser une certaine responsabilité à l’avenir…Ce qui répond parfaitement aux multiples appels au rajeunissement des partis et des institutions », résume-t-il. Il insiste également sur la nécessité de faire de la lutte contre la corruption une réalité et non un simple slogan jouant sur les sentiments.
Adil Jouhari, membre du Bureau national de la Jeunesse socialiste trouve, de son côté, que c’est l’absence d’une offre politique attractive qui est derrière la réticence des jeunes à intégrer les partis politiques. Un grand débat serait nécessaire pour pouvoir donner une réponse sociétale à cette insatisfaction. « Le sujet reste figé à cause de l’absence d’un espace public avec un débat politique sans lignes rouges, ainsi que l’absence d’une structure partisane en mesure d’aborder tous les débats sociaux quel que soit son degré d’acuité. Car, même la question des jeunes et leur participation ne se pose qu’avec l’approche des élections, ce qui banalise davantage le paysage politique », ajoute Monsieur Jouhari. Pour lui, une loi, quelle qu’elle soit, a besoin d’une élite pour sa mise en exécution, en perspective d’un Maroc de justice sociale, de liberté et de démocratie. Il fait une critique du débat technique résultant de la proposition du nouvel arsenal juridique concernant les prochaines échéances électorales et explique que « lorsque les élections se réduisent à qui va être le Premier, nous les vidons ainsi de leur vraie substance » et « la comparaison entre la liste des jeunes et celle des femmes est une injustice, car les jeunes n’ont jamais revendiqué de liste nationale » poursuit-t-il.
Aujourd’hui, il devient urgent d’évaluer de manière objective l’expérience de la liste des jeunes et d’en tirer des leçons selon Monsieur Jouhari, qui considère les élections comme une échéance pour un large débat, exigeant une volonté politique. « C’est ainsi que nous aurons une société libre et démocratique, capable de faire des choix », affirme-t-il. Il conclut que la coordination entre les Jeunesses partisanes apparaît davantage à l’approche des élections, s’interrogeant sur « les raisons de l’absence de cette coordination au moment de l’arrestation de jeunes gens dans certaines villes suite à des revendications sociales ».
Nasser Ben Hamidouche, membre du bureau exécutif de la Jeunesse istiqlalienne, abonde dans ce sens et trouve que « le discours des partis tend vers le nihilisme, ce qui a constitué un blocage générationnel ». Il appelle, à son tour, à la formation d’une élite de jeunes à même de faire une distinction entre les programmes partisans, et d’en choisir les meilleurs, contribuant ainsi à la constitution d’une majorité répondant à ces aspirations. Monsieur Ben Hamidouch a expliqué par ailleurs que le faible taux de participation aux élections n’est pas lié aux partis, le problème réside plutôt dans les défaillances du système politique et l’inexistence d’un discours qui touche au fond des problèmes des jeunes. Celui-ci a appelé à ne pas sombrer dans les débats marginaux, mais de se concentrer sur les programmes politiques et de garantir la transparence des élections et la prise de décision au sein des partis politiques ainsi que le sens de la responsabilité politique directe et de rompre avec le cumul des mandats.