Le financement : un défi majeur qui entrave l’évolution de l’industrie cinématographique africaine
Hier comme aujourd’hui, la question du financement demeure le défi majeur qui entrave l’évolution de l’industrie cinématographique africaine, a souligné le président de la Fondation du Festival du cinéma africain de Khouribga (FFCAK), Noureddine Sail.
Si le cinéma africain n’arrive toujours pas à concurrencer les autres cinématographies mondiales et à s’imposer sur le marché international, c’est parce qu’il ne produit pas assez en raison du manque des fonds de financement, a déploré M. Sail dans un entretien accordé à la MAP, en marge de la 20ème édition du festival du cinéma africain de Khouribga, qui se tient du 09 au 16 septembre.
Cette question épineuse empêche de créer un marché intérieur puissant qui permet au film africain d’accéder à l’universalité, tout en préservant son identité et son originalité, a-t-il fait savoir, appelant à l’urgence de créer des structures dédiées au soutien du cinéma et à l’ouverture des salles de cinéma qui disparaissent comme une peau de chagrin.
La majorité écrasante des politiques adoptées dans ce domaine sont sans vision d’ensemble, sans continuité et sans réelle volonté, a-t-il fait remarquer, notant que le cinéma est marginalisé par « les Etats africains qui n’ont pas encore pris conscience de l’importance du 7ème art pour le développement des sociétés ».
Il a, par ailleurs, fait observer que le Maroc joue un rôle leader en matière de promotion de la culture cinématographique à l’échelle continentale, rappelant que le Royaume a été l’un des premiers pays africains ayant apporté soutien à cette filière.
Evoquant les thématiques traitées dans le cinéma africain, le critique du cinéma a estimé que les films africains sont sortis de « leur zone de confort » en abordant des sujets osés qui relèvent de la réalité africaine et peuvent même « déranger », affirmant que pour cette 20ème édition du FCAK, les organisateurs ont sélectionnés des œuvres de fonds, qui célèbrent la grandeur de l’identité africaine.
Pour ce grand homme de la cinéphilie au Maroc, le festival de Khouribga témoigne de l’existence de la cinématographique plurielle africaine. « C’est un événement qui célèbre le talent des cinéastes africains et montre que le film africain existe et qu’il a son mot à dire même en l’absence d’une vraie industrie cinématographique », a-t-il dit.
Concernant l’organisation de ce festival à Khouribga, M. Sail a relevé que ce choix n’était pas fortuit, rappelant qu’en 1977 « nous étions plusieurs personnes à dire que la culture cinématographique doit arrêter de se passer uniquement à Rabat et à Casablanca, et que les autres villes loin du centre ont également le droit d’organiser des manifestations à vocation internationale ».
A la question « pourquoi Khouribga? », M. Sail a noté que « la Fédération nationale des ciné-clubs du Maroc avait trouvé dans le ciné-club de khouribga un vrai partenaire qui a cru en ce projet, sans oublier la contribution significative de l’Office Chérifien de Phosphate (OCP) l’un des plus importants sponsors du festival qui joue pleinement son rôle ».
Ce festival, qui souffle cette année sa 40ème bougie, était et restera un événement d’envergure continentale dont l’ambition primordial est la promotion du cinéma africain, tout en faisant de Khouribga, la capitale mondiale des phosphates, le point de convergence annuelle des passionnés du film africain en provenance de tous les coins du monde.
MAP