Bougtib L.
La ville de Taourirt dépend beaucoup de nos travailleurs à l’étranger et de la contrebande. Ce sont les deux choses qui font bouger la ville en l’absence d’une vraie industrie. Et depuis que l’accès à Melilla a été restreint en 2019, le chômage a asphyxié la jeunesse de la ville.
Quelques usines d’olives, de poisson et de crevettes sont implantées dans la ville mais leurs salaires sont faibles et rares sont ceux qui sont déclarés à la sécurité sociale. A ce propos, je pense qu’il faut absolument renforcer l’inspection dans les usines pour pallier cette catastrophe.
Nous avons aussi le problème de l’encombrement des classes. Parfois le nombre d’élèves peut arriver à 45 par classe. Nous avons un vrai manque d’enseignants au niveau de l’école 20 Août et celle du quartier Nassim.
Pareil pour la santé, il y a un manque de médecins et d’infirmiers au niveau du dispensaire de proximité. Il est clairement insuffisant quand on voit toute la population qui y afflue. Alors il faut y aller à l’aube, patienter plusieurs heures et parfois tout ce qu’on peut avoir au final, c’est un agent de sécurité qui nous balance “Revenez un autre jour” ! Nous avons également besoin d’un service des urgences au niveau de la zone de Halfa et les quartiers voisins. Sinon en ce qui concerne le grand hôpital de Taourirt, il y a tellement de choses à dire qu’on ne va pas en finir. Juste un exemple, j’ai eu un client dans mon taxi qui avait un problème de vésicule biliaire en 2019, et on lui avait donné un rendez-vous pour 2021.
Un autre souci me dérange personnellement c’est l’absence de toilettes publiques dans la ville. Elles sont inexistantes !
Pour être juste, j’avoue qu’il y a eu quelques petites améliorations dernièrement à travers l’élargissement de certains passages, la construction de routes, quelques jardins aussi ont vu le jour avec des manèges pour enfants et j’espère que les choses ne vont pas s’arrêter là.
600 habitants de Taourirt se sont réunis fin janvier 2020 pour accueillir la caravane des Indépendants. Cette forte affluence reflète la volonté des citoyens de se mobiliser pour améliorer la situation de leur ville, qu’ils considèrent à l’arrêt depuis une décennie et ce, malgré la mise en place du nœud ferroviaire qui relie Nador au réseau national, en passant par Taourirt. Fiers de leur fantasia et du potentiel agricole de la région, ils espèrent de nombreux changements.
Le taux de chômage est élevé à Taourirt et touche notamment les jeunes. La situation s’est davantage dégradée avec la récente fermeture du point de passage de Melilla. Aujourd’hui, la ville compte beaucoup sur les transferts des Marocains résidents à l’étranger, lesquels ont massivement investi dans les filières de l’arboriculture et de l’oléiculture, piliers de l’économie locale. Taourirt est aussi réputée pour la couture, la broderie, ou encore la petite mécanique. Autant de secteurs qui pourraient être exploités, à condition d’encourager les investissements et de faciliter l’installation de nouvelles entreprises.
Le domaine de la santé inquiète les habitants. En effet, les équipements hospitaliers sont dans un mauvais état et les traitements sont coûteux. De plus, le manque de médecins est flagrant et il faut souvent aller se faire soigner à Oujda. Dans ce sillage, certains dysfonctionnements administratifs reviennent comme un grief récurrent et les bénéficiaires du Ramed se plaignent d’être bien mal lotis.
Par désoeuvrement, la jeunesse de la ville se tourne parfois vers la consommation de stupéfiants ou l’émigration clandestine. Elle souhaiterait pouvoir se former à de nouveaux métiers sans quitter la région. Mais le secteur de l’enseignement enregistre des défaillances majeures : le manque d’écoles et de transport scolaire rend l’apprentissage des élèves difficile et inquiète leurs parents.