Meriem B.
Le problème majeur ici c’est l’emploi ! Les jeunes souffrent ! J’ai une licence en biologie et j’ai effectué plusieurs stages mais je n’arrive pas à trouver du travail. Il y a des personnes qui ont des masters et n’arrivent pas à en trouver non plus. Parfois, on peut tomber sur une personne qui a une licence en économie et qui étale n’importe quelle marchandise dans la rue pour pouvoir se nourrir.
Les atouts ne manquent pas dans cette ville, mais ils ne sont pas bien exploités. Inezgane est un point de liaison entre le nord et le sud du pays. Ce qui remonte du Sahara et ce qui vient des villes du nord… Tout passe par là ! C’est pour ça qu’il y a au moins une bonne activité commerciale. Nous avons également l’un des plus grands marchés de gros de fruits et légumes au Maroc. Mais ceci reste insuffisant. Il faut d’autres projets et attirer d’autres investisseurs. Je pense que maintenant c’est faisable avec le projet de construction de la ligne ferroviaire entre Marrakech et Agadir.
Il y a d’autres choses qui font plaisir, comme la plateforme d’écoute et d’orientation des jeunes que Sa Majesté vient d’inaugurer. Je pense que ce sera d’une grande aide pour les chercheurs d’emploi ou ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat. Parce que même lorsqu’on est chômeur, il faut continuer à bouger, à se former, à constituer un réseau et ce genre d’espaces peut donc beaucoup aider.
Nous avons également le problème de la gare routière. Pour beaucoup de gens qui viennent d’ailleurs, cet endroit représente leur premier contact avec la ville. Et malheureusement cette gare a été négligée au point d’être dans un état catastrophique aujourd’hui. Tellement de pagaille et d’ordures autour qu’on n’ose pas trop passer à côté.
L’autre point noir que je veux évoquer, c’est la santé. J’ai passé un stage à l’hôpital et j’ai pu le constater de mes yeux. Les patients ne trouvent pas où dormir. C’est tout de même un hôpital provincial et parfois on peut trouver deux patients sur le même lit ! Chacun d’un côté ! Comment trouver du repos comme ça ? Si on a mal, on ne peut même pas se retourner! Pour moi, les établissements de santé doivent être la priorité des responsables.
Pour sa 31e étape, la caravane des Indépendants est arrivée à Inezgane, où l’attendaient 300 citoyens venus échanger sur l’avenir de leur ville. Si la cité amazighe rayonne toujours autant sur le plan commercial et grâce à son patrimoine culturel, ses habitants regrettent de ne pas en profiter pleinement. Forte de sa position géographique et de son important réseau de transport, Inezgane rêve d’un destin plus grand.
Les participants rappellent que la ville est depuis longtemps le carrefour commercial de la région. Avec ses nombreux souks, elle est une véritable plaque tournante du commerce marocain, voire africain. Pourtant, Inezgane connaît un taux de chômage en contradiction avec son potentiel et la pauvreté s’est largement installée dans ses rues. L’industrie est peu développée et les habitants, fiers de leur marché de gros, attendent plus de la transformation des produits agricoles.
La ville est décrite comme difficile à vivre, avec une circulation souvent encombrée, des routes en mauvais état et trop peu d’espaces verts. Plus généralement, ce sont les infrastructures qui sont critiquées, notamment en ce qui concerne l’eau, l’assainissement et l’électricité.
Les équipements hospitaliers sont également visés par les habitants. Selon eux, l’hôpital provincial est indigne d’un établissement de santé de ce rang. Le manque d’équipements et les dysfonctionnements liés au clientélisme sont insupportables et tous en font une priorité.
Enfin, le secteur de l’éducation n’est pas épargné. Les écoles ne sont pas assez nombreuses pour accueillir convenablement les élèves et les enseignants semblent totalement dépassés par la situation. L’absence de moyens paraît insurmontable. Dans ces conditions, et sans transport organisé, le taux d’abandon scolaire reste très élevé à Inezgane.