Azzedine E.
Je travaille et je paie mes impôts, donc quand je suis sur le chemin de mon travail, j’ai envie de sentir que je vis dans un État qui me considère. Je ne dois pas voir d’ordures, je dois trouver des jardins dans lesquels je peux m’installer et respirer de l’air pur. Et là, mon rendement pour mon pays sera meilleur. Ce genre d’équipements devrait être réalisé en tenant compte des besoins du citoyen. Il y a des jardins maintenant, mais qui y va ? Personne. Parce qu’il faut un gardien, un grillage, et que ces espaces soient bien entretenus pour qu’on ait envie d’y aller. Pourquoi on ne nous met pas de wifi dans nos jardins publics ?
En ce qui concerne les hôpitaux, il n’y a pas suffisamment d’équipements, pas d’organisation et beaucoup de monde par rapport à leurs capacités, en particulier l’hôpital Hassan II. Il y a des personnes qui viennent de loin et passent leur journées assis aux abords de l’établissement à attendre. Un mal qui s’ajoute au mal initial. Déjà, pourquoi n’y a-t-il pas un système de file d’attente avec un numéro donné à chacun, comme ça c’est clair ?
Sinon, quand on n’a pas les moyens, on ne peut pas offrir une éducation de qualité à ses enfants. Pourquoi les écoles privées ne dédieraient-elles pas quatre ou cinq places pour les élèves issus de familles défavorisées, pour qu’ils y étudient gratuitement. Ça peut être par mérite et financé en partie par des fondations. Des fois il y a deux voisins, l’un emmène son fils à la crèche le matin et l’autre est obligé de le garder désœuvré à la maison. C’est injuste et inacceptable !
Autre point : pourquoi dans certaines régions, on donne toute l’importance à une ville en particulier et pas aux autres ? Cette ville se retrouve alors avec le plus grand hôpital, le plus grand aéroport, les plus grandes facultés, et ça crée des déséquilibres.
Avant, plusieurs investisseurs s’étaient installés à Settat. Maintenant il n’y a plus d’investisseurs et plus d’emplois !
Regardez combien de facultés et d’écoles supérieures nous avons au Maroc… ça veut dire que chaque année des dizaines de milliers de personnes obtiennent leurs diplômes ! Est ce qu’il y a des opportunités pour tout ce monde là ? Non ! Alors la main-d’œuvre perd de sa valeur et les salaires ne cessent de baisser.
Même l’agriculture, ce n’est plus comme avant lorsque les superficies étaient grandes. Les terres n’ont pas cessé d’être divisées, alors maintenant, ceux qui se retrouvent avec de petites parcelles souffrent financièrement. Ils dépensent plus que ce que ça ne leur rapporte. Ça serait bien si l’Etat les soutenait pour l’achat de denrées et d’engrais.
Début février 2020, la caravane des Indépendants s’est rendue à Settat pour rencontrer plus de 600 habitants. Ces derniers ont fait part de leur fierté de vivre dans une ville historique – avec notamment la célèbre Kasbah construite par Moulay Ismail – et réputée pour son cadre de vie agréable. Son calme, ses rues sécurisées et bien tenues, ou encore ses nombreux espaces verts sont en effet cités comme des facteurs de satisfaction. En revanche, les participants évoquent une situation économique difficile depuis plusieurs années et une dégradation importante des services publics.
Ainsi, le fort taux de chômage, notamment chez les jeunes diplômés, est un réel sujet d’inquiétude. La faiblesse de la zone industrielle et le manque d’investissement nuisent au développement de Settat. Pourtant, le potentiel agricole est très important et il devrait offrir de meilleures opportunités à la commune. Mais les agriculteurs appellent à plus de soutien, à travers de nouvelles initiatives pour appuyer ce secteur essentiel. Des produits tels que la grenade Tmassine ou la menthe d’El Borouj pourraient par exemple être valorisés. De même, le fameux souk aux équidés et toutes les activités autour de l’équitation peuvent être davantage exploités.
Autre sujet privilégié durant la rencontre, le domaine de la santé est considéré comme indigne d’une telle ville. L’hôpital cristallise bien des mécontentements : mal entretenu, il manque de compétences et d’équipements d’après l’ensemble des participants. Les prises de rendez-vous sont très difficiles, et les dysfonctionnements administratifs y sont parfois dénoncés. Dans le reste de la commune, le constat est le même et les citoyens souhaiteraient davantage de dispensaires et de services dédiés aux plus démunis notamment.
Enfin, si Settat abrite de grandes institutions d’enseignement supérieur, comme l’université Hassan 1er ou la remarquable ENCG, il n’en va pas de même pour les établissements scolaires. En effet, les habitants regrettent le manque de moyens pour faciliter la scolarisation des enfants. Les classes sont en sureffectif et le transport est souvent insuffisant. Tous déplorent l’important taux d’analphabétisme dans une ville connue pour ses établissements d’enseignement supérieur.