Soumia L.
Je suis étudiante à l’université, je suis presque à la fin de mon cursus et je vous avoue que j’ai beaucoup d’appréhensions pour l’avenir. Quand je vois le marché de travail local, je me dis qu’à part créer mon propre commerce, il n’y a pas vraiment d’autres opportunités professionnelles à Beni Mellal. Je parle de vraies opportunités ! Parce qu’il arrive qu’on trouve des jobs mais avec des salaires dérisoires, voire insultants. On nous propose des salaires d’environ 1000 à 1500 dirhams, et on nous demande de travailler dur toute la journée. Faire des études supérieures pour toucher un tel salaire, je trouve que c’est inacceptable. En fait, il n’y a pas de respect des salaires minimums, surtout dans la zone industrielle. D’ailleurs, à l’exception des hypermarchés connus, rares sont les employeurs à Beni Mellal qui font travailler leur personnel dans un cadre formel, en les déclarant à la sécurité sociale.
Autre point : les travaux d’aménagement qui n’en finissent pas ! Ça fait quatre ans qu’ils refont les routes. Quatre ans qu’ils nous disent qu’ils sont en train d’arranger le paysage de la ville, mais on ne constate même pas de réels changements.
Notre région a de grands potentiels touristiques et agricoles, mais qui sont malheureusement peu exploités. Nous demandons une meilleure gestion de l’eau, un soutien aux agriculteurs et une meilleure exploitation de nos ressources naturelles pour attirer plus de touristes et créer ainsi des opportunités de travail pour la population locale.
Je pense que les problèmes sont nombreux mais malgré toutes les difficultés, il ne faut pas rester là à se lamenter et tout mettre sur le dos de la ville ou du pays. Il faut se relever, bouger et petit à petit, les résultats suivront.
Capitale régionale nichée au pied de l’Atlas, Beni Mellal fait la fierté de ses habitants. Ses richesses agricoles, sa source Ain Asserdoun et ses magnifiques paysages sont cités comme autant de qualités par les 500 participants venus accueillir la caravane des Indépendants. Ces atouts sont pourtant peu exploités et la commune connaît de nombreuses difficultés.
La ville domine la plaine du Tadla, dont la majorité des terres relève du périmètre irrigué par le barrage de Bin el Ouidane. La vue depuis le belvédère d’Afourer montre que Beni Mellal et ses environs possèdent d’importantes ressources hydriques, bénéficiant à des terres réputées pour leur agriculture : agrumes, céréales, betterave à sucre, olive, grenade, etc. Cette production, bien qu’importante, pourrait être nettement renforcée et diversifiée par l’introduction de cultures à haute valeur ajoutée.
Une meilleure valorisation des récoltes passe par l’installation d’industries agro-alimentaires et la mise en service d’un marché de gros dédié aux produits agricoles. Ce dernier, très attendu, devrait offrir plus de débouchés aux produits locaux et une meilleure rétribution de l’effort fourni par les agriculteurs.
Si le chômage reste faible dans les campagnes alentour, la ville de Beni Mellal pâtit de son faible dynamisme économique. C’est naturellement la problématique principale des citadins et en particulier des diplômés, qui sont à la fois les plus touchés et ceux qui expriment le plus leur frustration. Il est donc indispensable d’offrir des opportunités d’emploi décent, en particulier aux jeunes, en soutenant par exemple les coopératives agricoles et les initiatives liées au tourisme,et notamment le tourisme vert.
Les participants sont convaincus qu’il existe une main-d’œuvre qualifiée et compétente qui pourrait rapidement se mettre au service d’une nouvelle dynamique.
Il est urgent d’agir, car les jeunes de Beni Mellal sont en train de perdre patience et dénoncent plusieurs dysfonctionnements de gestion qui empêchent le développement de la ville. De même, plusieurs personnes s’inquiètent d’une hausse de la consommation de drogues, qui engendre un sentiment d’insécurité. Le phénomène toucherait même les écoles, où les enseignants, peu nombreux, ont du mal à faire face pour accomplir leur mission correctement. L’abandon scolaire est un véritable fléau.
La santé est l’autre grand sujet de préoccupation des participants. L’hôpital régional concentre une bonne partie des critiques : manque d’équipements, de médecins, d’infirmiers qualifiés, etc. Le favoritisme et le clientélisme, qui privent de soins les plus démunis, sont largement dénoncées. Plus généralement, la ville aurait besoin de dispensaires de qualité et de compétences pour tenir son rang de capitale régionale.