Rabia K.
Je travaille dans le milieu associatif. Nous aidons les enfants abandonnés, nous accompagnons et orientons les adolescents et nous apportons un soutien aux publics souffrant d’addictions de toutes sortes. Je suis dans ce milieu depuis quelques années et je constate avec beaucoup d’amertume le manque d’espaces dédiés au soutien des jeunes et des enfants. Nous avons le statut d’association, nous avons des gens qui veulent travailler et donner de leur temps et de leur énergie mais nous n’avons pas de local pour assurer un service d’écoute des jeunes. Nous avons frappé à plusieurs portes, mais nous n’avons rien obtenu encore. J’espère que l’Etat se décidera à dédier une partie de son foncier à des activités d’accompagnement de la jeunesse.
Nous avons aussi un problème de manque de médecins et de spécialités. Nous n’avons pas de centre oncologique et il arrive souvent qu’on ne trouve pas de médecin disponible au service d’urgences ! Dans plusieurs cas, nous sommes contraints de nous déplacer à Marrakech pour nous faire soigner. En plus de ça, il y a beaucoup de clientélisme qui règne à l’hôpital.
Et puis, vous avez vu la corniche qu’ils viennent d’inaugurer en début d’année ? Des milliards dépensés pour nous mettre cette espèce de pierres rougeâtres au sol ! Les citoyens n’ont pas cessé de manifester pour exprimer leur colère et leurs suspicions.
Safi souffre également de l’exode rural et de la pollution qui émane de quelques industries. Et je veux également souligner que nous ne profitons pas suffisamment de notre poisson.
Je pense que tous ces problèmes peuvent être résolus,à condition que les gens soient beaucoup plus conscients. Les gens doivent se mettre en tête que lorsqu’ils ne votent pas, ils laissent d’autres décider à leur place !
En rencontrant 400 citoyens de Safi, les Indépendants ont pris toute la mesure de cette ville d’exception aux nombreux potentiels. Les participants rappellent ainsi que la cité était un haut lieu du commerce des Phéniciens et des Carthaginois, et que son histoire devrait être davantage valorisée.
Hélas, le patrimoine de la commune semble à l’abandon et son monument le plus célèbre, la forteresse Ksar El Bahr, menace de s’effondrer par manque d’entretien. Cette dégradation est d’autant plus dommageable que Safi pourrait développer un réel potentiel touristique. Il en va de même pour la poterie, qui fait pourtant la fierté des Safiotes : le savoir-faire ancestral se perd et la célèbre colline des potiers tombe en ruine.
D’après les citoyens présents, la ville est agréable mais souffre d’un déséquilibre entre le nord et le sud. Les deux parties ne se développent pas à la même vitesse et cela nuit à sa cohésion. Selon eux, cette problématique doit être prise en compte pour favoriser son essor, car depuis plusieurs années l’activité économique tourne au ralenti.
Autrefois considérée comme le principal port de pêche du Royaume, avec la sardine en produit phare, Safi est à la recherche d’un second souffle. L’industrie des phosphates et le très fort potentiel agricole de la région constituent des atouts importants que les participants voudraient voir mieux exploités. Il s’agirait ainsi de diminuer le taux de chômage en favorisant un recrutement local. Ils souhaitent pour cela encourager l’installation de nouvelles usines, en proposant par exemple une véritable zone industrielle, qui fait cruellement défaut jusqu’à présent.
Par ailleurs, des efforts sont aussi attendus au niveau de la santé. Ce domaine préoccupe particulièrement les participants, qui déplorent le manque d’équipements médicaux. Il est notamment indiqué que l’hôpital ne dispose pas d’un service d’urgences performant, ce qui nuit à son efficacité. De plus, il apparaît que les personnes handicapées et les bénéficiaires du Ramed ne peuvent pas obtenir de soins gratuits.
Enfin, les constats sont également préoccupants pour l’éducation : les écoles se sont fortement dégradées depuis de nombreuses années et le niveau de l’enseignement n’est pas du tout satisfaisant selon les familles.