C’est devenu étonnamment récurrent de voir comment des personnes qui cherchent à refaire surface sur la scène politique font de l’agriculture leur porte d’entrée.
Un secteur qui se porte bien, tout comme l’herbe prospère, attire les parasites.
Mais M. Ismail El Alaoui ne peut saisir ces parallèles vu ses faibles connaissances du secteur agricole, secteur dans lequel il n’a jamais cru.
Peut-être que pour lui, le poste ministériel importait-il plus à l’époque que le portefeuille à développer.
L’auteur de fameuses déclarations comme « le Maroc n’est pas un pays agricole » ou encore « le Maroc est un pays de pastoralisme et non d’agriculture » aurait, décemment, dû s’abstenir de reparler un jour de l’agriculture en voyant les performances auxquelles le secteur est parvenu aujourd’hui : une agriculture capable de dépasser les 100 millions de quintaux de production céréalière sur une superficie pourtant réduite, avec des rendements records historiques de 23 qx/ha, une production des olives qui atteint 2 millions de T et d’agrumes qui dépasse les 2,5 millions de T.
Tout ce que ces chiffres auraient dû susciter comme constat chez l’ancien ministre est jusqu’à quel point il a été injuste envers les agriculteurs et l’agriculture, comment il a sous-estimé leurs capacités à créer de la valeur et à se moderniser et combien d’années et de potentiel ont été gâchés sous son commandement.
Si M. Ismail El Alaoui avait fait profiter le Maroc de « ses lumières » à l’époque où il était en charge du secteur, on n’aurait logiquement pas assisté à l’un des mandats les plus pauvres en résultat de l’histoire de l’agriculture marocaine avec un investissement qui n’a jamais dépassé 2 milliards de DH par an alors qu’il est en moyenne de 7,5 depuis 10 ans.
Plus, sur le total des 104 Milliards de dirhams investis dans le secteur 60% sont privés grâce à l’attractivité du secteur qui mobilise des investisseurs qui font confiance à la stratégie Plan Maroc Vert et aux territoires du pays.
Parlant de la petite agriculture qui draine aujourd’hui l’essentiel de l’investissement public, soit plus 15 Milliards de dhs sur 10 ans directement aux petits et moyens entre plantations, unités de valorisation et développement des produits de terroir. Toute une mécanique a été mise en place à l’endroit de la petite agriculture avec un ciblage pour accompagner les petits agriculteurs vers l’entreprenariat et l’investissement. Jamais autant de mécanismes socialement intégrés d’agriculture solidaire n’ont été mis en place pour permettre aux petits agriculteurs de valoriser les grands chantiers d’aménagement hydroagricoles et de l’espace agricole et de les sortir de la vulnérabilité.
Mais face à tout ce potentiel, 2 milliards de DH par an, voilà ce que le l’agriculture et le monde rural ont valu à ses yeux pour être développés.
Résultat : tout ce qu’il peut revendiquer comme bilan est un effondrement des ventes de tracteurs avec à peine 100 tracteurs par an alors qu’il s’en vend 3000 par an aujourd’hui ; un budget alloué à l’irrigation divisé par quatre et un PIB agricole qui atteignait en moyenne – grâce aux seuls efforts des agriculteurs – 60 milliards de dirhams entre 2000 et 2003, alors qu’il atteint aujourd’hui 125 milliards avec une croissance annuelle de 7% depuis 10 ans.
Les exportations, ont, elles aussi heureusement, fait un grand chemin depuis l’époque où M. Alaoui chapeautait l’un des départements les plus stratégiques du pays. Celles-ci ont évolué de 137% entre les périodes 2003/2008 et 2015/2017.
Sans oublier les années désastreuses qu’ont vécu certaines cultures comme l’olivier qui au lieu d’évoluer a vu sa production s’effondrer passant de 801.700 T en 2000 à 412.500 en 2003. Une situation dévastatrice pour les petits agriculteurs !
Pire encore, et de l’avis des observateurs à l’époque, l’ancien ministre a même gâché tous les espoirs de développement apporté par son prédécesseur Habib El Malki qui avait une vision de développement de long terme mais que M. Alaoui a choisi de mettre à la poubelle par rivalité ou par incapacité à prendre le relais.
Il est inconcevable, voire culotté, de venir aujourd’hui, avec ce lourd passif, théoriser au sujet de l’agriculture, analyser et donner des leçons.
M. Alaoui a-t-il compris le Plan Maroc Vert ? ou l’histoire de l’agriculture s’est-elle arrêtée pour lui en 2003.
Il aurait été mieux entendu sur un sujet qui traiterait des erreurs à éviter dans la gestion d’un secteur agricole ou de comment supprimer tout espoir d’essor pour un secteur à haut potentiel. Pour cela il est certainement plus qualifié et plus expérimenté pour donner des pistes.
Comment parler de développement agricole quand on l’a enterré ?
dimanche, 2 décembre, 2018 -00:12