Ayoub B.
Nous sommes fiers de l’histoire des tribus d’Ait Baâmrane et de nos ancêtres, membres de l’armée de libération et de lutte contre la colonisation. C’est sans doute la chose qui nous rend fiers de notre ville, bien qu’il y ait des insuffisances en termes d’infrastructures. Nous avons besoin d’un renouveau urbain ! On s’appuie encore sur ce qui est resté de l’époque du protectorat. Avant, nous avions un aéroport, des établissements scolaires de niveau, un terrain de sport. Aujourd’hui, on n’a même pas de terrain de proximité, le seul terrain dont nous disposions fût emporté par les inondations en 2014. Pour ce qui est de l’aspect culturel nous avons une seule salle de représentation, la salle de la Marche verte, également vestige de l’époque coloniale. Hormis le festival du cinéma et de la mer, il n’y a pas vraiment d’activités durant l’année. Pas de stations touristiques, pas de parking pour les visiteurs durant l’été, lesquels, à force de tourner en rond finissent par plier bagage ! Le parking principal à proximité de la plage doit avoir une capacité de 15 voitures maximum ! Peut-on décemment aspirer à développer le tourisme avec un parking pour 15 voitures ? Pourtant le climat est agréable et la ville paisible. Beaucoup de personnes viennent de Guelmim et d’Assa en vertu de la proximité, mais l’absence d’infrastructures conduit à une accalmie. Finalement, notre seule ressource provient de la pêche qui a connu un progrès considérable avec l’allocation d’équipements ayant beaucoup aidé les associations locales, comme par exemple les remorques bateaux. Cependant, on espère que les choses ne s’arrêteront pas en si bon chemin : agrandir le port et améliorer les standards du marché aux poissons. Le marché actuel étant vieux et petit, il manque de commerces.
Pour ce qui est de la santé, tout le Maroc souffre. Depuis la pandémie, c’est d’ailleurs le monde entier qui est en difficulté, mais Sidi Ifni manque des choses les plus simples ! Pour consulter un rhumatologue, le rendez-vous est sur quatre ou cinq mois. Il faut donc se rendre à Agadir, sur ces deniers personnels, et si tu n’en as pas, tu n’as nulle part où te soigner. La ville manque cruellement d’équipements ! Si par exemple cinq ou six femmes enceintes sont admises à l’hôpital, les suivantes n’auront plus de places et elles devront accoucher à même le sol.
On souhaiterait également avoir de nouveaux collèges et lycées pour venir à bout du problème d’encombrement des classes. Lorsque l’enseignant se retrouve avec 40 élèves, il en vient à se demander si c’est pour les instruire ou pour lever une armée !
Porte atlantique du Sahara marocain, Sidi Ifni a constitué la 73e étape de l’initiative 100 Villes, 100 Jours. En raison de la pandémie de Covid-19, la rencontre s’est déroulée par visioconférence et une centaine de participants a pu discuter via la plateforme numérique des Indépendants.
La capitale historique des tribus Aït Baâmrane fait la fierté de ses habitants, même si de nombreux problèmes se posent au quotidien. Durant la réunion, il a notamment été question des infrastructures de la ville : le réseau d’eau potable et la gestion des déchets ne sont pas satisfaisants et les citoyens espèrent de prochaines améliorations. De même, ces derniers regrettent le manque d’animation des lieux culturels, le peu d’entretien des espaces verts et l’absence d’une gare routière, qui pourrait aider au développement de la commune.
Car, pour le moment, Sidi Ifni connaît une faible activité économique et les participants pensent qu’il y a de nombreuses opportunités à saisir. Tout d’abord, la ville jouit d’un climat propice à la culture du figuier de barbarie, dont les pépins sont utilisés pour plusieurs produits cosmétiques et se vendent à un prix très élevé. En développant ce commerce, grâce à de meilleures techniques d’irrigation, la ville pourrait diversifier son économie, qui dépend essentiellement du port de pêche et du tourisme. Deux domaines qui pourraient également connaître des améliorations, selon les habitants, en soutenant davantage les coopératives et en proposant des services pour les touristes caravaniers et ceux attirés par les sports extrêmes, comme le surf ou le parapente.
Enfin, le sujet de la santé a été longuement débattu lors de la rencontre : l’absence d’un hôpital adapté à la taille de la ville et d’un service des urgences est notamment relevée par les citoyens. De plus, le peu d’équipements et de personnel médical dans l’hôpital de la ville contraint les patients à aller se soigner ailleurs. Or, le nombre limité d’ambulances et le coût du service ne permettent pas aux plus démunis d’en bénéficier.