Yassine J,
Errachidia est une ville agréable lorsqu’on pense à ces habitants. Nous nous sentons en sécurité, la vie n’est pas chère, comme c’est le cas dans bien des villes. Je souhaiterais toutefois évoquer davantage ce qui ne va pas. Il est vrai qu’à Errachidia nous avons une faculté des sciences et techniques ainsi qu’une faculté polydisciplinaire rattachée à l’Université Moulay Ismaïl de Meknès, mais c’est insuffisant. Nous avons besoin de facultés supplémentaires. Car, il n’y a pas que les jeunes d’Errachidia qui poursuivent leurs études au sein de ces Facultés : des personnes venues d’Erfoud, Rissani, Tinghir, Goulmima etc y étudient également. Il est à noter que les habitants de ces villes accordent une importance particulière à l’enseignement supérieur. Ils ont une passion pour l’éducation. Ceux qui rêvent de se spécialiser dans un domaine particulier ne ménagent aucun effort pour obtenir une inscription à Rabat ou Casablanca. Quant à ceux qui poursuivent leur enseignement supérieur à Errachidia, seules une ou deux branches vont jusqu’au Master, les autres étudiants devront donc tôt ou tard s’exiler ailleurs afin de poursuivre leurs études. Après cela, le problème qui se pose est le manque d’opportunités d’emploi pour ces jeunes diplômés. Nombre de nos jeunes ont poursuivi leurs études après l’obtention du bac et ne trouvent pas de travail. Il n’y a pas d’usines, tout le monde cherche à aller ailleurs.
Ici, les citoyens déplorent également le manque de transport. On a un bus, oui, mais il est dans un état lamentable! Nous souffrons au vrai sens du terme. Il y a des trous à l’intérieur même du bus, les portes sont bloquées avec des pierres afin d’empêcher les gens de les ouvrir. Avec la pandémie même ces bus ne passent plus, il ne reste que les taxis, loin d’être à la portée de tous.
C’est sans parler de l’hôpital Moulay Ali Cherif, qui est dans un état désastreux. Je ne pourrais même pas énumérer tous les problèmes qu’il y a tellement ils sont nombreux !
Malgré tout cela, les jeunes gardent espoir et croient en l’importance des politiques publiques dans l’amélioration et le développement de leur situation.
Autrefois appelée Ksar Es-Souk, puis renommée en l’honneur du prince Moulay Rachid, Errachidia a accueilli la 89e étape de l’initiative 100 Villes, 100 Jours, début septembre 2020. Une centaine d’habitants se sont ainsi prêtés au débat en ligne, organisé par les Indépendants, pour évoquer les enjeux de leur commune. Ils se disent fiers de la ville et de son patrimoine, composé notamment de ksours et d’oasis. Hélas, Errachidia connaît aussi des problèmes, qui nuisent au quotidien des citoyens.
Pour commencer, les participants soulignent le faible développement économique d’une localité qui a surtout une vocation administrative et militaire. L’insuffisance du tissu industriel rend la recherche d’emploi difficile et le taux de chômage les préoccupe. En l’absence d’investissements, les perspectives d’amélioration sont minces et les habitants cherchent des solutions. Selon eux, il faudrait davantage connecter la commune aux routes commerciales, en la reliant au réseau d’autoroutes ou en équipant son aéroport pour l’international. Loin des chemins de fer et des côtes, la ville est actuellement enclavée et peu attractive. En outre, certains participants proposent d’octroyer des terrains aux investisseurs pour les inciter à y développer des activités. Cela permettrait par exemple de valoriser les produits du terroir, comme les dattes, en encourageant les coopératives agricoles.
Autre sujet d’inquiétude, le secteur de la santé a occupé une bonne partie des échanges. L’hôpital provincial Moulay Ali Cherif est débordé : il a besoin de plus de moyens pour fonctionner correctement. Par ailleurs, l’absence de plusieurs spécialités médicales, ainsi que de médecins de garde, a été signalée plusieurs fois.
Le même problème se pose pour le secteur de l’éducation : les deux lycées locaux reçoivent les élèves de cinq communes voisines, provoquant leur saturation. Plus généralement, les écoles manquent de moyens techniques et humains, ce qui rend leur fonctionnement difficile. Enfin, les jeunes doivent souvent quitter la ville pour étudier, car les établissements supérieurs y sont trop peu nombreux. Un choix impossible pour bien des étudiants, qui doivent se résoudre à abandonner leurs projets universitaires, faute de moyens.