Mourad G.
Nous n’avons pas d’infrastructures publiques à la hauteur, comme les espaces verts, les parcs pour enfants ou encore les terrains de proximité. Nous avions un jardin où nous sortions souvent sur l’avenue Mohammed V, mais il a été rasé. Les terrains de proximité ont subi le même sort, le dernier en date est celui qui est en face de l’hôpital vers le quartier Oum Errabii. Et quand ils aménagent un coin, ça coûte énormément sans que le résultat ne soit satisfaisant.
La ville connaît aussi un gros problème depuis que les eaux usées commencent à être déversées du côté de l’Oued Oum Errabii. Une catastrophe environnementale ! Dernièrement on a trouvé un tas de poissons morts. Ça fait mal au cœur.
Les opportunités de travail sont rares ici. Beaucoup essaient d’en trouver dans le quartier industriel d’El Jadida alors qu’il n’arrive même pas à absorber la demande des locaux. Il faut également trouver des terrains alternatifs pour les marchés hebdomadaires.”Souk Tlat” était très actif mais ils l’ont déplacé une fois qu’ils ont vendu le terrain pour en faire un projet immobilier. Et le terrain proposé pose également des problèmes et les marchands ont été obligés de l’évacuer. Pareil pour “Souk Laghzal ».
En ce qui concerne le secteur de la santé, nous avons bien un hôpital mais nous n’avons toujours pas de santé. L’hôpital est encore neuf mais il manque d’équipements. Et le sens du service est inexistant. Sur les murs on voit des pancartes de lutte contre la corruption mais il n’y a personne pour lutter. Même une femme sur le point d’accoucher est parfois contrainte de négocier combien elle doit payer pour être prise en charge. Évidemment il ne faut pas généraliser.
Le tourisme se portait déjà mal, mais là c’est encore pire. Je ne comprends pas pourquoi on fait des travaux dans la ville pendant l’été. On creuse partout alors les gens préfèrent passer leurs vacances ailleurs. Et puis nous n’avons ni animation culturelle, ni manifestation sportive, ni rien. Azemmour est parmi les plus anciennes villes du Maroc, avec une histoire et un patrimoine qui ne sont malheureusement pas exploités.
Fin novembre 2019, les habitants d’Azemmour avaient rendez-vous avec les Indépendants, à l’occasion de la sixième étape de l’initiative 100 Villes, 100 Jours. Ce sont ainsi 400 participants qui ont pris part à cette rencontre, pour souligner notamment le potentiel économique, patrimonial et touristique inexploité de leur commune. D’après eux, cette ville, chargée d’histoire et située à proximité de plusieurs lieux touristiques, est délaissée et souffre d’une image dégradée.
Pour commencer, les citoyens déplorent l’état du secteur de la santé, que le nouvel hôpital n’a pas amélioré. Les équipements et le personnel sont très insuffisants et certains avancent de faibles niveaux de densité médicale et paRamedicale dans la ville d’Azemmour et dans toute la province. De plus, la gestion est très critiquée, avec des allégations nombreuses de mauvaise gestion et la dénonciation de faits de négligence des personnes détenant une carte Ramed. Il faut donc souvent aller se faire soigner ailleurs, mais les ambulances sont rares elles aussi.
Le sentiment de négligence est également fort au niveau économique. En dépit d’atouts touristiques et patrimoniaux indiscutables, avec sa magnifique médina ou le site d’Oued Oum Errabii, Azemmour ne bénéficie pas de dynamique d’activité suffisante. Pire encore, des édifices historiques, tels que la citadelle portugaise, la Capitainerie ou les Borjs, ne sont pas entretenus correctement.
Par ailleurs, la commune ne dispose pas de zone industrielle, ce qui ne facilite pas l’installation des entreprises et la création d’emplois. Le chômage reste donc élevé. Pourtant, comme l’expliquent des participants, les projets autour du tourisme ou de l’artisanat ne manquent pas : développer la broderie zemmourie et le tissage de la laine, améliorer l’offre balnéaire, promouvoir la destination, etc. Mais personne ne semble capable de les mettre en œuvre.
Dernier point soulevé par les citoyens : les lacunes du secteur de l’éducation. D’après eux, les établissements publics sont mal équipés et mal gérés, avec des classes surchargées, provoquant l’essor du privé. Par ailleurs, l’absence d’offre universitaire locale pousse les jeunes à quitter la ville après le lycée.